XIII

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Faith

Ma tête me fait affreusement mal, submergée par une douleur souffrante, tandis qu'un poids plus que lourd pèse sur mes paupières, maintenant fermées. Même dans l'obscurité, je distingue la clarté de la pièce, il doit être déjà assez tard. Une odeur qui m'est méconnue, mais plaisante, me chatouille délicatement les narines, j'ai l'étrange impression d'être au lycée...

Je m'efforce péniblement de guider ma main vers mon visage pour tenter de libérer mes yeux de cette engourdissement. Ma bouche est pâteuse, ça me dégoûte. Lorsque j'arrive enfin à frotter mes yeux avec une lenteur démesurée, mes paupières s'ouvrent avec hésitation, révélant le plafond au-dessus de moi. Je suis étendue dans un lit étranger, dans une chambre qui n'est pas la mienne, dans une maison qui n'est vraiment pas mienne non plus...

Je me redresse brusquement, ce qui ne fait qu'exacerber la douleur qui envahit mon crâne. Quittant la chambre d'un pas déterminé, je me précipite droit vers une pièce qui semble être le salon. Prête à envisager toutes les hypothèses : enlèvement par un fou, nuit partagée avec un inconnu sous l'emprise de l'alcool, voire même une créature fantastique... Mais quand même pas lui. Pas Monsieur Johnson. Comment est ce que je peux me retrouver chez lui ?

— Il est onze heures quarante, je me demandais sincèrement si tu allais finir par te réveiller, commente-t-il, un sourire éclairant son visage.

Je ris nerveusement.

— Je suis chez vous, là ? demandé-je.

Il parcourt la pièce du regard.

— Oui, répond-il, esquissant un sourire inexplicable.

— Pourquoi est-ce que je suis ici ?

Il me regarde en arquant un sourcil.

— Parce que tu étais soûle, Faith.

Je plisse les yeux, faisant mine de réfléchir.

— Parce que tu étais en train d'embrasser Steve, aussi.

J'écarquille les yeux.

— C'est impossible, lui assuré-je.

— Enfin, crois moi, tu n'aurais pas préféré passer la nuit dehors.

— Vous auriez pu me déposer chez moi.

— Ton père était rentré, je t'ai épargné cette souffrance.

Je sors mon téléphone de ma poche d'une vitesse surprenante.

— Tu lui as déjà envoyé un message, m'informe-t-il.

— A qui ?

— A ton père.

Je reste debout devant lui. Il sait très bien qu'envoyer un message à mon père n'était pas ma véritable intention, je cherche uniquement à faire diversion, et il en est parfaitement conscient, il sait que je l'ai vu.

— Tu veux manger ? me propose-t-il.

Je secoue la tête.

— Alors, assieds-toi, dit-il en tapotant l'endroit à côté de lui sur le canapé, ne reste pas plantée là.

J'avance et prends place à ses côtés.

— Tu ne te souviens de rien ? m'interroge-t-il.

— Non, avoué-je.

— Ni même quand nous sommes partis au parc ?

— Non.

— Tu ne te rappelles vraiment de rien, Faith ? insiste-t-il, posant son regard sur moi, tu semblais pourtant y prendre plaisir.

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