Chapitre 2-LANA

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Je savourais la sensation de l'eau chaude qui coulait le long de ma colonne vertébrale, tandis que les évènements de la soirée se jouaient en boucle dans mon esprit, telle une faille temporelle sans fin. Thomas s'agenouillait encore et encore devant moi, une magnifique bague de fiançailles à la main et un regard pétillant inondé d'espoir.

Un sourire béat se dessina sur mon visage mouillé. Mon cerveau ne parvenait toujours pas à assimiler cette réalité qui me semblait tant improbable, celle d'être aimée suffisamment pour que mon homme me demande en mariage.

Je laissai échapper plusieurs ricanements couverts de niaiseries, laissant place à un petit cri étouffé lorsqu'une douleur vive se fit ressentir sur ma peau. Dans un réflexe, j'éteignis le robinet de la douche, et mon regard glissa sur ma poitrine devenue écarlate. Je m'étais perdue dans mes réflexions assez longtemps pour m'ébouillanter.

J'enfilai un long pyjama en soie que les parents de Thomas m'avaient offert à Noël dernier avant de retrouver mon fiancé qui m'attendait sous la couette, les doigts liés derrière la tête. Il m'adressa son plus beau sourire, une étincelle de joie crépitait dans ses iris couleur noisette. Je m'assis sur le rebord du lit, prenant le temps d'admirer celui qui allait être mon futur époux.

Thomas tapota la place vacante à côté de lui pour m'inciter à le rejoindre. Je me glissai entre les draps chauds, collant mon corps encore tiède au sien. Il huma ma chevelure fraîchement lavée, tandis que ses mains sillonnèrent vers mon bassin.

— Tu sens bon, susurra-t-il à mon oreille d'une voix suave, son souffle chaud réchauffait ma peau. On remet ça ?

Les yeux mis clos, je répondis :

— L'offre est plutôt alléchante, murmurai-je en lui caressant délicatement le torse. Mais, je n'ai plus le courage de me relever après pour prendre une deuxième douche. J'espère que tu ne m'en veux pas.

Thomas ricana et déposa un doux baiser dans le cou qui me fit frémir.

— Je n'ai aucune raison de t'en vouloir, mon cœur. Ce n'est pas comme si notre dernier rapport datait de la préhistoire.

Un petit rictus malicieux se dessina sur mes lèvres.

— Soit ! On remet ça dans cinq ans, alors, répondis-je pour le taquiner.

Mon chéri tortilla du bout de ses doigts l'une de mes mèches.

— Sans me vanter, je peux être un homme très patient, assura-t-il.

J'écoutais le chant de la pluie qui tambourinait inlassablement sur la fenêtre de notre chambre. Une mélodie apaisante qui devrait m'emporter au pays des rêves, et pourtant, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Mon mental était beaucoup trop agité cette nuit-là. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'imaginer devant l'autel, vêtue d'une magnifique robe de mariée pour dire oui à l'homme que j'aimais.

J'ouvris grand les paupières, frappée par une appréhension soudaine et qui n'avait pas lieu d'être. Je demeurais immobile durant de longues minutes, les yeux rivés sur le plafond plongé dans la pénombre. Je le fixais, sans vraiment le voir, passant en revue ma relation avec Thomas depuis le début.

Je l'aimais assez pour devenir sa femme et je me sentais parfaitement bien à ses côtés. Il avait toujours été très attentionné envers moi, faisant passer mes désirs avant les siens. J'avais la chance d'avoir un fiancé pas du tout entreprenant, loin de ces hommes qui pleuraient leur frustration dès que leurs copines leur refusaient un rapport. Au contraire, Thomas était respectueux, et à l'écoute des femmes.

Cependant, étant de nature solitaire, le fait de savoir que je me lierai à une personne jusqu'à la mort me submergeait d'angoisse. Et si mes sentiments pour Thomas s'évaporaient une fois la routine du mariage installée ? En vieillissant, je redoutais que l'étincelle de l'amour s'éteigne tel un souffle sur une bougie, que cette relation devienne ma propre prison, m'arrachant ainsi la liberté réconfortante à laquelle je m'étais attachée.

Flammes jumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant