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Mercredi 7 juin 2023 – Tampa - Floride

Je m'empresse de sortir avant qu'un autre membre de ma famille ne me retienne. C'est incroyable d'avoir 23 ans et de devoir justifier chacun de mes mouvements. Je comprends qu'ils soient protecteurs et qu'ils tiennent à moi, mais j'ai l'impression d'être dans une prison dorée, où chacun de mes gestes est scruté et pourrait être retenu contre moi. J'actionne lentement le portail de la propriété. Une voiture bleu nuit est garée en face. Je reconnais Marco, adossé au capot avec des lunettes de soleil.

— Ola Bella ! lance Marco avec un grand sourire.

Il m'embrasse, la joue pour me saluer avant de m'ouvrir la portière de sa voiture. Un rapide coup d'œil vers le portail me suffit pour comprendre qu'Alec nous observe avec un regard noir. Je soupire et secoue la tête avant de grimper dans le véhicule.

La voiture démarre, et je sens une certaine libération alors que nous nous éloignons de la propriété.

— Tout va bien, Bella ? Tu sembles un peu tendue, il remarque.

Je lui adresse un sourire et acquiesce. La voiture glisse dans les rues, nous emmenant vers la promesse d'une glace qui, à ce moment précis, semble être le refuge idéal.

Arrivés à la boutique de glaces sur la plage, Marco et moi choisissons nos parfums préférés. L'atmosphère joyeuse de l'endroit me détend instantanément. Nous nous installons à une table en terrasse, le soleil caressant doucement nos visages.

— Bon, raconte-moi ce qui s'est passé chez toi depuis notre virée en boîte. Comment ça se passe ?

Je grimace au souvenir de cette soirée qui, encore une fois, a été gâchée par mon frère et son meilleur ami surprotecteur. Je prends une bouchée de ma glace pour gagner du temps, appréciant la saveur sucrée qui tente de masquer l'amertume.

— C'est compliqué. Eden cherche juste à me protéger, mais parfois, ça étouffe, je confesse.

— Et Alec dans tout ça ? Je comprends qu'il veuille te protéger aussi, mais il avait l'air beaucoup plus furieux et concerné que ton véritable frère.

Je soupire de frustration.

— Je serais bien incapable de te dire c'est quoi son problème, je soupire en fixant ma glace.— Il a toujours été si... extrême ?

— Oui... enfin non. Il m'a toujours protégé, ça, c'est vrai, mais avant mes 16/17 ans il n'était pas si envahissant et ne cherchait pas autant à contrôler ma vie. En fait, il a commencé à être comme ça à partir du moment où j'ai commencé à intéresser la gent masculine.

— Tu ne penses pas qu'il est juste jaloux ? il demande avec un sourire taquin.

— Nop ! Il l'a dit lui-même, il me considère comme sa sœur et ce n'est pas faute d'avoir espéré le contraire durant des années. Enfin bref.

Il incline la tête, comprenant la complexité de la situation. Nous dérivons vers des sujets plus légers, laissant les rires et les saveurs sucrées tempérer la tension. Une glace, un ami, et peut-être un souffle de liberté dans cette prison dorée qui semble m'encercler.

De retour à la maison, j'ai l'agréable surprise de trouver June en compagnie des garçons sur la terrasse.

— Voilà la plus belle !

Elle m'enlace dans une étreinte chaleureuse avant de tirer une chaise à ses côtés. J'aperçois du coin de l'œil le regard d'Alec me transpercer. Eden s'installe en face de moi. Il était évident que je n'allais pas échapper à l'interrogatoire, même en présence de June. La détermination d'Eden n'est pas facile à contourner.

— Alors, cette glace ? commence Eden.

— Super bonne, leur sorbet au citron est à tomber !

— Swan, il gronde.

— Eden, je réponds sur le même ton.

— June, voilà tout le monde se connaît.

Je pouffe de rire face à l'absurdité de mon amie, tout comme Ezra qui l'observe avec un regard intense. Il semble se rendre compte que je l'ai remarqué et détourne les yeux. Mon frère serait-il sous le charme de ma meilleure amie ? Je n'ai pas le temps d'y réfléchir que mon second et adorable frère revient à la charge.

— Je ne rigole pas, Swan.

— Tu devrais, tu commences à avoir des rides à force de tout le temps faire la gueule.

Alec reste étonnamment silencieux. Ce qui dans un sens m'arrange, je n'ai pas besoin d'un autre garde du corps sur le dos. Eden s'apprête à répondre, mais son téléphone se met à sonner, le coupant dans son élan. Il se lève et se dirige vers la porte en jurant. Il revient les mains pleines de sacs de McDo. Encore un repas équilibré, visiblement. Chacun sort son menu, et je suis agréablement surprise de voir celui que je prends habituellement. Je lance un regard à June, supposant que c'est elle qui a passé la commande pour moi.

— Ne me regarde pas comme ça, c'est Mister Davis qui a commandé pour toi

Mon regard se glisse vers la personne concernée, et je lui offre un léger remerciement empreint de gratitude. Une fois de plus, la petite fille en moi ressent une chaleur réconfortante en constatant qu'il n'a pas oublié. Eden, quant à lui, semble avoir mis de côté notre précédente conversation, ce qui s'avère être une bénédiction. La discussion reprend son cours, s'orientant vers nos projets de vacances avec June. Nous envisageons de nous évader dix jours au Mexique, courant août, une nouvelle qui ne semble pas forcément susciter l'enthousiasme des garçons.

Une fois que les dernières bouchées sont avalées et que le repas touche à sa fin, nous prolongeons notre séjour sur la terrasse, profitant de la douceur de la soirée.

Après quelques parties de cartes, je décide de monter avec June dans ma chambre. Je lance un doux « bonne nuit » aux jumeaux, qui se retirent pour la nuit, car un rendez-vous matinal les attend. Seul Alec reste sur la terrasse. Ce dernier m'appelle d'ailleurs quand je m'apprête à passer la porte-fenêtre.

Je fais signe à June que je la rejoins et m'approche du brun en attente de ce qu'il a à me dire. Il me fixe pendant un moment, et je commence à être légèrement gênée par ce silence. J'ai l'impression qu'il m'inspecte à la loupe. Il soupire légèrement et me tire vers lui. Me voilà assise sur ses genoux, ses bras traçant des cercles sur mon bras. La proximité entre nous m'empêche de réfléchir correctement, et je lutte contre moi-même pour ne pas laisser glisser mes yeux vers ses lèvres. La scène me rappelle étrangement le fameux soir de ma soirée d'avant départ. Je masque mon trouble, mais je pense que ma respiration trop rapide peut aisément me trahir.

Nous avons toujours été proches, mais, même si je me refuse d'y penser, je dois bien admettre qu'il n'a jamais été si tactile envers ma personne que depuis mon retour, pour mon plus grand malheur. Refouler mon attirance pour lui est déjà compliqué alors quand je suis physiquement en contact avec lui c'est encore pire.

Le voyant toujours dans son mutisme, je décide de prendre la parole.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant