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Samedi 24 juin 2024 – Tampa - Floride

Les conversations flottent dans l'air, légères comme des plumes. Je remarque aisément que Nate essaie de me charmer, usant de multiples compliments pour tisser sa toile séductrice. June, toujours dotée de son tact légendaire, met fin à ses avances sans ménagement.

— Épargne-lui ton numéro de charme, Naty. Elle n'aime pas les blonds, encore moins ceux qui — nt la fâcheuse habitude de draguer tout ce qui bouge.

Heureusement, Nate prend la plaisanterie avec bonne humeur et éclate de rire en levant les mains en signe de reddition. Je fais plus ample connaissance avec Tina et Naomi, qui se révèlent être cousines. Peut-être me l'avaient-elles déjà mentionné la dernière fois, mais ma mémoire me fait cruellement défaut.

Dean, un ami de longue date, me confie qu'il va bientôt épouser son amour de lycée, Monica. Ils étaient déjà inséparables à l'époque, éperdument amoureux. Il n'est guère étonnant qu'ils aient décidé de franchir le pas.

Le dernier à engager la conversation est le Mexicain à côté de moi. Il se révèle être un compagnon réellement sympathique, et surtout, très amusant, surtout lorsqu'il remballe Nate. Une complicité évidente lie ces deux-là.

Nous continuons de discuter et de boire, si bien que l'alcool commence à me monter à la tête, et je me mets à rire sans raison apparente. C'est décidé, le Mexicain a le potentiel pour devenir humoriste. Cependant, malgré mon état alcoolisé, je remarque que Tina nous fixe constamment. Je commence à me demander si elle et Javier ne sont pas plus proches que je le pensais ; les regards qu'il lui lance ne laissent que peu de place au doute.

Je ris tellement que je finis par m'allonger dans le sable, mes côtes douloureuses. June est à mes côtés, et Javier toujours de l'autre. Nous contemplons tous les trois le ciel, comme des abrutis, cherchant des formes parmi les étoiles.

Au loin, mes frères s'éloignent légèrement, chacun avec sa compagne d'un soir, vraisemblablement en train de déployer leurs charmes pour les persuader de rentrer avec eux. June, finalement, me tire vers la piste de danse. Étonnamment, malgré mon amour avoué pour cet art, nous n'avons pas encore inauguré la piste improvisée de cette soirée animée.

Les rythmes latinos s'enchaînent, et nous offrons à une foule peu attentive nos mouvements les plus audacieux. June se lance même dans une tentative de twerk, et je ne peux m'empêcher de rire de bon cœur. Un frisson dans ma nuque me fait réaliser que quelqu'un m'observe. Inutile de me retourner pour savoir qu'Hadès est l'instigateur de cette sensation. Son regard sur moi est le seul capable de susciter de telles émotions. Cependant, par pur réflexe, je pivote gracieusement sur moi-même. Effectivement, ses yeux sont rivés sur moi, même alors que la Barbie précédente lui parle tout en le caressant de manière insistante.

Enfin, mes yeux repèrent Luis au loin, déterminé à fendre la foule pour rejoindre ma meilleure amie. D'après le regard complice qu'ils échangent, elle l'a également aperçu. Pendant ce temps, ses deux amis, Marco et Caleb, se tiennent adossés au bar, observant la foule. Constatant que June est déjà en train d'échanger des baisers passionnés avec son homme, je me fraye un chemin à travers les convives pour rejoindre les deux autres.

— Coco ! je m'exclame joyeuse.

— Salut, ma belle, tu as délaissé la piste de danse pour moi ? Je suis flatté.

Je lui tire la langue, puis me tourne vers Caleb. Si j'en crois son regard, il apprécie ma tenue. Il m'embrasse, la joue tout en glissant un compliment à mon oreille. Je le remercie, et rapidement, nous nous retrouvons à discuter de tout et de rien comme de vieux amis. Que ce soit une bonne ou une mauvaise idée, je continue à boire, pensant étancher ma soif. Caleb finit par m'inviter à danser. L'alcool faisant son effet, ma tête tourne légèrement, semant le doute quant à la sagesse de cette décision.

Malheureusement, alors que je scrute la foule en quête d'une réponse à mon dilemme — continuer à boire ou à danser —, mes yeux tombent sur Alec et Barbie qui se rapprochent. Ses mains caressent le bas de son dos, dévalant dangereusement vers son postérieur. C'est suffisant pour que la jalousie se propage dans mes veines à la vitesse de l'éclair.

Poussée par une conscience enfantine, j'attrape la main de Caleb et accepte son invitation à danser. Marco me regarde en secouant la tête, signifiant qu'il a bien compris mon petit jeu. Il est évident que j'utilise son ami pour tenter de susciter la jalousie d'un homme qui semble se moquer de moi. Mais que voulez-vous, la jalousie nous pousse parfois à des actes insensés. Intérieurement, je le remercie de ne rien dire.

Sans attendre, Caleb presse son torse contre mon dos, ses mains se posant délicatement sur mes hanches. Son bassin épouse le mouvement du mien, et je me surprends étrangement à savourer cette danse, oubliant même la raison pour laquelle j'ai accepté cette invitation en premier lieu. La musique évolue vers quelque chose de plus sensuel, et mes mains trouvent naturellement la nuque du brun. Ses cheveux, légèrement longs, sont d'une douceur exquise au toucher, tandis que son parfum boisé embaume mes narines. Mes yeux se ferment instinctivement lorsque la bouche de mon partenaire de danse se pose délicatement dans le creux de mon cou.

Si la dernière fois n'était qu'une simple danse, cette fois-ci, il est évident que nous flirtons. Je suis agréablement surprise de constater que j'apprécie pleinement cet échange.

— Tu danses divinement bien, tu sais ?

Je ne qualifierais guère cela de danse. Il est évident que je me rapproche plus de lui, explorant les contours de son corps dans l'espoir de susciter cette vague de désir intense, la même qui me submerge quand la pensée d'un certain brun m'effleure l'esprit. Cependant, je constate avec une pointe de désarroi que, même si je savoure l'instant, aucune vague de désir ne m'envahit. Mon cœur ne bat pas la chamade, et je ne ressens pas ce besoin impérieux d'embrasser Caleb ou même de le toucher. Mon corps demeure sous mon contrôle, contrairement à ces moments où Alec, d'un simple regard, peut me faire perdre tout sens de la mesure.

Légèrement désappointée, j'ouvre à nouveau les yeux. Mon souffle se bloque dans ma gorge quand je rencontre deux pupilles dont l'émeraude se confond avec la noirceur. Je regrette presque d'avoir voulu tenter le diable.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant