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Samedi 3 juin 2023 – Tampa - Floride

Je m'éveille le lendemain matin, reposée comme jamais malgré les rêves érotico-romantiques que j'ai fait à propos de l'homme que je suis censée avoir oublié depuis cinq ans. Des rêves que je pensais avoir relégués au passé, mais qui refont surface dès que je retrouve cet endroit, déclenchant une cascade de sentiments que je croyais enterrés. Un sourire joyeux se glisse sur mes lèvres malgré cette pensée quelque peu déprimante, du moins pour mes hormones, qui semblent déçues de ne pas pouvoir transformer ces rêves en réalité. Je m'enfonce plus confortablement dans mon lit, soupirant d'aise. Être de retour à la maison me met de très bonne humeur.

Avec un rictus aux lèvres, je découvre un plateau garni de pancakes au chocolat et un verre de jus d'orange posé sur ma table de nuit. Un gémissement de plaisir m'échappe en croquant dans ces délicieuses pépites de chocolat. J'achève mon petit-déjeuner avant de m'étirer comme un chat. Cependant, il me manque quelque chose, du café. Vêtue du superbe tee-shirt Rolling Stones que j'ai subtilisé à Hayden il y a quelques années, je descends dans la cuisine.

La maison est baignée dans une quiétude qui me laisse deviner que les garçons doivent encore être plongés dans le sommeil ou déjà partis vaquer à leurs occupations matinales. J'incline davantage vers la première hypothèse, prête à capter à tout instant le son de leurs pas résonnant dans les escaliers, du moins pour les jumeaux, car d'Alec, aucune trace, comme s'il s'était évaporé.

Je me concocte un café, prenant place au bar tout en consultant mes réseaux. À travers mes likes sur les photos de mes amis de fac, je constate que beaucoup d'entre eux ont retrouvé le cocon familial.

Une photo captivante publiée par mon ex attire mon regard. Il semble avoir ajouté un nouveau tatouage sur sa cuisse, un de plus, et je me demande toujours où il trouve l'espace pour de nouvelles œuvres d'art sur sa peau.

Je marque ma présence en likant la photo et en laissant un petit commentaire. Mes yeux errent sur son image pendant quelques instants. Bien qu'il ait gagné en masse musculaire, son visage demeure inchangé depuis notre dernière rencontre, il y a un an, croisé par hasard dans un bar. J'étais certainement sous l'emprise de l'alcool, mais les souvenirs de ces deux orgasmes qu'il m'a procurés dans sa voiture demeurent gravés dans ma mémoire. Cet homme est véritablement habile de ses mains, et sa bouche l'est encore plus. Sans mentionner son entrejambe.

Je sursaute à l'entrée d'Alec dans la pièce. En me retournant, je découvre le brun, torse nu, vêtu seulement d'un jogging, ses cheveux encore gouttant sur ses pectoraux séduisants, révélant qu'il vient de sortir de la douche. Je détourne le regard avec peine, mordant ma lèvre, et tente de me concentrer sur mon téléphone.

— Ton petit-déjeuner était-il à la hauteur ? s'empresse-t-il de me demander.

— Parfait, il manquait juste le café, je lui fais remarquer.

— Tu bois du café maintenant ? il s'étonne en me dévisageant.

— Eh bien, oui, la caféine a sauvé mes études, je réponds en levant ma tasse.

Sa bonne humeur semble se ternir d'un coup. Il me fixe intensément, sa voix perdant sa chaleur initiale.

— À qui est ce tee-shirt ?

Je sens un frisson me parcourir alors que ses yeux scrutent le tee-shirt que je porte, ce souvenir volé à Hayden. Je tente de dissimuler le trouble dans ma voix.

— Oh, ça ? C'est juste un vieux tee-shirt que j'ai trouvé dans mon armoire.

Je mens et Alec semble le percevoir. Il s'approche lentement, le regard toujours fixé sur moi. Mes sens s'aiguisent, conscients de sa proximité.

— Ce n'est pas à toi.

Je me mords la lèvre, hésitant sur la manière de répondre. Les souvenirs de cette nuit passée à échanger des confidences avec Hayden remontent à la surface, mais je chasse rapidement ces pensées.

— Eh bien, il se trouve que je l'ai emprunté il y a quelques années... et puis, tu sais, les vieux tee-shirts sont les plus confortables, je tente de noyer le poisson.

Alec sourit, mais quelque chose dans son regard trahit un agacement persistant. Il s'approche encore, laissant un espace minimal entre nous.

— Les souvenirs peuvent être aussi persistants que le parfum.

Il murmure presque pour lui-même et j'ai des difficultés à entendre cette dernière phrase. Je détourne le regard, submergée par un mélange de gêne et de nostalgie.

— En tout cas, si tu as besoin d'un autre vieux tee-shirt pendant ton séjour, n'hésite pas à demander.

Il quitte la pièce sans un mot. Je reste là, les pensées en ébullition, tandis que la porte se referme derrière lui. La présence d'Alec ramène à la surface des émotions que je pensais avoir laissées derrière moi. Entre les souvenirs du passé et les mystères du présent, cette maison semble être le décor d'une histoire encore inachevée.

Je termine mon précieux breuvage et remonte dans ma chambre pour m'habiller, laissant un mot pour Eden et Ezra qui dorment encore. « Je suis partie à la salle, je serai de retour vers 13 h. Love, Swan. »

— Tu vas où ? demande-t-il, interceptant ma sortie.

— À la salle.

— Dans cette tenue ?

Je regarde mon legging et ma brassière de sport. Rien de particulier. Je fronce les sourcils, surprise par la réaction d'Alec à ma tenue de sport plutôt banale. Ses yeux fixent ma silhouette avec une intensité qui me met mal à l'aise.

— Quoi, ça pose un problème ?

Il croise les bras, son regard exprimant un mélange de désapprobation et de quelque chose que je ne peux pas tout à fait définir.

— C'est juste que... c'est assez... sexy

Encore ce mot sexy. Deux fois en deux jours alors qu'il ne m'a jamais qualifié de la sorte auparavant. Même si je ne peux pas me l'avouer, mon moi intérieur danse la lambada à l'idée que celui qu'il désire me trouve attirante. Malgré ça, je lève un sourcil, ne comprenant pas totalement où il veut en venir.

— Sexy ? C'est un legging et une brassière de sport, pas une robe de soirée.

Alec soupire, comme s'il essayait de trouver les mots justes sans exacerber la situation.

— Swan, tu sais bien que la salle de sport n'est pas seulement remplie de femmes, il y a aussi des gars qui y vont. Et... tu risques d'attirer l'attention.

Je plisse les yeux, commençant à comprendre le fond de sa préoccupation.

— Attirer l'attention ? Alec, je vais à la salle pour faire du sport, pas pour trouver un rendez-vous.

Il lève les mains en signe d'apaisement bien qu'il ne l'est pas du tout comme en témoigne sa mâchoire qui tressaute.

— Je sais, je sais. C'est juste que... je ne veux pas que tu attires le genre d'attention que tu pourrais regretter.

Un mélange de frustration et d'incompréhension flotte dans l'air. Je le regarde un instant avant de secouer la tête, décidée à ne pas laisser cette petite dispute perturber ma journée.

— Je vais quand même à la salle, Alec, et dans cette tenue.

Il laisse échapper un soupir résigné, comprenant que la discussion est close. Alors que je m'éloigne, je ne peux m'empêcher de penser que nos différends ne se limitent pas seulement à des malentendus vestimentaires, mais reflètent les complexités sous-jacentes de notre relation.

— Attends Swan ! il me hèle. Je t'emmène, je dois y aller aussi. 

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant