Chapitre 2 - Victoria

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Cela fait un bien fou de retrouver ses repères ! Tomas m'avait manqué. Je ne suis revenue qu'hier de chez ma famille et je n'ai pas pris le temps d'aller le voir avant ce midi. J'étais certaine de le trouver sur le terrain de basket. C'est un peu comme sa seconde maison. Ce sport, c'est sa raison de vivre.

Je ne le dérange pas plus que ça, de toute façon quand il est en action plus rien ne compte réellement, alors je me satisfais de son étreinte et rejoins mon banc fétiche pour l'observer jouer.

— Salut ! lancé-je à l'inconnu occupant celui-ci.

Je crois entendre un salut en retour, mais j'ai comme un doute. Peut-être est-ce simplement une vue de mon esprit trop poli qui s'imagine une réponse. Je tente néanmoins d'engager une conversation.

— Tu sais que c'est mon banc ici ?

OK, je m'y prends mal, très mal.

Je le découvre s'affoler en regardant autour de lui comme pour rechercher quelque chose qu'il n'aurait pas repéré et je m'en veux d'avoir déclenché ce type de réaction chez lui.

— Eh, déstresse, je rigole. Mon nom n'est pas marqué dessus, lui glissé-je avec un sourire aux lèvres apposant ma main sur son genou.

Ses yeux me parcourent perplexes, alternant entre mon visage et sa jambe, sans jamais accrocher mes pupilles. Il ne fait que naviguer sans point d'ancrage, comme perdu au milieu d'un tourbillon d'émotions.

— Oups, pardon, effectivement, ce n'était pas nécessaire, balbutié-je en m'empressant de retirer mes doigts de la surface de son jean.

Ce mec ne semble définitivement pas bavard. Je ne sais même pas s'il a une langue finalement. Et en plus, je l'ai mis mal à l'aise. Quelle cruche !

Je m'adosse contre les lattes de bois, remonte mes genoux sur l'assise que j'entoure de mes mains. Le regard fixé sur les basketteurs, j'enchaine néanmoins pour tenter de repartir sur de bonne base :

— J'étais juste surprise de trouver quelqu'un sur ce banc. Enfin, en tout cas quelqu'un qui n'est ni un joueur ni Mady.

— Hum.

— Je t'ai jamais vu dans le coin, je me trompe ?

— Je suis nouveau.

— Ceci explique cela. Bienvenue alors. Moi c'est Victoria, lui annoncé-je en tendant ma paume vers lui.

Timidement, il enserre mes doigts qu'il agite d'un mouvement peu assuré.

— Damien.

— Enchantée.

Un silence s'installe, et cette fois, je n'ose pas l'interrompre. Cet étudiant dégage une atmosphère mystérieuse que je respecte, même si ma curiosité aimerait en savoir davantage. Juste au cas où je ne le revois pas sur le campus, disparaissant dans la masse d'élèves.

Outre son physique, qui, je dois l'avouer, correspond à merveille à mes préférences, son aura me fascine. Quelque chose émane de son être et m'attire irrémédiablement vers lui, comme magnétisé. Un besoin presque malsain de vouloir le percer m'envahit, bien que je ne le connaisse que depuis quelques minutes à peine. Il devient rapidement dans mon esprit le mystère à résoudre.

Je l'observe à la dérobée tandis qu'il est absorbé par mes amis sur le terrain. Quelque chose me dit que je le recroiserai à coup sûr, comme une intuition. L'envie suinte à travers les pores de sa peau. Sa concentration se lit sur les traits sérieux de son visage, ainsi qu'à sa lèvre, qu'il mord avec un charme certain, quand une action est sur le point de se conclure par un panier. Ses lunettes noires subliment ses iris verts que j'aimerais voir se fixer aux miens. Si je peux observer leur couleur, je n'ai pas encore eu le privilège de pouvoir m'y plonger. Son regard fuyant ne s'arrête jamais sur le mien.

Sa tignasse, de quelques centimètres, me rappelle la mienne de par sa teinte similaire et lui confère un style semi-négligé, tout à fait à mon goût. Même avachi sur le banc qui tremble sous les mouvements de ses longues jambes, je soutiens que sa taille me surplombe, bien que je fasse partie des nanas les plus grandes du campus, avec mon mètre soixante-quinze.

— Hey Vic », m'interpelle Mady, ma meilleure amie.

— Mad ! Je t'attendais !

Je saute de ma place pour la rejoindre, abandonnant ma contemplation.

— Salut Damien, glissé-je à son attention. J'espère qu'on se reverra !

Seul un « hum » me fait office de réponse. Je ne sais pas à quoi je m'attendais venant de sa part, mais je suis sincère : je veux le revoir. Je me promets que la prochaine fois, nos conversations seront plus fournies.

D'un dernier regard, je constate que le sien n'a pas dévié. J'attrape Mady par le bras et nous prenons la direction de notre prochain cours.

— C'était qui ?

— Qui ?

— Le mec avec toi ! Je savais pas que...

— Hop hop, je t'arrête. Je viens seulement de le rencontrer.

— « J'espère qu'on le reverra », susurre-t-elle en se moquant ouvertement.

— Oh, ça va hein !

Et nous rigolons de bon cœur. Nous aimons nous charrier, alors elle ne loupe aucune occasion. Surtout sur ce sujet-là.

— Bon alors, tu es prête pour les auditions ? me demande-t-elle.

— Comment ça ? Quelles auditions ?

— Roh, t'as rien écouté de ce que je t'ai dit hier toi !

— Désolée, mais hier, je rentrais à peine, alors ouais, j'étais ailleurs. Normal. Et puis bavarde comme t'es ! me marré-je.

— OK, OK. Je te la refais. Cette semaine, faut qu'on organise les sélections des prochaines cheerleaders.

— Ola, ola ! me dédouané-je. C'est toi la capitaine. Moi, je ne suis obligée de rien.

— Si ! Bien sûr que si ! Tu es ma meilleure amie alors tu feras ce que je te dis.

— Je suis dispensée d'épreuves ?

— Ça fait du favoritisme non ?

— Alors, oublie-moi.

— Allez, Vic », tu sais que même si tu te foires, je te garde. Un petit sourire et je te prends !

— Et puis d'abord, pourquoi on élit pas une nouvelle capitaine d'abord ? C'est un peu injuste, ça aussi ?

— Privilège d'être capitaine. Tant que j'ai mon poste et que personne ne me destitue, j'aurais toujours ma place.

— Et après, c'est toi qui me parles de favoritisme.

— Tu veux qu'on revienne sur l'homme mystérieux à qui tu fais les beaux yeux ?

— Les beaux yeux ? Moi ? Jamais !

— Oh allez, ça fait combien de temps que tu n'as eu personne ?

— On s'en fiche, tu sais que je ne veux personne.

— Mais tu lui as dit : « J'espère te revoir ». Vic sérieux ? J'espère te revoir, tu l'as prononcé toi-même.

— Je crois qu'il faut que tu arrêtes de te faire des idées.


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J'espère que vous allez bien !

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