Young Thug

Chapitre 1

Je passais à la musique suivante. Les trajets en voiture m'avaient toujours ennuyé et je passais le temps en regardant des vidéos ou écouter de la musique sur mon téléphone. Cette fois, j'avais lancé une playlist de rap français, celle que j'écoutais le plus souvent.

A l'avant, mes parents discutaient. Entre deux de mes chansons, j'entendais la voix d'une présentatrice d'émission sur France Inter, une émission que je trouvais sans grand intérêt.

Je relevais la tête et vis ma mère, sur le siège passager avant, se tourner vers moi. J'écartais un des côtés de mon casque. Elle me sourit :

- Ça va ?

Je répondis, presque lassé d'avoir été sorti de ma musique pour une question futile :

- Oui. On arrive bientôt ?

Elle grimaça :

- Encore deux heure. Tu n'as pas trop faim ?

- Non ça va.

Cinq heures de route au total, pour aller à Lyon visiter un ami de mon père que je ne connaissais pas. Cinq heures ce samedi, la même chose le lendemain.

Pourtant, lorsque la voiture passa le grand portail noir automatique, je retirais immédiatement ma musique. Nous avancions sur une voie en marbre blanc vers une immense demeure, aux formes carrées, blanche, des baies vitrées à chaque mur ou presque. Sur le côté, une grande piscine à l'eau turquoise qui donnait, je le devinais, sur ce qui devait être un immense jardin.

Devant l'une des deux portes du garage, une BMW Série 5, immense, noire aux vitres teintées. L'ami de mon père devait être immensément riche.

Au moment même où mon père s'arrêtait, un couple sortit de la baie vitrée à l'avant de la maison. Elle était un stéréotype de la femme ne voulant pas vieillir. La peau tirée, les lunettes de soleil grandes, le maquillage trop présent. Le résultat était cependant à la hauteur pour masquer son âge tant il était impossible de le deviner.

Lui semblait plus simple. Un polo rose pâle floqué d'un homme sur un cheval, un pantalon blanc immaculé, des chaussures claires et au poignet, une montre qui devait aisément couter le prix de la voiture de mes parents.

Elle, c'était Valérie Destamps, lui, c'était son mari Jonas Destamps. S'il avait le même âge que mon père, il était parfaitement en forme pour ses quarante-quatre ans.

Nous entrâmes et je découvris la maison dans laquelle je rêvais d'habiter. Des espaces immenses, un plafond haut, des murs blancs décorés avec goût, des meubles laqués qui devaient valoir une fortune et même une cheminée qui séparait la pièce en deux. Cette pièce justement, dans laquelle nous étions entrés, était le cœur de la maison. D'un côté de la cheminée, le salon, des canapés blancs en cuir qui entouraient une table basse en verre, surplombant quelques bibelots et une pile de beaux livres. De l'autre côté, une grande table à manger, en marbre, incrustée de pierres, et entourée de quatre chaises noires et argent.

La cuisine ouverte donnait sur cette deuxième partie, la cuisine était aussi belle que dans les catalogues. Blanc, comme le reste, un ilot central aux mêmes couleurs et tous les appareils nécessaires pour cuisiner. Bien entendu, du matériel technologique, même le four encastré dans un des meubles semblait être un objet décoratif.

Je ne pus me retenir :

- Putain...

- Adrien !

Ma mère m'avait entendu. Jonas la regarda, amusé :

- Ce n'est pas grave Emma, il n'y a pas d'oreilles chastes ici...

- Enfin la politesse quand-même, un bonjour aurait été plus appréciable !