Chapitre 10

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   Alors que je cours presque sur le chemin du retour, l'excitation s'empare de nouveau de moi. Je ne vais pas tarder à glisser et me ramasser, mais ça me permet de me retenir de crier à toute la rue qu'on a réussi.

   C'est pas comme s'ils n'étaient pas déjà au courant. À la seconde où Cass s'est ramenée avec les résultats et qu'elle m'a annoncée à bout de souffle qu'on était ensemble avec ma sœur dans le plus haut groupe, c'était plié. On s'est mises à dévaler les couloirs en hurlant comme des folles. Heureusement que Thomas est parti peu avant. Le pauvre aurait fini sourd.

   En réalité, c'est une chance que ça se soit bien ficelé parce qu'à côté, en plus du manque de Didi, la pluie joue sur mon moral déjà pas au top. Je n'ai rien contre l'automne, c'est une belle saison, mais qu'est-ce que l'été me manque !

   Être ensevelie sous une couche de vêtements avec les cheveux qui gonflent sans arrêt, voilà comment vont se passer les prochains mois et ça me déprime. Je ne suis pas lunatique, juste en manque de vitamine D. Sérieusement, je peux même pas checker mon téléphone pour voir si ma sœur, ma mère, Thomas, Dylan et tous ceux que j'ai voulu prévenir ont vu mon message. Sa résistance à l'eau est douteuse.

   C'est complètement trempée que j'arrive sur le seuil de chez moi. S'il y avait pas eu de vent, j'aurais au moins pu limiter les dégâts avec mon parapluie. Faut pas trop rêver. J'ôte mes chaussures autrefois blanches et les amène au lavabo, je m'en occuperai plus tard.

–         Maman, je peux prendre ton sèche-cheveux ? je crie du bas des marches.

–         Il est où le tien ?

–         T'as du le mettre en double dans la valise de Didi, je le trouve pas !

–         Et si tu rangeais mieux tes affaires au lieu de m'accuser ?

   Dialogue de sourd, j'abandonne. De toute façon, ça aurait pas arrangé mes cheveux. Mais j'ai froid, en attendant ! J'attrape un plaid du canapé et le monte énervée dans ma chambre. Oh non pitié, faites que le devoir d'anglais n'ait pas pris l'eau, il manquerait plus que ça. Avec un sac qui dégouline, je m'attends à quoi ? Les miracles font pas partie de mon quotidien.

   Mes jambes parcourent les marches deux à deux dans un ultime espoir de sauver un minimum de trucs. Merde, mon téléphone !

   Il est trempé, félicitations Ava. Le devoir est mort, lui aussi. Il tombe littéralement en lambeaux dans mes mains sans même que je lève le petit doigt. La sensation est horrible, le pire c'est qu'il va rester des morceaux sur mon tapis pendant des mois.

   En soi, il était mauvais, c'est pas plus mal pour mes pauvres yeux et oreilles qui auraient pris cher, mais résultat des courses, je vais devoir le refaire. Il faut que je prévienne Cass. Je déverrouille mon écran manuellement, même en essuyant l'appareil photo le face ID coopère pas, l'empreinte autant ne pas en parler. Mon corps lui-même est de l'eau. Au moins, le téléphone semble marcher. L'écran colle à cause de mes doigts visqueux mais tant pis, ça se rattrape.

   Malgré les gouttes d'eau qui jouent avec mon écran et mes nerfs, je parviens à atteindre ma messagerie. Dylan m'a bombardé, une dizaine de messages en majuscules. Même chose pour Cass qui ne s'est toujours pas remise. Quant à Thomas, il s'est contenté d'un « je te l'avais dit. ». Il a peur que je le bloque s'il insiste. Bien vu.

   Je leur répondrai plus tard. Ma sœur a enfin montré signe de vie, c'est le moment ou jamais de l'appeler. Comme je suis pas sûre que le son ou la caméra soient en état, je fonce sur mon ordinateur et décolle le scotch de la webcam. Let's go.

   Avant la deuxième sonnerie, la tête de ma sœur apparaît à l'écran. Waw, elle est magnifique ! Elle au moins a des boucles. J'en déduis que sa météo est plus clémente.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant