— Et tu me demandes d'intervenir parce que ça te touche personnellement, proposa le Dr Kimball pour continuer à me faire parler.
Pendant un instant, je pus presque entendre le son de la voix de mon père à ces propos.
— Bien sûr, comment ça ne pourrait pas être différent. J'ai eu la chance que mon père m'apporte son soutien et m'apprenne à me relever. Cet enfant a besoin de quelqu'un qui pourrait être cette figure pour lui et de ce que j'ai compris, son docteur actuel n'est pas la personne qui lui faut.
Ma main tremblait et je la cachais à la vue de tous en changeant de position pour m'approcher de l'écran, j'eus du mal à retenir une grimace de douleur dans mon geste, mais je ne pus empêcher mon teint de blanchir.
— Penses-tu l'être ? me demanda-t-il.
— Moi ? Non, bien sûr que non. Je n'ai ni les compétences, ni l'état physique et psychologique pour l'aider. Je comptais plus sur quelqu'un en qui on pourrait avoir confiance pour le guider.
On se tut pendant que le Dr réfléchit.
— Ecoute Mélissandre, ce que je vais te dire n'est pas simple, mais il te faut l'entendre : tu ne peux pas mettre en retrait ta santé mentale en faveur de quelqu'un d'autre, pas même un enfant. Ce qu'il arrive à cette famille est tragique, mais je ne pourrais pas m'occuper de deux cas supplémentaires, j'en suis désolé. Je n'arriverai peut-être même pas à m'occuper d'un seul cas supplémentaire...
Le visage doux et aimable du docteur se marqua de regret face à ces mots. Une vive douleur se ficha dans ma poitrine, mais je passais outre, après tout j'avais d'autres ressources.
— Je ne vous demande pas de choisir entre un enfant et moi, docteur. Je vous demande de parer au plus urgent et de faire ce qui est en votre capacité. Cette famille a plus besoin de votre aide que moi, c'est un constat simple. Je suis toujours en moyen de faire appel à un docteur dès que je rentrerai en France, sans la barrière de la langue. Je ne vous demande pas de prendre votre décision dans l'immédiat, mais d'étudier ce cas. N'intervenez que si vous le jugez nécessaire.
Le regard grave du praticien me scruta un long moment en attendant son verdict.
— Ok, voici ce que je peux te proposer en un temps si court. Envoie-moi le dossier de ce garçon, sans rien omettre. Je me doute que tu n'as pas tout raconté et je vais faire comme si je ne m'en rendais pas compte. Ce que je te propose, c'est que tu observes bien le rendez-vous que vous allez avoir cet après-midi, et si tu le juges nécessaire, tu me recontactes pour que je puisse intervenir auprès du juge. Attention, ça ne veut en rien dire que vous aurez gain de cause, mais en souvenir de ton père et parce que tu me le demandes, je veux bien faire une entorse aux règles et intervenir. Je ne te garantis pas le résultat, tu en es bien consciente ?
Un profond sentiment de soulagement s'empara de moi. Cet homme sur mon écran au reflet bleuté venait de nous donner un peu d'espoir.
— Oui, j'en ai bien conscience, répondis-je dans un sourire.
— Avant de finir, une dernière question : qu'es-tu prête à faire de ton côté pour lui venir en aide ?
Alors celle-là, si je m'y attendais ! Je ne pus m'empêcher un regard envers le titan. Il était grave, attendait sûrement que je parte en courant, j'en étais pas loin. Plus les jours passaient, plus j'avais le mal du pays, mon frère, mes amis me manquaient, la situation dans laquelle je me trouvais m'étouffait. J'avais du mal à respirer rien qu'à l'idée de ce monstre, j'avais du mal à respirer rien qu'à l'idée de passer encore une nuit dans cette chambre, dans ce bâtiment. Tout ça, ce n'était rien pourtant. J'avais le corps en compote, l'égo en miette et ce qui restait de mon cœur risquait d'être réduit en poussière, mais tout ça ce n'était rien par rapport à ce que Dyclan devait ressentir.
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What a shitty American Trip.
RomanceFrenchie a traversé un océan pour avoir des réponses, ça fait six mois qu'elle les attend et elle est bien déterminée à les avoir pour pouvoir se relever, le reste n'a plus d'importance. Phénix a soif de vengeance, ça fait deux mois qu'elle a été tu...