Chapitre 1

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LISA

Le 20 Janvier 2077

« Bonjour Lisa, le retard affiché par rapport à ton programme est de 10 minutes. Ta douche est prête, elle n'attend plus que toi. »

« Oh non, encore cinq petites minutes je t'en supplie, je suis trop fatiguée ! » Je grogne, comme chaque matin. Je suis encore dans mon lit douillet et je n'arrive pas à en sortir. Je me dis qu'il serait peut-être mieux de renoncer à ma carrière, cela me permettrait de rester au lit tous les matins, de regarder la vie passer, comme ça, tranquillement... Et puis finalement je me demande pourquoi avoir choisi ce métier, je pense également à tous mes clients fidèles et j'arrive finalement à rejoindre la salle de bain.

Elle sait quand je me lève de mauvais poil, elle me félicite alors de ne pas perdre plus de temps sur mon programme et pour me motiver, elle m'indique que ma chanson préférée est programmée pour se mettre en route lors de mon entrée dans la douche. « Merci beaucoup pour la douche chaude ! »

J'ai l'impression que le passage du lit à la salle de bain fut une véritable épreuve. Une fois à l'intérieur, je savoure ce bon moment, l'eau coule doucement sur ma peau, la chaleur me rappelle celle de ma chaude couette. Comme promis, ma chanson préférée est diffusée dans les enceintes de la douche, de quoi me redonner un peu le sourire. Je ne veux plus en sortir à présent. Entre deux chantonnements, je lui demande la température extérieure ainsi que le temps actuel. Elle me répond succinctement « -3 degrés. Il neige. » Je me surprends à râler de nouveau. De la neige... formidable ! Je n'ai plus une minute à perdre, je sors de la douche rapidement et passe ensuite entre les parois séchantes. Je n'arrive pas à croire que tout le monde utilisait une serviette réutilisable le lendemain pour se sécher auparavant ! Un passage entre les parois séchantes et en quelques secondes toutes les parties du corps sont sèches. Plutôt pratique quand on est en retard.

Une fois prête, mes Moon boots en cuir aux pieds et ma grosse doudoune sur le dos, mon café avalé, je réfléchis et je me dis que je gagnerais du temps si je prenais ma voiture. Je demande à l'IA d'activer mon alarme avant de sortir de mon appartement et descendre à toute vitesse les escaliers de mon immeuble qui me semblent interminables. Ça glisse, j'essaie de ne pas tomber, il ne manquerait plus que je me casse une jambe ! Pourquoi avoir acheté un appartement au 5ème étage ? Je me pose la question chaque matin ! Je me mets à courir pour essayer de gagner quelques minutes et j'entends « Et bin alors Mam'zelle, on est encore à la bourre ce matin ? ». Oh, il m'agace celui-là ! « Oui Jean, toujours en retard ! Bonne journée ! » je lui crie ceci en continuant de courir comme je peux vers ma voiture garée sur le parking. Jean est un voisin qui ne trouve pas d'autre occupations que de passer la journée sur son balcon au 3ème étage à regarder les personnes de l'immeuble faire leurs vies. Je ne le comprends pas, surtout qu'il neige et qu'il fait un froid de canard ! Pourquoi il ne profite pas de sa retraite pour rester au lit ? Il pourrait pourtant le faire sans culpabiliser. J'arrive enfin sur le parking où je retrouve ma voiture. Je suis déjà épuisée c'est incroyable. J'appuie sur le bouton « Start », elle ne démarre pas. « Oh non tu ne vas pas me faire ça aujourd'hui, je t'en supplie ! ». Je tente une deuxième fois, même chanson, elle ne veut pas démarrer. Après plusieurs tentatives, je ne me fais plus d'illusions : je dois me résigner à prendre le bus et perdre davantage de temps. Oh non pitié, ne me fait pas ça, surtout pas à cette heure-là ! C'est le pire horaire pour prendre ce bus, tous les adolescents se rendent au collège et crient dans tous les sens, pendant que j'essaie tant bien que mal d'émerger. C'est d'ailleurs dans ces moments-là que je me dis que mon adolescence est loin derrière moi... Je suis agacée et préoccupée par cette Tesla de 2040, ma belle voiture de collection, qui ne veut plus démarrer. Elle n'est pas toute jeune mais ce n'est pas le jour, j'ai de nombreux clients aujourd'hui ! L'arrêt de bus n'est pas à côté, me voilà obligée de marcher quelques mètres et supporter ces enfantillages insupportables. De toute manière, je n'ai pas d'autre choix, je suis déjà en retard. Je marche le plus vite possible pour ne pas le louper mais malgré tout j'ai très froid. J'ai quand même pensé à prendre mes belles moufles que mémé a cousu uniquement pour moi quelques temps avant de mourir. Mais malheureusement j'ai encore oublié mon bonnet, ce qui permet au froid d'attaquer mes oreilles. Décidément, pourvu que les clients ne soient pas trop pénibles et que les choses se déroulent correctement ! J'arrive enfin à l'arrêt de bus, transpirante et essoufflée. Les efforts de bon matin ne me réussissent pas... Le bus n'est pas encore là.

Un Point CommunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant