Souls - Tome 2 - Our Lost Souls - Partie 1

7. Travis

Mars 2021

Inspire. Expire.

Je stationne devant le portail de mes parents depuis 10 bonnes minutes sans me résoudre à les passer. Ils m'ont invité à partager un repas. Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté, nous ne nous adressons la parole que lors des événements mondains. Il ne faudrait pas que leurs amis hypocrites découvrent nos problèmes familiaux.

La presse people en a déjà révélé une grande partie.

Plus j'observe la demeure, plus mes muscles se raidissent. Je pourrais faire demi-tour et m'éviter le futur désastre. Mon cœur se pince pour Maisie et Madelyn et tout le travail qu'elles ont fourni pour nous nourrir.

C'est ma seule motivation.

Je rassemble tout mon courage et ouvre les grilles grâce à la télécommande. Je gare mon véhicule directement au parking extérieur sous le regard de leur voiturier. Je ne comprends pas l'utilité d'en avoir un. Comme si leurs convives n'étaient pas capables de rouler 50 mètres de plus. L'employé m'accueille d'un simple mouvement de tête quand je passe devant lui. La demeure s'ouvre avant même que j'appuie sur la poignée.

Madelyn apparait derrière la porte en bois à l'arrière de la maison et m'invite entre ses bras. La chaleur familière de son contact m'enveloppe instantanément. L'odeur de son parfum flotte autour de nous, Coco Mademoiselle de Chanel. Un cadeau que je lui fais à chacun de ses anniversaires et chaque Noël.

— Ça me fait plaisir de te voir mon grand, souffle-t-elle avant de m'embrasser la joue.

Les rides aux coins de ses yeux se creusent un peu plus à mesure que le temps passe. Je connais cette femme depuis mon plus jeune âge. Elle travaille comme chef pour ma famille depuis des dizaines d'années maintenant. Malgré son âge avancé et l'épuisement, elle garde toujours le sourire.

— J'ai 33 ans, lui rappelé-je gentiment.

Elle a attaché et rassemblé ses cheveux grisonnants sous une charlotte jetable. Elle porte son uniforme de chef d'une blancheur immaculée alors qu'elle a probablement cuisiné toute la matinée.

Pour ma part, je me tâche à chaque fois que je prépare un repas.

Madelyn lève les yeux aux ciels et m'informe de la présence de mes parents dans le salon de réception. En plus de compter 8 chambres avec leur salle de bain, la maison dispose d'une énorme cuisine avec son sellier, d'une buanderie et d'un bureau. On y trouve également un salon privatif, en plus de celui destiné à accueillir des invités, et d'une salle à manger digne des châteaux.

— Je préfère voir Maisie avant.

Le sourire de Madelyn s'élargit à l'entente du prénom de sa fille. Cette dernière est née l'année de mes trois ans. Elle a passé la majorité de son enfance en compagnie de son père, loin de chez nous, jusqu'à ces 18 ans. Elle ne venait ici que lors des vacances scolaires. Ses parents ne pouvaient pas payer ses frais pour l'université, elle a commencé à travailler pour ma famille avec sa mère. Elle a étudié tous les cours de Marketing que j'ai suivis à Harvard et que je lui ai laissés. Elle a donc les mêmes connaissances que moi. Il ne lui manque plus que le diplôme. Je lui ai proposé un poste au sein de Publicis Corporation, elle l'a refusé. Je réitère mon offre à chaque fois que je la croise.

— Elle est dans la cuisine, mais tes parents vont me tuer s'ils te voient à l'intérieur.

— Tu sais bien que je ne les laisserais pas faire, répliqué-je.

Maisie chantonne une musique latine en remuant dans une marmite. Elle sursaute quand je pose mes paumes sur ses yeux en l'invitant à trouver mon identité.