From Hâte To Love

chapitre 3 : Evasion

Luna

En rentrant dans mon appartement l'image de mon livre m'attendant sur la table basse du salon me revient en mémoire, ce livre que je tente de finir depuis presque trois jours, ses pages légèrement pliées à force d'être ouvertes et refermées et son parfum de vieux livres et la sensation du papier sous mes doigts.

Je me pose dans mon divan et attrape mon précieux disposé sur la table du salon.

J'ai à peine le temps de finir ma page que la sonnerie de mon téléphone interrompt ma lecture, je regarde le nom affiché sur mon portable. C'est ma mère, haut les cœurs. Je souffle de frustration et décroche en utilisant un ton faussement enjoué

-Maman, comment vas-tu ?

-Bien, comment s'est passé ton entrainement ?

On peut dire qu'elle ne tourne pas autour du pot.

-Ça s'est bien passé.

-Bien ?! Il ne doit pas être bien ! Mais excellent ! Tu dois faire des programmes parfaits, si tu commets ne serait-ce qu'une erreur, tu n'auras jamais ta place aux Jeux Olympique.

-Je vais faire attention.

-Tu as intérêt Luna O'Donnel !

-Bonne soirée maman.

Je coupe la communication avant qu'elle ne puisse avoir le temps de me répondre. Ma mère et moi ce n'est vraiment pas l'amour fou. Quand j'étais petite c'était pareil, elle n'a jamais jugé bon d'être une mère présente et aimante. Elle a toujours préféré me mettre la pression, me demandant l'excellence dans tous les domaines que je pratique. J'ai toujours envié les relations fusionnelles qu'entretiennent certains enfants avec leurs parents.

Je me lève et vais vers la cuisine, après avoir fouillé dans mon frigo, je finis par saisir une salade de poulet que je mange en analysant les vidéos envoyés par ma coach, revoyant les erreurs effectuées pendant mon entrainement. Mes fautes sont subtiles, légères, une pointe de pied mal tendue, ma sortie de saut légèrement bâclée ou un mouvement que je n'effectue pas à la perfection. De petites erreurs qui semblent anodines mais qui peuvent faire toute la différence dans un classement.

Quand j'ai fini de visionner toutes les vidéos, je me rends dans mon dressing.

C'est une pièce entièrement vitrée avec 5 grandes armoires, une baie vitrée comme dans presque tout le penthouse, une coiffeuse blanche et quelques cadres couvrant les murs blancs. Vérifiant que je n'ai rien à me mettre pour la soirée de demain, je fouille dans mon armoire. Au bout de cinq minutes je me rends à l'évidence, il n'y a rien que je puisse porter.

Quand je retourne dans le salon, je réouvre mon livre, tentant de me replonger dans ma lecture, sans grand succès.

N'arrivant pas à me concentrer, j'allume mon ordinateur pour visionner les championnats de monde de 2023. Je ne me lasserai jamais de regarder la grâce et l'élégance avec laquelle les patineuses exécutent leurs programmes. Il n'y a pas un faux pas, pas un seul mouvement qu'elles ne maitrisent pas à la perfection. C'est d'une fluidité à couper le souffle.

En éteignant l'écran, après avoir admiré une dizaine de programmes, je me laisse emporter par les souvenirs des performances que je viens de visionner. Les images des patineuses tourbillonnant avec grâce sur la glace dansent encore dans mon esprit. Leurs costumes scintillent sous les projecteurs, et chaque saut, chaque pirouette semble raconter une histoire.

Je me rappelle en particulier d'une jeune patineuse, dont la passion et la détermination transparaissaient à travers chacune de ses figures. Les chutes sont rares, mais lorsqu'elles surviennent, elles sont accueillies avec la même grâce, comme si chaque erreur n'était qu'une nouvelle opportunité de briller.

En m'allongeant sur mon lit, je pense à la discipline que nécessite ce sport. Les heures d'entraînement, la répétition des gestes, la recherche de la perfection... Tout cela contribue à faire de la glace un véritable théâtre, où chaque patineuse exprime ses émotions.

Alors que je ferme les yeux, j'imagine le doux son de mes lames glissant sur la surface gelée et je rêve déjà aux performances de demain. Peut-être que je retrouverai cette inspiration qui m'échappe actuellement. Enrichie par la beauté des mouvements que j'ai pu admirer. La nuit m'enveloppe doucement et, dans ce silence, je me laisse porter par le sommeil.