CHAP.09 : Rescousse
Je glissai derrière le bar et ouvris une porte de placard sous le comptoir. Il y était entreposé les bouteilles d'alcools forts. La forme carrée caractéristique du Jack Daniel© attira mon regard. J'empoignai le goulot et dressai fièrement le flacon au-dessus de ma tête.
— J'ai trouvé ce qu'il me fallait !
Mes amis réunis autour du feu se tournèrent vers moi.
— Du whisky ? S'interrogea Moïse surpris.
— Tu n'en as jamais bu.
— Non Fab, mais c'est le moment de commencer.
— Arrête, tu veux te mettre minable après ce qu'il s'est passé ce matin ?
— C'est pas faux Fred. Vous trinquez avec moi ?
Je plaquai sur le comptoir quatre verres à whisky rescapés du grabuge. Mes potes répondirent tous négativement à mon invitation.
— Pas de problème, il y en aura plus pour moi.
— Ne viens pas te plaindre quand on te ramassera dans ton vomi, prévint Fred.
Je m'installai sur la première marche de la terrasse avec comme meilleure compagnie du moment, le verre rempli du liquide ambré. Mon humeur s'adoucit, mes mauvaises pensées s'évaporèrent, le souvenir de mes camarades partis se floutèrent. Après une ou deux heures (je ne savais plus) de consommation intensive, je m'endormis sans m'en rendre compte.
Un torchon mouillé appliqué sur mon front me fit émerger de mon coma éthylique. L'après-midi touchait à sa fin. Moïse était penché au-dessus de moi avec un regard désapprobateur.
— Tu te sens mieux ?
— A vrai dire je n'en sais rien...
Un tambourin exerçait sa musique sur mon cerveau, essayant de le réveiller. Ma vision tentait de faire le point. Je me levai. L'équilibre était approximatif. Moïse m'aida à régler mon assiette.
— Ils sont revenus ?
— Bah non ! Faut pas s'attendre à les revoir ce soir.
— J'espère qu'ils vont trouver un abri sûr pour cette nuit, s'inquiéta Fred.
— Je propose qu'on aille aider Karl à couper du bois, proposa Fab. Un peu d'exercice ne te fera pas de mal. Ça t'aidera à cuver.
Mon ami avait raison. Prendre l'air me fit le plus grand bien. Karl arrachait des branches des haies couchées au fonds des terrains de tennis. Fred aida Karl à la découpe, et Fab et moi assurions le transport des fagots de branchages.
La nuit était tombée. Nos immenses silhouettes se découpaient sur le mur mouvant au rythme des flammes. Nous nous partagions une grande conserve de petit salé aux lentilles. Malgré les kilomètres parcourus du matin et les nombreuses calories consommées, je n'avais pas d'appétit. Karl ne se fit pas prier pour engloutir le reste de ma part. Il n'avait pas sorti un mot depuis le départ de nos camarades dissidents.
— Karl, il ne faut pas t'en vouloir. Tout est ma faute, c'est moi qui t'ai ordonné de ne rien dire. Toi, tu voulais lui annoncer.
— Bien sûr que je me sens coupable, je n'aurais pas dû t'écouter. Et dire qu'on t'avait choisi comme meneur. Et en une décision, tu as réussi à faire imploser le groupe. Bravo.
— Ne remuons pas le couteau dans la plaie, intervint Fred.
— Oui, il faut qu'on mette tout en œuvre pour réunir tout le monde, continua Fab.
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Chaos³
Научная фантастикаMa vie banale d'adolescent heureux se termina ce jour de chaos. La fin du monde marqua le début de ma nouvelle vie de survivant. On relativise pas mal de choses quand cela arrive, non ? Les priorités ne sont plus les mêmes, l'essentiel est ailleurs...