Chapitre 6 - PRESENT

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Shizuka se retourna en entendant la voix de Sango l'appeler. Elle avait détaché ses cheveux, qu'elle gardait généralement attaché en une queue de cheval. Son amie avait aussi enfilé un large pull, pour se couvrir du vent frisquet qui soufflait en haut de l'immeuble où elles se trouvaient.

― Tu sais, on t'a toujours trouvé très secrète, avec les filles, commença Sango en s'avançant vers l'exorciste.

Elle garda le silence quelques instants, comme si elle cherchait des mots. Shizuka apprécia l'instant, laissant le vent faire claquer ses cheveux contre son visage. Il s'engouffrait dans sa chemise, soulevant le tissu dans son dos, la faisant frissonner des pieds à la tête. Peut-être qu'elle aurait dû suivre l'exemple de Sango, et lui piquer de quoi se couvrir.

― On attendra autant de temps qu'il le faudra, mais j'espère qu'un jour, tu seras capable de nous faire assez confiance pour nous parler de toi.

― Je vous fais confiance ! répliqua Shizuka en baissant la tête. Mais c'est un peu plus compliqué que ça. Je ne veux pas vous embêter avec ça. Et je ne veux pas que vous ayez pitié de moi non plus.

― Ne confonds pas la pitié et la compassion, Shizu.

Si seulement elle s'en sentait capable. Mais c'était son passé, et son fardeau. Comment est-ce que ses amies se comporteraient si elles apprenaient la vérité au sujet des exorcistes ? Et de sa famille ? Si elle n'en avait jamais parlé, c'était surtout pour oublier qu'il avait existé.

― J'ai peur que vous... commença-t-elle à voix basse. J'ai peur que la façon dont vous me regardez change, si vous appreniez trop de choses sur mon passé.

― Je sais pas pour les autres, mais je suis bien plus ouverte d'esprit que tu as l'air de le croire, fit Sango. Fais nous confiance.

― Merci, sourit finalement Shizuka.

Elles restèrent un instant comme ça, en silence, à observer et écouter la ville. Le bruit des voitures, les piétons encore debout, partant sûrement en direction d'un nouveau bar ou pour rentrer chez eux. C'était apaisant, bien que l'air frais leur hérisser le poil à chaque seconde. Au bout de quelques minutes, Sango laissa échapper un long soupir, et resserra son pull autour d'elle.

― Je rentre la première. Je vais perdre mes doigts si je reste là. Ne tarde pas trop non plus !

Shizuka acquiesça, et attendit que son amie quitte le toit pour retourner dans son appartement. Lorsque qu'elle entendit la porte se refermer derrière elle, la jeune femme se laissa aller, et s'accroupit contre le muret devant elle, posant son front contre le béton froid. Des images lui revenaient contre son gré, serrant son cœur si fort qu'elle eût du mal à respirer.

― Ça a pas l'air d'aller, susurra une voix au dessus d'elle.

Aussitôt, l'expression douloureuse présente sur le visage de la jeune femme laissa place à de la colère. Ses sourcils se froncèrent, et sa lèvre inférieure trembla légèrement, laissant apparaître ses dents blanches.

― Il me semble t'avoir demandé de me foutre la paix, Gojo ! cria-t-elle en se relevant, les poings serrés poser sur le rebord.

Devant elle, dans le vide, l'homme se tenait debout, les mains dans les poches, toujours nonchalant. Son indifférence à sa colère l'agaça encore plus, mais elle décida de se contenir. De toute façon, qu'est-ce qu'elle pouvait faire contre lui ?

Il se mit à descendre des marches invisibles, s'approchant pas à pas de Shizuka, qui s'était détournée de lui pour passer le dos de sa main sur ses yeux. Même s'il voyait tout ce qu'il voulait, elle aurait aimé ne pas paraître aussi pathétique devant l'exorciste.

✯ P E R F E C T   E A R ✯Où les histoires vivent. Découvrez maintenant