Le reste de la journée se déroule dans une brume épaisse. Les conversations autour de moi deviennent un bruit de fond indistinct. Je fais des efforts pour garder une façade, pour prétendre que tout va bien. Mais à chaque instant, les mots de Thony me ramènent à la réalité.
«Fais attention à qui sont tes alliés.»Fernando a toujours été mon second, mon partenaire dans cette danse dangereuse qu'est notre vie. Mais maintenant, même lui semble enveloppé de mystère. Est-ce que Thony disait la vérité ? Est-ce qu'il essayait simplement de me déstabiliser ? Le doute commence à me ronger.
Sophia m'attend à la sortie du bâtiment. Elle m'adresse un sourire compatissant, mais je la salue d'un geste rapide.
— Je dois filer. On se reparle demain, ok ? dis-je, en évitant tout contact visuel.
— Ok, répond-elle, légèrement hésitante. Prends soin de toi, Aela.
Je m'éloigne rapidement, mes pas résonnant sur le trottoir humide. Les rues semblent étouffantes, comme si l'air lui-même portait le poids de mes pensées.
Une fois rentrée dans mon appartement, je m'effondre sur le canapé, la tête lourde. Le silence qui règne autour de moi semble peser sur mes épaules, amplifiant le vide qui grandit en moi. Chaque mur, chaque objet, tout me rappelle à quel point je suis seule, prisonnière de mes propres doutes. Les pensées s'entrechoquent dans mon esprit, comme un orage qui ne se calme jamais.
Je me redresse brusquement, incapable de rester en place. L'air devient oppressant, et l'immobilité insupportable. Je me dirige vers le balcon, cherchant un semblant de répit dans la nuit. Le froid mord légèrement ma peau lorsque j'ouvre la porte-fenêtre. Je sors une cigarette de mon paquet, l'allume d'un geste machinal, et tire une longue bouffée. La fumée s'élève lentement dans l'air, emportant avec elle une part de ma tension.
Mon regard se perd vers la rue en contrebas, où l'Audi noire, désormais mienne, brille sous la lumière pâle des réverbères. L'ironie me frappe en plein visage : ce bijou de technologie, symbole de richesse et de pouvoir, cache à l'intérieur quelque chose de bien plus sinistre. Je devrais nettoyer tout ça. L'intérieur... et surtout le coffre. Un léger frisson me parcourt l'échine.
Je jette un dernier coup d'œil à la cigarette à moitié consumée entre mes doigts, avant de l'écraser dans le cendrier. Plus le temps pour ça.
Je retourne à l'intérieur, attrape une veste en cuir posée sur une chaise, et enfile des bottes, avant de sortir de l'appartement. Mes pas résonnent dans la cage d'escalier, chaque écho me rappelant que la nuit est loin d'être terminée. Je descends en direction de la voiture, mon esprit déjà focalisé sur ce que je dois faire.
Je descends les marches, le bruit de mes bottes résonnant faiblement dans la cage d'escalier déserte. Chaque pas semble plus lourd, plus chargé de ce qui m'attend dehors. L'air frais de la nuit me frappe au visage lorsque j'ouvre la porte d'entrée. La rue est presque vide, silencieuse, comme si la ville elle-même retenait son souffle. Là, garée sous un réverbère vacillant, l'Audi noire semble m'attendre. Sa silhouette élégante cache la vérité.
Je m'approche, mes clés serrées dans ma main. Je glisse la clé dans la serrure et j'ouvre la portière. L'odeur métallique du sang, malgré le cuir de luxe, me rappelle ce qui s'est passé quelques heures plus tôt.
Je grimpe à l'intérieur et démarre la voiture. Le ronronnement du moteur semble étrangement calme dans la nuit. Je prends une profonde inspiration, me forçant à rester concentrée. Une station de lavage automatique est encore ouverte, à l'autre bout de la ville. Parfait. Personne ne fera attention à moi là-bas, pas à cette heure.
En roulant, mes pensées se tournent vers Thony. Ses mots résonnent encore dans ma tête :
« Fais attention à qui sont tes alliés.»Il savait quelque chose, c'était évident. Mais quoi ? Pourquoi ce dernier avertissement, à moi, alors qu'il était dans cette situation désespérée ?
Je secoue la tête pour chasser ses paroles. Ce n'est pas le moment de me laisser distraire. Il est dans l'entrepôt de Fernando maintenant, enfermé, ligoté, incapable de faire quoi que ce soit. Mais la méfiance qu'il a insinuée me ronge. Qui sont mes véritables alliés ? Je me suis toujours appuyée sur Fernando, mais... et si c'était lui que Thony me mettait en garde contre ?
Le nettoyage de la voiture ne prend pas longtemps. Je paie en liquide, m'assurant que la caméra du lavage n'obtienne rien de compromettant. Une fois le véhicule propre, je reprends la route, mes doigts crispés sur le volant. Le coffre est vide maintenant, tout comme mes réponses. Je dois découvrir ce que Thony sait, et surtout, je dois m'assurer que Fernando est encore digne de confiance.
Je gare l'Audi en bas de chez moi, mais je reste assise dans la voiture quelques instants. Les rues sont désertes, le silence pesant. Un frisson parcourt mon dos, comme si quelqu'un, quelque part, m'observait. *Paranoïa*, me dis-je en sortant de la voiture.
De retour à l'appartement, je jette un œil à mon téléphone. Plusieurs messages de Sophia me rappellent que demain, je dois être en cours. Une dissection sur les nerfs musculaires. Parfait pour disséquer aussi ce qui se passe dans ma tête.
Je prends une douche rapide, essayant de me débarrasser de la tension accumulée. Mais l'eau chaude ne peut laver les doutes qui me rongent. En m'allongeant, j'espère que le sommeil viendra rapidement, mais c'est une illusion.
Les dernières images de Thony, du sang, et cette mystérieuse mise en garde défilent encore dans mon esprit quand je ferme les yeux.
Au petit matin, je suis réveillée par Sophia qui frappe à la porte.
— Hé, t'es prête ? On a cours dans une heure !
Je soupire, émergeant difficilement de ce sommeil agité. Mes pensées de la nuit précédente me hantent encore, mais je me force à sourire.
— Oui, oui, j'arrive.
Je m'habille en vitesse et nous partons pour l'université. En classe, l'ambiance est bien différente de la nuit dernière. Les bruits des scalpels glissant sur les muscles, des murmures d'étudiants concentrés. Mais je suis ailleurs, mon esprit constamment ramené à la dernière conversation avec Thony.
Je revois son visage, son regard perçant, son avertissement. Pourquoi m'avoir prévenue ? Je n'ai rien laissé transparaître, pas un signe que je le connaissais avant ce soir-là. Mais il avait compris, d'une façon ou d'une autre.
— Aela ? Tu es avec moi ?
Sophia me tire de mes pensées. Elle me tend une pince, pointant un nerf avec précision.
— Regarde ça, c'est fascinant, non ?
Je hoche distraitement la tête, mais mes pensées reviennent rapidement à Thony et à Fernando. Qui sont mes vrais ennemis dans cette histoire ?
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Jeux de pouvoir- tome 1
RomansDans un monde où le désir et le danger se mêlent, Aela navigue entre jeux de pouvoir et séduction. Kidnappée et confrontée à des choix mortels, elle doit utiliser ses armes - tant physiques que psychologiques - pour survivre. Mais dans ce monde, la...