Chapitre 20

43 3 0
                                    

Dès lors que je pose un pied dans l'une des maisons qu'on nous a attribués, je devance tout le monde en fonçant à l'étage pour choisir une chambre. Je n'ai qu'une seule envie : m'écrouler dans un lit douillet et dormir pendant des heures.  Derrière moi, je sens que quelqu'un me suit. Ca doit sûrement être Ale qui, je pense, va partager ma chambre. Mon intuition se confirme lorsque la jeune femme pousse un soupir derrière moi. 

— Je suppose que tu n'as qu'une hâte : dormir. Je me trompe ? 

— Pas du tout, répondé-je. Ca fait plus d'une semaine que je n'ai pas dormi normalement alors je suis crevée. Pas toi ? 

— Si, avoue-t-elle. Je pense que je vais te suivre parce que si je ne dors pas ne serait-ce qu'un peu, je vais commettre un meurtre.

Sa plaisanterie me tire un fin sourire qui la rassure. Elle se jette sur le second lit de la pièce, se glisse et rabat les couvertures en me souhaitant simplement une bonne sieste, ce que je lui retourne. Je me dirige vers la grande armoire à gauche de la porte, juste à côté de mon lit pour voir s'il y a déjà quelques affaires mais c'est complètement vide. Je suppose qu'on nous les apportera plus tard alors je me glisse moi aussi sous les couvertures pour fermer les yeux. Je sens que je suis plus fatiguée que prévu car dès que mes paupières se ferment, je suis aspirée dans le monde de Morphée. 

Quand mes yeux s'ouvrent doucement sur une forêt, je recule instinctivement, le coeur comme au bord d'une falaise. Cette fois encore, je ne pourrais pas dormir paisiblement sans que quoi que ce soit ne viennent troubler mon sommeil. Si d'autres aiment tant rêver, je commence à haïr cela profondément. Les secondes défilent sans qu'il se passe quoi que ce soit. Pas de fantômes du passé qui apparaissent. Pour l'instant. Cette tranquillité que je sens si fragile peut se briser à tout moment, aussi facilement que du verre. J'avance doucement, prête à me confronter aux démons de mes cauchemars à chaque instant mais j'ai beau attendre, rien n'apparait. Pas même un bruit inopportun qui viendrait me se répandre dans mes veines pour les glacer. 

En soupirant, je finis par m'assoir à même le sol. Je suppose que je vais devoir patienter avant d'ouvrir les yeux hors du monde des songes. Je m'adosse à l'arbre derrière moi et ferme les yeux. Je sais très bien que j'aurais beau tenter de m'endormir aussi, ça m'est impossible. Je dors déjà. 

— Tu essayes vraiment de dormir ici ? Tu sais très bien que ce n'est pas possible.

Mon coeur aurait sûrement bondi jusque dans ce ciel factice s'il n'était pas retenu par ma cage thoracique. Quand j'ouvre soudainement les yeux, le pouls battant à mille à l'heure, la vue de la personne en face de moi se confirme. Je me relève précipitamment, prête à me battre avec lui même si je sais que je ne fais pas le poids ; mais ce n'est qu'un question de temps et d'entrainements que je compte bien arracher. 

— Léo, grondé-je. 

Ses lèvres fines s'étirent et des rides se forment au coin de ses yeux. Il sourit.  Il ose sourire. Je serre les dents en voyant son air effronté alors que mes amis, à peine arrivés, ont terriblement soufferts. Par la faute de qui ? De la sienne et de son maudit père. Je ne parle même pas de ce qu'ils ont fait à Alexander. 

— Qu'est-ce que vous lui avez fait ?

Son sourire disparait.

— Tu oses parler de lui alors que je suis devant toi ?

— Oui. Parce que j'en ai absolument rien à foutre de toi ! 

Ses sourcils se froncent et je peux voir la rage l'envahir, comme d'habitude. Son complexe d'infériorité par rapport à Alexander le rend si pitoyable. Cette fois, c'est moi qui sourit, ravie qu'il souffre.

La Malédiction de La Luna (S2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant