CHAPITRE 3: Rose Hill Memorial Park

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Nano:

Ça faisait environ deux heures que nous roulions. Jimmy et moi n'avions pas échangé le moindre mot depuis notre altercation quelques instants plus tot.
Je me contentais de regarder par la fenêtre les paysages se succéder les uns après les autres.

La situation me paraissait totallement surréaliste. Je venais de sortir de prison et je me rendais sur la tombe de la fille dont j'étais amoureux et avec qui j'avais prévu de passer le reste de ma vie.

Nous passâmes près d'un champs de lavande et une foule de souvenirs me revinrent en mémoire.
Je revoyais son sourire, ses grands yeux noisettes, ses longs cheveux chatain clair, sa bouche en forme de coeur, son parfum à la lavande...

Marissa était si belle, si rayonnante et pleine de vie.
Tout chez elle me fascinait. Sa voix grave, son rire, la façon qu'elle avait de rapidement cerner les gens et son grand coeur.
J'ai encore beaucoup de mal à accepter le fait qu'elle soit parti.

Elle a laissé en moi un vide immense.
Je donnerai tout pour qu'elle soit toujours parmis nous.
J'échangerais volontiers ma vie contre la sienne.
J'aimerai tant lui dire à quel point je l'ai aimé et à quel point je m'en veux de ne pas avoir été là pour la protéger comme j'aurai dû le faire.

-On y est presque, dit Jimmy sans quitter la route des yeux.
-Est-ce qu'il y a un endroit où je peux acheter des fleurs par ici? demandais-je d'une voix monocorde.
-Il y a une serre dans les parages, je crois que tu pourras y trouver quelque chose,conclua-t-il, les yeux rivés sur la route.

Notre escale à la serre fut de courte durée. J'arreta mon choix sur un bouquet de roses blanches.
Quelques instants plus tard, Jimmy s'arreta devant l'entrée du Rose Hill Memorial Park.
Sans comprendre pourquoi mon coeur se mit à s'accélerer et je me figea sur mon siège.

Mon corps se crispa et en l'espace d'une seconde j'eu l'impression que mon coeur cessa se battre.
Mon souffle était de plus en plus court et j'avais du mal à respirer.
Je me pinça l'arrete nazale et secoua la tête de droite à gauche.

-Je ne peux pas Jimmy... j'ai pas la force d'y aller. C'est con hein? dis-je en riant nerveusement.
-Mais non, pas du tout,dit-il d'une voix rassurante.
-Je me suis pourtant préparer pour ce moment et maintenant que j'y suis, je n'y arrive pas, putain! dis-je en cognant le pied contre la boite à gants.
-Nano, je sais. Peut-etre que c'est trop tot. J'ai essayé de te le dire mais...dit-il avant d'etre interrompu par le vibreur de son téléphone.

-C'est Ari, dit-il avant de répondre.
-Salut Beauté, ça va? demanda-t-il d'un un ton on ne peut plus normal.
Oui. Oui il est à coté de moi, ajouta-t-il sans me quitter des yeux.
On est encore sur la route,
Oui il va bien, ne t'inquiètes surtout pas, on sera bientot rentrés d'accord? Je t'embrasse, dit-il avant de raccrocher.

Décidement quel bon acteur! À l'entendre, on ne croirait pas que j'étais entrein de faire une crise d'angoisse et que je n'ai pas arreté de le pourrir depuis plus de deux heures.

Ça ne faisait aucun doute que Jimmy était fou amoureux d'Ari. Ça s'entendait rien qu'au son de sa voix.
Ça me rassurait de constater que dans tout ce merdier, il existait encore de belles choses.

-Nano, on peut revenir un autre jour, insista-t-il.
-Non, je vais aller la voir. Je ne vais pas la laisser tomber encore une fois, dis-je en serrant les poings.
-Je t'attends ici. Surtout prends tout le temps dont tu as besoin, dit-il en me gratifiant d'un sourire discret.
-Merci Jimmy, dis-je en lui tapotant sur l'épaule avant de sortir de la voiture.

Tandis que je marchais le long d'une allée qui me semblait infinie, je sorti de ma poche le petit papier sur lequel était écrit l'emplacement de sa tombe.
Je m'arreta droit devant une pierre tombale en marbre gris sur laquelle il était écrit
( MARISSA ANNE ARCHER, Fille et soeur bien-aimée. 2001-2020 )

Alors que mon coeur venait d'exploser en éclats, aucune larme ne coula de mes yeux.
Je restais là, à fixer cette pierre tombale.
Je déposa le bouquet sur la tombe, passa la main sur mon visage et respira profondement.

-Si seulement... si seulement c'était moi qui était enterré ici et pas toi, murmurais-je en serrant la machoire.
-C'est toi qui avait raison. J'aurai dû t'écouter, ajoutais-je en me en secouant la tête.
-Je te demande pardon mon bébé, pardon, pardon, pardon... répetais-je sans fin.
-C'est fou ce que tu me manques putain... dis-je avant d'éclater en sanglots.

Pendant quatre ans, j'avais refoulé mon chagrin, je n'avais pas versé une seule larme et soudain, tout remonta à la surface.
Je tomba sur mes genoux et me mis à pleurer, secoué par de violants sanglots.

J'ignore combien de temps je suis resté comme ça, à genoux, face contre terre à pleurer comme un malade.
Ma peine était si violente qu'elle me paralysait.
Je ressentais de la tristesse mais encore plus de la colère.

L'histoire ne pouvait pas se terminer comme ça.
Marissa avait violament été arrachée à ce monde et son meurtrier était en liberté.
Il était hors de question que les choses en restent là.

-Je vais le retrouver et le faire payer, je le jure sur ma vie, dis-je en respirant, fou de rage.
-Je te fais la promesse que cette pourriture de Tito Morales va le payer de sa vie.
-Je le retrouverai et je le tuerai, dis-je en prenant ma réspiration.
-Je te le jure Marissa, je le tuerai...

Je me pencha pour déposer un baiser là où était inscrit son nom.
-Je t'aime, depuis toujours et pour toujours. Reposes en paix mon bébé, dis-je en me redressant.

Je tourna les talons et tandis que je remontais cette longue allée, j'étais convaincu de ce que je devais faire.
Du sang aller couler, peut-etre le mien mais la mort de Marissa ne restera pas impunie.
C'était désormais ma priorité.

À mon retour sur le parking, Jimmy m'attendait assis sur le capot de la voiture, en fumant une cigarette.
En voyant mes yeux rougis, il comprit que j'étais en miettes.
Sans me dire un mot, il vint m'enlacer.
Je fis un effort surhumain pour ne pas fondre en larmes.

-Aller! Allons-y sinon Ari va flipper à mort, dis-je avec bonne humeur.
-Et cette fois c'est moi qui prends le volant. Je vais te montrer comment conduire cette petite merveille, ajoutais-je en me précipitant vers le siège conducteur.

Amusé, Jimmy me fit un grand sourire et monta à bord.
Le chemin du retour se fit dans la bonne humeur et la gaieté.
J'avais hâte de rentrer chez moi, de voir Ariadna et de mettre mes idées noires de cotés.

Nous arrivâmes devant le panneau géant: Bienvenue à Corpus Christi. Je ne puis m'empêcher de sourire à pleine dents.
-Bienvenue à la maison Nano! me dit Jimmy en me revoyant mon sourire.
Ça y est, j'étais chez moi.

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