Lamarck

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Je regarde le feux qui crépite, perdue dans mes pensées, mes doigts touchent mon pendentif en cristal en pensant à lui, toujours à lui. Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vu et chaque jour a été une torture, lui est dans la capitale, au donjon rouge devenu un repère de rats et moi à Peyredragon, cet endroit paisible, à veiller sur les enfants de Rhaenyra et à la protéger. Une larme involontaire coule sur ma joue, je ne prends même pas la peine de l'essuyer, mon regard est perdu dans les flammes, mon esprit ailleurs, comme souvent. Je me souviens de chaque sensation : ses doigts qui caressent mon épaule, sa barbe qui me chatouille le cou, la chaleur de ses lèvres sur ma nuque, un délice comme un immense tourment. Je laisse échapper un doux soupir, une autre larme salé coule de mon œil et atterri sur mes lèvres.

- Tu penses à lui n'est-ce-pas ?   La voix de Rhaenyra me sort de mes pensées, je tourne ma tête vers elle.

- Qui ?

- Ne fais pas l'ignorante avec moi, tu sais qui.

- Quelle importance ?  Elle vient à côté de moi et exerce une légère pression sur mon bras.

- C'est important, je suis désolé que nous ayons du partir, sincèrement.

- Ne le sois pas, c'est mon devoir de te protéger, là où tu vas, je vais avec toi.

- Tu as été une protectrice fidèle durant ces 33 dernières années, je te serais toujours immensément redevable.

- Ce n'est pas vrai, quand on fait son devoir on attend rien en retour.   Un petit silence s'installe avant que je reprenne la parole.   Ca fais 6 ans que je ne l'ai pas vu, 6 longues années qui ont été une agonie pour moi et le plus drôle, c'est que tout les deux, nous ne sommes rien et nous ne pourrons jamais l'être. Je suis vouée à aimer un homme que je ne pourrais avoir, les dieux sont bien cruels.

- Oui, ils sont plus souvent cruels que bons, je suppose que c'est pour cela qu'ils sont des dieux.

- Tu sais, j'y ai cru, à toute cette histoire d'âmes sœurs, les histoires que les femmes de ma famille me racontaient quand j'étais plus jeune : une personne qui viendra dans ta vie et qui chamboulera tout ce que tu crois savoir, que tu aimeras comme il n'est permis d'aimer qu'une fois dans toute une vie, que tu protégeras au péril de ta vie et avec qui tu ne pourras être séparé. Ce qu'elles ne m'ont pas dit, c'est que je ne serais pas sur de pouvoir être avec cette personne. Je ne sais vraiment pas ce que j'ai fait pour mériter une pareille souffrance, chaque matin, je me réveille et cette douleur est là, elle est toujours là et honnêtement je ne suis pas sure d'y survivre.   La princesse se met devant moi et place dans les miennes.

- Tu le reverras, sois en sûre.

- Sans doute mais est-ce que ce sera pareil, je ne suis pas sure. Nous ne pourrons jamais être ensemble et ses sentiments envers moi ne sont toujours pas certains, il ne m'aime peut-être pas ? Il est sur qu'il ne m'aime pas autant que je l'aime, c'est fou, je connais à peine cet homme et j'en suis folle, c'est très étrange n'est-ce-pas ?

- Non, ça n'a rien d'étrange parce qu'il est ton âme soeur. Tu sais, je n'y croyais pas quand tu m'en a parlé il y a 16 ans mais, à partir du moment où tu as commencé à me parler de tes rêves, et que tu l'a rencontré : les regards qui vous échangiez, les sourires timides et les rires innocents, ça ne pouvait tromper personne.

- De quoi parles-tu ?

- Du fait que toi, Elena Ravenwolf et lui, Ser Erryk Cargyll êtes profondément et entièrement amoureux l'un de l'autre.  Elle me sourit gentiment et presse mes mains dans les siennes, je lui sourit à mon tour et la prend dans mes bras.

- Rhaenyra Targaryen, je ne sais pas ce que serait ma vie sans toi.

- Je ne saurais pas ce que serais la mienne sans ma meilleure amie et ma soeur à mes côtés.   

L'amour est la mort du devoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant