Chapitre 12 : Ryan

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Après le dialogue avec Nina à l'arrêt de bus, les cours se déroulent dans l'ensemble plutôt bien et la journée se passe de manière tout à fait banale.

À l'exception d'une chose tout à fait surprenante.

Une personne. Une fille. Une étudiante que je ne connais pas qui m'aborde.

La meilleure amie de Nina, qui, je pensais, était du côté de son amie, est venue me parler. Ou plutôt me donner quelque chose. Un papier.

Je me doutais que Nina avait une amie mais j'étais loin de penser qu'elle la mêlerait à ça.

Quoique, finalement, en réfléchissant, c'est évident.

Elle est venue me le donner en mains propres alors qu'elle aurait pu simplement trouver mon casier et le mettre dedans. Car les meilleures amies sont toujours comme ça. Capables de trouver le casier du mec qui les intéressent ou même de trouver l'adresse du coiffeur qui coupe les cheveux du gars. Du moins, c'est toujours comme ça dans les séries américaines.

Et pire que ça, elles peuvent trouver ton compte Instagram, ta propre adresse, le nom de ton chien et celui de ta maman ! 

La discussion a été pourtant rapide alors que je pensais le contraire. Pas de bonjour. Ni de salut. Juste quelques phrases. Mais ça, ce détail, je devais m'y attendre. Il y a eu juste quelques phrases d'explications de sa part. Elle ne semblait pas froide. Ni agacée. Son expression était d'une neutralité affligeante. Je pense qu'aucune blague n'aurait pu l'amuser. Je pense qu'elle est du genre à pouvoir jouer au poker et ne pas laisser transparaître qu'elle a l'as ou une mauvaise main.

J'étais accoudé à un mur à écouter de la musique quand elle s'est approchée de moi.

Elle tenait un petit carnet et un feutre noir dans les mains. Je me suis aussitôt demandé ce qu'elle pouvait bien écrire dans ce carnet. Enfin, je me suis plutôt dit qu'elle avait peut-être écrit toute une page sur moi et qu'elle venait tout simplement pour ajouter des informations à sa liste.

Ouais, c'est stupide.

Elle s'est arrêtée juste devant moi, a balayé les environs du regard comme si elle avait craint être suivie, puis elle a commencé à écrire quelque chose sur son carnet tandis que mes sourcils s'étaient haussés.

M'avait-elle confondu avec quelqu'un d'autre ? Non, impossible. Les filles sont trop malignes, trop perspicaces, trop intelligentes pour confondre deux mecs.

— Je suis pas de ton côté mais je t'accorde une chance pour te faire pardonner, m'a-t-elle expliqué.

Mes traits se sont durcis d'incompréhension.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? lui ai-je demandé en stoppant la musique qui se diffusait dans mes oreilles.

Elle a continué à écrire sur son carnet tandis que ses lèvres se sont ouvertes à nouveau pour prononcer le fameux prénom.

— Nina.

— Oh.

C'est tout ce que j'ai réussi à dire. J'en ai tout de suite conclu qu'elle était la meilleure amie de Nina.

— Sache que je ne t'apprécie pas mais je veux que Nina te pardonne parce que cette histoire est en train de la détruire à petit feu.

Sur ce, elle a déchiré un bout de son carnet et me l'a tendu avec une certaine violence. J'ai attrapé le papier avant qu'il ne tombe au sol tandis que Scarlett a tourné les talons sans me saluer, sa jupe virevoltant dans un mouvement presque majestueux.

Je me suis éloigné moi aussi avant de déplier le petit bout de papier. Une écriture claire ornait le morceau que je tenais dans mes mains tremblantes. Un numéro de téléphone figurait. Celui de Nina. Les nombres étaient accompagnés d'une phrase explicative qui était tout sauf comique.

« Appelle-là et trouve un moyen de te faire pardonner. Et ne dis pas que c'est moi qui t'ai donné son numéro sinon je me ferai un malin plaisir à faire un nœud papillon avec tes deux testicules. »

La menace a aussitôt eu un réel effet sur moi. Bon j'avoue, c'était un peu comique.

Il faut dire que j'y tiens, à mes boules.

J'ai fini la journée songeur, à méditer sur ce que je pourrais dire à Nina, au téléphone. Je me suis fait trente-six mille scénarios dans la tête, réfléchissant aux meilleures répliques pour la convaincre.

Et maintenant, je suis assis, dans mon lit, le téléphone devant moi, le numéro inscrit sur le papier dans ma main et avec la sévère envie de faire un rituel indien pour ne pas qu'elle ne me raccroche à la tronche. J'ai quelques bougies dans ma chambre, je pourrais le faire, ce rituel !

J'ai mis un papier avec l'inscription « Ne pas déranger » sur la porte de ma chambre et j'espère que mon oncle ou ma tante ne viendra pas dans ma chambre tandis que j'essaie de réparer mes erreurs.

Mes foutues erreurs de gamin. Merci, papa.

Je compose le numéro de Nina mais ne parvient pas à appeler. Mes mains sont tremblantes, mon corps entier est parcouru de frissons et mon cœur est en train d'essayer de battre tous les records du monde de battements. Dans la pénombre de me chambre, je ressens l'angoisse monter en moi comme une marée inexorable.

Mon regard se perd dans le vide, fixant l'écran lumineux du téléphone qui devient flou. Je ne distingue que les tâches lumineuses qui me font penser à des néons. Les minutes s'étirent en une éternité, et une série de pensées anxieuses tourbillonnent dans mon esprit. Mon estomac est tenté de rejeter le peu que j'ai mangé dans la journée. Le claquement sec de mes doigts contre le téléphone résonne dans ma chambre, en écho avec ma respiration frénétique et mon cœur en proie à une agitation imbattable.

Chaque son autour de moi – le tic-tac de mon horloge, le murmure lointain de mon oncle et ma tante dans la pièce principale, les voitures qui passent dans la rue – semble amplifié.

Résumé de la situation : je me mets dans tous mes états pour une fille. Je me mets dans tous mes états pour une fille que j'ai poussé à bout il y a quelques années.

Que vais-je dire au téléphone ? J'ai pourtant préparé mon discours mais j'ai terriblement peur de ne pas savoir gérer cet appel. J'ai l'impression que ma vie est en jeu et que je ne vais que savoir bégayer.

Bah, alors, Ryan, on se dégonfle ?

Stupide voix dans ma tête qui débarque quand il ne faut pas afin de m'énerver ! Je secoue la tête, priant aussi pour que cette voix idiote m'épargne le temps de l'appel. Hors de questions d'avoir des pensées bizarres ! Je souffle un coup et me rappelle la menace de l'amie de Nina. Puis j'appuie sur le bouton d'appel et prie pour que la personne à l'autre bout du fil accepte de décrocher. Et d'écouter ce que j'ai à dire.

S'il te plaît, karma, pour une fois, soit gentil avec moi !

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Does Love Need Forgiveness ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant