Ces lendemains de fiançailles qui auraient dû être une journée à la saveur du bonheur et pleins de projets pour l'avenir s'avéraient désastreux. Ce William s'était immiscé dans mon esprit depuis le réveil, tel un démon indélogeable nécessitant un exorcisme pour m'en débarrasser. Il possédait mon mental, le contrôlait pour que je ne puisse plus penser à autre chose et me tourmenter. Il y avait cette petite voix qui me rendait dingue. Elle me chuchotait sans cesse que ce rêve était un souvenir d'une vie antérieure, tandis que ma raison m'assurait que c'était la demande en mariage qui m'angoissait, signifiant un changement brutal dans ma vie.
Au cours de la journée, j'avais prévu de traduire cette romance niaise pendant huit heures d'affilée, dans le but d'essayer de m'en débarrasser au plus vite. Hélas, ce William en avait décidé autrement. J'avais abandonné au bout de trois heures, incapable de me concentrer sur mon travail.
J'avais donc profité de cette errance mentale pour annoncer la nouvelle à tous mes proches, et me changer les idées par la même occasion. Mon père et mon frère étaient ravis, et m'avaient félicitée. Ma mère, quant à elle, avait pleuré de joie au téléphone. Puis il y avait ma meilleure amie, Aurélie, qui n'avait cessé de me bombarder de messages toute la journée pour connaître les détails croustillants de mes fiançailles. Bien sûr, j'avais occulté ma crise de jalousie concernant la serveuse, j'en avais déjà assez honte comme ça. Aurélie souhaitait même être présente pour choisir ma robe de mariée, chose que je ne pourrais jamais lui refuser, sachant qu'elle était celle que je désignerais comme témoin. Mais, ça, pour le moment, elle l'ignorait. Je désirais lui faire la surprise en temps voulu.
Il était aux alentours de minuit et c'était la troisième fois consécutive que je lisais le même paragraphe de mon thriller sans rien assimiler. Je n'arrivais plus à me représenter mentalement la scène de ce chapitre, qui était pourtant très intéressante et pleine de rebondissements.
— Fais chier ! grognai-je.
Je me figeai, la main sur la bouche, avant de poser mes yeux sur Thomas allongé à côté de moi. Un profond soupir de soulagement m'échappa, constatant qu'il dormait toujours.
Du matin au soir, mon chéri avait arboré un sourire plus lumineux que les astres, alors que je m'étais efforcée à paraitre le plus normale possible. Il était en partie responsable de mes tourments. Si seulement, il ne m'avait pas mis ces idées absurdes dans ma tête au réveil, je ne serais pas encore en train de me faire des nœuds au cerveau.
Complètement blasée, je laissai reposer l'arrière de mon crâne contre la tête de lit, me rendant à l'évidence : je ne parviendrais pas à terminer mon chapitre. Ce type tout droit sorti de mon imagination aurait eu raison de moi.
J'abandonnai la lecture et me blottis contre le corps chaud de mon fiancé, qui, lui, était bel et bien réel. Je fermai les yeux, m'imprégnant de sa chaleur, avant de sombrer dans les bras de Morphée plus vite que je ne l'aurais imaginé.
***
Le hululement d'une chouette dissimulée entre les ramures d'un arbre fit écho à travers les bois, rompant le silence paisible qui y régnait. Les sens en alerte, je sursautai. Je pivotai sur moi-même, prenant soin d'éclairer partout autour de moi à l'aide de ma lanterne. Le faisceau lumineux caressa le nid de l'oiseau nocturne qui s'envola, effrayé par cette intrusion.
La boule au ventre, je me faufilais depuis une demi-heure entre les arbres, et le manoir se trouvait désormais loin derrière moi. Ce n'était pas sage pour une femme seule de déambuler en forêt au beau milieu de la nuit. Mais ce que je craignais par-dessus tout c'était que le duc me suive, et qu'il découvre ainsi nos cachoteries.
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Flammes jumelles
RomanceTout juste fiancée, Lana rêve pendant toute une semaine d'un homme dont le visage lui est totalement inconnu. Ses rêves semblent particulièrement réels et se déroulent à une époque très lointaine, en Angleterre. Dans ses songes, son nom est différen...