Black Angels

59| En sécurité

Damon

Lorsque nous nous garons devant le club house des Bloods de la frontière du Mexique, je sens toute la rage et la haine que j'ai accumulées ces dernières années remonter à la surface. Elisabeth est à mes côtés, sa main dans la mienne. Je suis incapable de la lâcher depuis que je l'ai retrouvée. La voir vivante et sur ses deux jambes, elle et ma fille, m'a procuré un soulagement que je n'avais jamais connu jusqu'à ce jour.

— Buenas noches mis hermanos, (Bonsoir mes frères), nous salua le président des Bloods.

Il serre la main de Rider puis la mienne avant de hocher la tête en direction d'Elisabeth qui lui rend son signe.

— Où sont-ils ? demande Rider sans passer par quatre chemins.

— Dans le sous-sol, continue son VP d'un signe de tête vers l'entrée du club house.

Nous nous dirigeons vers la porte lorsqu'un bras me barre le passage. Je fronce les sourcils et remonte mon regard le long du bras tatoué pour tomber dans le regard du VP.

— No puede entrar, es una mujer, una extraña en nuestro club. (Elle ne peut pas entrer, c'est une femme, une étrangère à notre club.)

Sa voix est ferme et mes notions en espagnol s'arrêtent à la présentation et aux injures, je ne suis pas sûre de comprendre où il veut en venir mais son regard sur ma Régulière me fait clairement comprendre qu'il parle d'elle.

— Tu as intérêt à baisser ton bras, si tu ne veux pas finir amputé, le menacé-je.

Eli passe devant moi, lâchant ma main et se dresse face au VP.

— La mujer tiene un nombre: soy Elisabeth Maria Jones-Cole. Hija del presidente de los Devil's Disciples y sobrina de Pablo Cortes, el presidente del capítulo madre de los Bloods. (La femme a un nom : Je suis Elisabeth Maria Jones-Cole. La fille du président des Devil's Disciples et la nièce de Pablo Cortes, le président du chapitre mère des Bloods.), prononce-t-elle avec une fierté et une assurance qui n'appartiennent qu'à elle.

Elle avance, le regard levé, défiant le VP, les poings serrés le long de son corps.

— Así que si no quieres que yo mismo te castre por estorbar en mi camino, te aconsejo que te largues. (Alors si tu ne veux pas que je te castre moi-même pour avoir été sur mon passage, je te conseille de dégager.)

Je n'ai pas une seule idée de ce qu'elle peut bien lui raconter mais au vu du regard que possède le VP à cet instant, je comprends qu'il n'est plus très sûr de ses paroles. Il lance un regard à son président qui lève les bras, lui indiquant qu'il ne se mêlerait pas. Il finit par baisser la tête et reculer.

— Lo siento señora. (Je suis désolé, madame.)

Elisabeth est la première à entrer, nous la suivons de près. Nous sommes huit : Rider, Dean, Wilder, Mute, Tank, Brutus et moi-même. Le reste étant reparti vers Austin, pour être en sécurité et protéger nos clubs.

Le président des Bloods nous guide à travers les entrailles de leur club house. Nous descendons deux étages sous terre et nous commençons déjà à entendre les hurlements. Je comprends mieux pourquoi ils les ont mis aussi bas. Nous arrivons face à une scène qui me fait déjà jubiler.

Charles, Henri et Juice sont attachés à des chaises, trois de leurs hommes gisent déjà sans vie à leurs pieds.

— Junior, murmure doucement Elisabeth, brisant le silence lourd.

Son cousin, jusqu'alors concentré sur sa mission, se fige en entendant sa voix. Il se retourne lentement, et à la vue d'Eli, un soulagement se dessine sur son visage. Lâchant son couteau, il s'avance vers elle et l'enlace avec une force qui menace presque de les faire tomber.