Chapitre 5- Lana

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 Les yeux rivés sur l'écran, je me laissai envoûter par des yeux bleu océan. Leurs abysses m'appelaient comme le chant des sirènes. Dans ces profondeurs se trouvait l'âme de William qui réclamait la mienne. Pour nous unir et ne faire qu'un. Sans compter cette vague de désir fiévreux qui déferlait dans tout mon corps, et ces frissons agréables qui titillaient mon estomac et mes seins. Les mêmes sensations que je ressentais dans ces putains de rêves.

— Chérie ?

La voix de Thomas se faisait lointaine dans le brouillard qui envahissait mon esprit. Je sentais son regard pointé sur moi, celui de mes proches, également. Cependant, j'étais incapable de regarder autre chose que la photo de cet homme qui me tourmentait.

Aurélie et Thomas me secouèrent comme un cocotier, me sortant de ma torpeur.

— Chérie, tu me fais peur.

Mon regard vagabonda entre ma meilleure amie et mon chéri, puis sur mes parents, avant de se poser de nouveau sur Thomas. Un sentiment de honte mêlé à de la culpabilité m'envahit. Il me tordait les tripes, me lacérait le cœur avec une lame invisible. Mon entrejambe perlait de désir pour un autre que lui. Je n'étais qu'une traitresse, ne méritant pas cette soirée. Nos proches s'étaient rassemblés pour nous féliciter en vue de notre future union. Et moi, je les trahissais tous. À commencer par mon fiancé. Car les sensations que je venais de ressentir pour cet Ezra étaient bien plus exaltantes que d'ordinaire. Autrement dit, jamais je n'avais ressentis cela pour Thomas. Je n'étais pas digne de lui.

— Ce n'est rien, je..., soufflai-je en rendant le téléphone à Aurélie.

J'en avais assez vu.

Ma mère s'accroupit devant moi et posa ses mains sur mes genoux.

— Ça va ? Tu veux rentrer ? demanda-t-elle, une lueur d'inquiétude tressautait dans son regard.

— Non, c'est bon. Je vais prendre un peu l'air, j'en ai besoin.

—Je viens avec toi, intervint Aurélie.

Je me levai du canapé, et lui adressai un regard noir en guise de négation. Je ne voulais pas qu'elle me suive. Ni elle, ni personne.

Tant bien que mal, je me dirigeais vers la porte d'entrée, saisis mon manteau au passage. Le choc émotionnel s'était emparé de mes jambes, comme si du coton avait remplacé mes muscles. J'aperçus dans ma vision périphérique mes proches se regarder d'un air interloqué. Mais ça m'était égal. Je ne désirais qu'une chose : me retrouver seule.

L'air frais nocturne me gifla les joues telles des mains invisibles survenues de nulle part. Je m'assis dans les graviers, adossée contre le palmier miniature de la cour. Mes dents claquaient tant j'étais frigorifiée. Ou alors, c'était une réaction corporelle, mes tourments en étant l'origine. Peut-être les deux, je ne saurais trop dire.

Les yeux clos, je basculai la tête en arrière, mes cheveux s'accrochant à l'écorce rugueuse du petit arbre. Je demeurais longuement dans cette position, à effectuer des exercices de respiration pour essayer de calmer la tempête émotionnelle qui faisait rage en moi.

Sans succès. Mais au moins, je ne sentais plus cette sensation de vide dans mes membres inférieurs.

Ezra est William...William est Ezra...

Dans mes souvenirs, si c'était bel et bien de cela qu'il s'agissait, j'avais aimé cet homme passionnément, faisant déborder mon cœur d'amour. Même les mots ne seraient jamais assez forts pour décrire un tel sentiment. Pas même le plus poétique des romans à l'eau de rose. Et dire que j'étais persuadée que ce genre de chose était des conneries, que cela existait uniquement dans la fiction. Foutaises ! Ça m'était déjà arrivé, dans une autre vie.

Flammes jumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant