12.

8.3K 372 103
                                    

Mercredi 7 juin 2023 – Tampa - Floride

Malgré mes efforts pour me concentrer sur les mots fléchés, la présence d'Alec derrière moi continue de troubler mes pensées. Les énigmes sur la page devant moi se brouillent, et je sens son souffle doux effleurer délicatement ma nuque alors qu'il me dicte les réponses. Nos rires résonnent dans l'air à cause de toutes les absurdités qu'il sort, créant une bulle d'intimité qui semble nous envelopper, isolant le monde extérieur.

— Alec, sérieusement, laisse-moi me concentrer.

Il répond par un léger murmure taquin à mon oreille, faisant naître des frissons le long de ma colonne vertébrale. Je secoue la tête pour chasser ces sensations indésirables, mais il continue de me taquiner.

— Avoue que tu préfères largement ma compagnie à celle des mots croisés.

Je lui lance un regard faussement sévère, mais au fond de moi, je dois admettre qu'il a raison, bien que jamais je ne l'avouerais.

Nous continuons notre quête de réponses, nos esprits s'entremêlant de manière fluide et harmonieuse. La tension qui pesait sur mes épaules semble se dissiper, et je me surprends à sourire plus souvent.

Alors que je m'apprête à tourner la page, nos regards se croisent, révélant une compréhension tacite entre nous. Peut-être, malgré nos différences, ces instants de complicité sont la clé pour surmonter les querelles et retrouver l'équilibre qui s'était perdu depuis mon retour.

Notre bulle vole en éclat quand Eden prend la parole.

— Eloigne tes mains de ma sœur Alec.

Je relève la tête, surprise par la soudaineté de ses paroles. Les rires et la légèreté qui planaient dans l'air se dissipent instantanément. Les yeux d'Eden fixent le brun avec une intensité inattendue, jetant une ombre sur notre paisible moment. Bien qu'il affiche un léger sourire en coin et n'emploie pas un ton agressif, cela suffit à créer une tension palpable chez Alec derrière moi.

— Eden, t'es pas sérieux ? On fait des mots fléchés.

— Précisément, tu n'as pas besoin d'être collé à elle pour faire des mots fléchés de ce que je sache.

— C'est une blague, c'est ça ? C'est comme si tu me demandais de m'éloigner de ma propre sœur.

Bien, j'imagine que le désir que j'ai cru discerner dans ses yeux samedi dernier n'était qu'une supercherie de mon imagination. Eden sourit toujours alors qu'Alec se lève. Je retiens de justesse un soupir de mécontentement. Secouant la tête, je suis dépitée par cet échange inutile qui a réussi à ternir le bon moment que nous partagions. Hadès, quant à lui, ne prend même pas la peine de se rasseoir à côté de moi, préférant s'installer à l'autre bout de la terrasse.

— Je suis assez éloigné pour toi, Ed ?

Ce dernier rit à la « blague » d'Alec, tandis qu'Ezra semble, lui aussi, dépité.

Je suis heureuse d'entendre la sonnerie de mon téléphone qui m'empêche de prendre part à cet échange puéril et donc d'éviter une énième dispute. Un sourire léger prend possession de mon visage quand j'entends la voix de Marco.

— Ola Bella, je ne te dérange pas ?

— Pas du tout, au contraire, tu me sauves surement d'une énième dispute entre mon frère et moi.

— Heureux d'être ton chevalier en armure blanche ! Dis-moi, t'es libre aujourd'hui ?

— Libre comme l'air ! Tu proposes quoi ?

— Il y a ce nouveau glacier près de la plage, paraît qu'ils ont des saveurs vraiment originales. C'est moi qui invite !

— Plus que partante à condition d'avoir le droit de prendre deux boules avec supplément Chantilly !

— Je prendrais bien la même chose figure toi ! Envoie-moi ton adresse, je passe te prendre dans 15 minutes.

Je l'entends éclater de rire avant qu'il ne raccroche et je me rends compte bien trop tard du double sens que peut avoir ma phrase. Phrase qui a de ce fait interpellé les trois hommes devant moi. Ils ont tous l'esprit tordu ou quoi ? Si Ezra éclate de rire, les deux autres ont vite fait de se rapprocher de moi.

Soupirant, je décide de pénétrer directement dans la maison, créant ainsi une distance entre nous, en vain. Voyant l'escouade approcher, je me hâte dans l'escalier pour leur échapper. Mon prénom résonne, suivi de pas pressants, mais j'accélère et ferme la porte de ma chambre. Bien sûr, ils me demandent d'ouvrir.

— Désolée, je suis nue et pressée. Une autre fois.

J'entends des grognements derrière la porte et finis par rire seule, tant la situation est absurde. Je sais pertinemment qu'ils vont me bombarder de questions lorsque je sortirai de cette pièce. Malgré tout, j'enfile un combishort léger dos nu et mes sandales, je brosse mes cheveux et les attache en un chignon désordonné. Une touche de mascara et un peu de gloss plus tard, je suis prête, sans en faire des tonnes.

Arborant un petit sac en bandoulière, je suis prête à partir. J'espère même être à l'heure, à condition de réussir à m'extirper d'ici sans subir un interrogatoire. Descendant les escaliers avec précaution pour éviter d'attirer l'attention, je me heurte au regard ferme d'Alec en bas. Eden est plongé dans une conversation animée avec Ezra, apparemment centrée sur moi. Je détourne mon regard pour le poser sur Alec, qui entame directement son interrogatoire.

— Tu comptes aller où ?

— Manger une glace.

— Une glace ?

— Oui une glace ! Vous avez tous l'esprit tordu, ce n'est pas possible.

Ezra éclate de rire encore une fois, notifiant à Eden qui lui avait bien dit. Ce dernier semble tout penaud et se gratte la tête. Il reprend cependant contenance.

— Et avec qui, sœurette ?

— Marco.

— Marco ? Comme dans Marco le crétin qui te draguait à la salle ?

Le grondement dans la voix d'Alec m'indique que cette information ne lui plaît pas du tout.

— Non Alec, Marco, comme dans occupe de toi de ton cul.

Ezra ne cache pas son rire alors qu'Eden retient le sien uniquement, car il veut me montrer qu'à lui non plus ça ne lui plaît pas. Mais son pouffement ne m'échappe pas. Hadès se crispe et je sens arriver la tempête quand Eden et lui échange un regard. Fort heureusement et comme souvent, Ezra intervient.

— Elle va simplement manger une glace les gars, rien de dramatique.

Le brun en face de moi se renfrogne, mais n'ajoute rien. Un petit signe de tête à Ezra, qui m'embrasse la joue, avant de filer sous le regard noir d'Alec. Dire que la journée s'était bien déroulée entre nous jusque-là.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant