Black Angels

48| Qui l'aurait cru ?

Elisabeth

— Tu n'es pas obligée d'y aller, tu le sais ?

Je hoche la tête en arrangeant mon bonnet sur ma tête. Dans le miroir de la salle de bain, je peux voir le reflet de Damon, toujours allongé dans le lit, un drap froissé autour de lui. Ses yeux noirs, me suivent alors que je me prépare.

— Je sais mais j'ai envie d'y aller.

Ma voix est plus assurée que je ne le ressens. Je retourne dans la chambre, mes pas étouffés par la moquette épaisse. Mon regard se pose sur mon cuir posé négligemment sur la chaise. Aujourd'hui, je porterai celui des Devil's Disciples. Je n'ai pas envie de choisir entre les deux clubs. Je suis autant une disciple du diable qu'une Black Angel. Changer de cuir n'est pas changer mon identité.

— Ça fait longtemps que je n'y suis pas allée et j'ai appris que les enfants étaient tristes.

Damon ajuste le coussin derrière lui et se replace correctement.

— Une chose est sûre : tu seras une mère formidable pour nos enfants.

Je me fige, les mains suspendues en l'air alors que je rangeais mes affaires dans mon sac à main. Ces mots résonnent en moi, chargés de promesses et de peurs. Je ne sais pas si je pourrais avoir des enfants à l'avenir. Je ne sais pas si je serai là l'année prochaine à la même date. Damon est optimiste et ignorent les ombres qui planent autour de nous. Je peux comprendre son envie de faire comme si tout allait bien. Mais la réalité me rattrape à chaque fois qu'un peu de bonheur vient me rendre visite. Je préfère rester sur mes gardes à présent.

— Pour l'instant, je préfère m'occuper d'enfants déjà nés. On verra pour les nôtres.

Je sais que Damon veut des enfants, peut-être pas tout de suite mais un jour, je sais qu'il en voudra. Il respecte mon choix de décider le moment d'en avoir et je sais que si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais déjà craqué à l'envie de fonder une famille.

Je prends mon sac et me penche au-dessus du lit pour l'embrasser. Je m'apprête à me relever mais il me retient, ses doigts fermes mais doux autour de mon bras.

— Tu es sûre que ça va ?

Il y a une lueur de doute dans ses yeux. Je déglutis et hoche la tête. Il sait que je mens. Je le vois dans ses yeux mais je n'ai pas le choix. Je dois aller mieux. Je ne peux pas laisser les pensées négatives inonder mon cerveau.

— On se retrouve ce soir, je t'aime.

Je me redresse, quitte la chambre rapidement, échappant à la mélancolie qui menace de me rattraper. La tristesse a été mon fidèle compagnons de façon trop constante ces derniers jours. Aujourd'hui, je refuse de la laisser gagner. Je vais survivre, je vais vivre.

Alors que je me gare devant l'hôpital, je sens une excitation monter en moi. J'ai hâte de revoir les enfants, ils m'ont tellement manqué. Au pas de course, je traverse le parking, entrant dans le bâtiment d'un pas décidé. Je me dirige vers l'étage pédiatrique, saluant les infirmières d'un sourire. Mon cœur bat la chamade alors que j'atteins la salle commune. Au moment où je passe le pas de la porte, tous les visages se tournent vers moi, certains écarquillent les yeux, d'autres me jettent un regard avant de le détourner rapidement.

— Salut tout le monde, je suis également ravi de vous voir, dis-je sarcastiquement pour détendre l'atmosphère.

Je scrute un à un les visages, cherchant des yeux familiers et souriants. Je n'en trouve pas. Cependant, mon regard est rapidement attiré par un siège vide.

— Théo n'est pas encore arrivé ? demandé-je, une pointe d'inquiétude dans ma voix.

Les deux aides-soignants présents échangent un regard lourd de sens avant de secouer la tête doucement, me faisant signe de ne pas insister. Je fronce les sourcils ne comprenant pas directement avant de balayer à nouveau la pièce, m'attardant sur les visages des enfants. Certains ont les yeux rougis, d'autres baissent la tête évitant mon regard. En quelque seconde je comprends.