Forgotten Memory

XII

Alban

D'après ce que je pensais, l'accès aux clubs est réservé aux personnes en âge de majorité. Pourtant, en pénétrant dans le Metro Nightclub, une vague de panique m'envahit à la vue de plus de la moitié de mes élèves, dont je suis le professeur principal, se déhanchant sur la piste de danse ou engloutissant des verres sur le côté.

Cette chose ne représente qu'une fraction de mon étonnement, car en voyant cette chevelure d'un noir profond, je sais qu'elle est ici. J'enfile ma capuche et remonte mon pull sur ma bouche, espérant que mon aspiration à l'anonymat total fonctionne. Fuir serait une option envisageable, mais la crainte s'installe à sa vue. Près de Kate, elle semble être une marionnette, manœuvrée par les fils invisibles tissés par ces filles.

Bien qu'elle paraisse s'amuser, je reste convaincu qu'elle est en proie à une manipulation. Son état d'ivresse se manifeste alors qu'elle manque de trébucher, secourue par Kate riant à gorge déployée.

Que fout Faith dans un endroit pareil ?

Et la voilà à présent qui s'enfuit avec Steve, l'un de mes élèves. Son regard dévorant me répugne, ils se retirent vers un endroit isolé. Je m'approche, tout se déroulant à une énorme vitesse. Il l'attire à lui, la positionne et entame un baiser passionné après s'être installé entre ses cuisses. Ça me fait mal aux yeux, d'autant plus quand je vois qu'elle y prend du plaisir. Bien que Steve ait remarqué que je les observe, ça ne me fait pas détourner le regard. Il interrompt leur baiser en disant des mots qui retiennent l'attention de Faith. Elle m'a aussi remarqué.

C'est ce que j'attendais. Je me précipite vers elle, lui attrape la main et l'entraîne en dehors de cet endroit où elle n'a rien à faire. Voilà comment une élève a réussi à gâcher ma soirée.

- Monsieur Johnson? Dites-moi que tout ça est un cauchemar, murmure-t-elle une fois que nous avons quitté l'endroit.

- Pourquoi m'as-tu menti ? l'interroge-je.

Elle arque un sourcil.

- Je ne vous ai pas menti. Qu'ai-je dit pour vous contrarier ?

- Que tu es seule.

- Depuis hier, je ne suis plus seule.

Bien que je devrais me réjouir pour elle, étrangement, la satisfaction me fuit.

- Vous êtes contre mon bonheur, n'est-ce pas ? me demande-t-elle avec une pointe d'innocence, ce n'est pas sympa.

- Je ne suis pas contre ton bonheur. J'essaie simplement de te faire comprendre que c'est étrange que...

Elle m'interrompt en posant sa main sur ma bouche.

- Je ne veux pas savoir, décrète-t-elle.

- Je te propose que nous partions d'ici. Quelqu'un pourrait surgir à n'importe quel moment.

Je saisis son poignet et l'entraîne derrière moi.

- Vous voulez que je vomisse ?

Je ralentis alors le pas en la guidant jusqu'au Public Garden de Boston. Sous un saule pleureur, je l'aide à s'adosser, lui offrant une bouteille d'eau.

- Dessoûle, murmuré-je, m'asseyant à ses côtés.

La lune se reflète sur le lac devant nous. À cette heure, plus aucune personne ne flâne ici, créant une atmosphère plus agréable. Malgré le froid mordant, les bouts de mes doigts se glacent, bien que la température ne soit pas glaçiale.