2015, octobre, dimanche 18, 16h47.
Le corps d'Alastor Brown gisait sur la table d'autopsie, attendant impatiemment de se faire ausculter à nouveau après une courte pause. Je remis mes gants et commençai par relever sa mâchoire déstructurée, comme sur les deux autres corps de la veille. J'avais récupéré une balle, toujours enfoncée au même endroit, à la place de sa canine inférieure droite. L'auteur du crime était sans aucune doute coupable des trois meurtres. Seulement, sous cette tête ensanglantée, au niveau du cartilage thyroïde, il n'y avait pas de Я. Ma certitude précédemment décisive tremblait face à cette nouvelle. Ce n'est pas la même personne ? Là, un non-médecin aurait pu le faire...
Je retournai le corps pour analyser la face latérale de son cou, pas la moindre trace de drogue engourdissante via une piqûre de seringue, mon avis quant à l'agresseur ne cessait de se détourner du chemin de base. Mais les coups donnés dans la mâchoire et à l'arrière de la tête ne m'ôtaient aucun doutes, la même arme avait été utilisée, ou bien une arme sœur à la première.
Je poursuivis l'autopsie en ouvrant la chaire, en pesant les organes et en prélevant salive et urine pour des analyses de laboratoire. Mon téléphone se mit à sonner à l'autre bout de la salle, là où j'avais déposé mon sac à dos, alors que j'avais encore les mains entre les entrailles d'Alastor Brown. C'est pas vraiment le moment-là. Je sortis de son corps et m'approchai de l'appareil qui s'était tût tandis que la porte s'ouvrit derrière moi.
- Je vais vomir.
Sa voix blanche s'invita dans mes oreilles, je n'eus besoin que de quelques secondes pour la reconnaître. Ses cheveux noirs assombrissaient encore plus la salle en ne laissant que ses lèvres maquillées se démarquer de n'importe quel objet présent autour de nous. Alors que je tentais de la rejoindre je me pris les pieds dans un câble et tombai les genoux en avant. Un gloussement se fit entendre à quelques pas de moi.
- Tu sais rire toi ? Aide-moi au lieu de faire la poule.
- Parle mieux gamin, m'ordonna-t-elle en croisant les bras.
- Ah c'est bon, t'es redevenu toi-même.
Je me relevai, sans son aide. Ses yeux noirs lançaient des rayons lasers à travers moi. Elle me jugeait ouvertement à l'aide de ses sourcils, sans tenter de le cacher ne serait-ce qu'un peu.
- Tu feras gaffe ça va te faire des rides si tu continues à grimacer comme ça.
- Très drôle, merci du conseil Docteur.
- Et donc, qu'est-ce que tu fais là ? T'as pas l-
- Avec toutes ses affiches, le nombre incalculable de policiers dans l'hôpital et les balles que vous avez envoyé au labo, tu dois bien être au courant de quelque chose non ? Où est Sao ? Et ne me parle pas de cet enquêteur de pacotille, souffla-t-elle en se tenant le front, je l'ai assez vu pour cette semaine.
Tandis que mes doigts laissaient s'écouler du sang sur le sol, elle prit une chaise et la mit à côté du corps, comme si elle était psychologue et lui patient, comme si elle se l'appropriait en me laissant en retrait. Elle a vu Jun ? Je pensais qu'ils ne se parlaient plus...
- Sao a disparue vendredi soir et... m'arrêtai-je en dévisageant le cadavre, trois morts suspectes sont déclarées depuis. Je voulais te contacter à ce sujet mais on dirait que tu m'as devancé...
Ses sourcils froncés ne me rassuraient pas, à vrai dire je n'avais fait que de me replacer auprès de ma victime, en enfonçant à nouveau mes mains dans cette ouverture sanglante, et sans rien faire de plus j'attendais qu'elle poursuive la conversation. Elle fixait le sol sans aucune autre émotion que de la haine, cette aura si imposante qu'elle dégageait partout où elle allait n'était enfaîte que le fruit de ce sentiment qui bousillait son coeur au fur et à mesure qu'elle vive, qu'elle expérimente.
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Les Précepteurs du Я - Âmes sentinelles (Tome I)
Mystery / ThrillerAzur n'avait jamais été aussi belle. C'était dans son esprit qu'elle se matérialisait le mieux, au point d'en perdre la tête, de sombrer dans la folie. Depuis qu'elle était partit, depuis qu'elle l'avait laissé seul dans cet hôpital, il n'avait cess...