Les anciens inséparables

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Nous étions amis nous étions inséparables. Tu m'emmenais partout, tu me disais que tu serais toujours là pour moi. Je te connaissais depuis ta naissance, j'ai été à la crèche avec toi, tu empêchais les autres de jouer avec moi parce que j'étais à toi, je dormais avec toi, je jouais avec toi, je faisais presque tout avec toi sauf le bain et les repas c'était la règle.

J'ai été en maternelle avec toi puis arrivé au CP on ne se voyait qu'après l'école car tu grandissais et qu'emmener son doudou au CP, tu m'as expliqué que ça faisait bébé, alors je t'attendais sagement sur ton lit jusqu'à ce que tu rentres.

On jouait encore après les devoirs et avant le repas après le repas on regardait un peu les livres ou la télé et on allait dormir ensemble puis tu as continué à grandir. À partir du collège tu m'as mis sur une étagère dans ta chambre, tu m'accordais plus vraiment d'attention.

Un jour, ta sœur est entrée dans ta chambre et m'a prise dans ses bras et elle m'emmène dans le jardin. Tu rentrais du lycée, quand elle se dirigeait vers la balançoire avec moi, ça te met hors de toi et tu cries :

— Pourquoi t'es entrée dans ma chambre sans ma permission et en plus tu as pris MON DOUDOU

— Mais tu ne t'en sers même pas, il était là sur l'étagère à prendre la poussière, rétorque-t-elle.

— Même sur l'étagère, il m'apaise quand ça va pas parce que je le vois et que je sais que si besoin il est là.

— Pour moi, t'es qu'une menteuse car il reste sur l'étagère et tu ne le câlines même plus, tu t'es jamais dit que lui aussi voulait des câlins des fois et pas seulement toi ?

— Il m'arrive de le prendre encore pour dormir, tu sais Mary.

— Ça n'empêche que tu n'as pas tenu ta promesse envers lui, de ne jamais te séparer de lui, tu es une MENTEUSE !

Tu ne sais pas trop quoi dire déstabiliser par le flot de souvenirs que tu as passé avec ton doudou et par l'aplomb qu'elle a du haut de ses 5 ans puis tu réponds :

— Calme-toi viens là je vais t'expliquer quelque chose.

Elle hésite avant d'obtempérer :

— Je t'écoute.

— Mary, il faut que tu saches...

— Que je sache quoi, t'interrompt-elle.

— Mary, il faut que tu saches qu'il arrive qu'on pense pouvoir tenir une promesse mais au fur et à mesure du temps on se rend compte que cette promesse n'était pas vraiment réalisable, parce qu'il y a des aléas. Et puis, il y a les beaux parleurs... ne peux compter que sur toi, petite sœur, parce que si tu attends trop des gens tu vas être souvent déçue.

— Et la promesse que tu lui as faite alors c'était du vent ?

— Je n'ai jamais oublié la promesse que je lui ai faite, seulement, je n'étais qu'une petite fille à peine plus jeune que toi, lorsque j'ai fait cette promesse, je pensais pouvoir la tenir sincèrement puis j'ai grandi et j'ai moins besoin de lui, un peu comme en grandissant on gagne en autonomie et qu'on a moins besoin de nos parents, tu comprends ?

— Oui, je crois que je comprends, mais tu l'as quand même un peu abandonné non ?

— Je ne l'ai pas vraiment abandonné il est toujours dans ma chambre et même si je ne dors plus avec à proprement parler le voir sur mon étagère me rassure.

— Tu m'as fait un peu peur quand tu as crié parce que j'avais pris ton doudou, j'ai cru avoir fait une grosse bêtise alors que j'avais juste besoin de réconfort, dit Mary avec un air triste.

— Je ne voulais pas te faire peur, ma petite Mary, je t'autorise à prendre de temps en temps mon doudou si cela peut te réconforter, dit-elle en souriant.

— Merci grande sœur, mais pourquoi les relations changent comme ça en grandissant ?

— Il faut que tu comprennes qu'avec certaines personnes les relations changent on se parle, on se parle plus, on se reparle, on se sépare on se remet "ensemble" , des liens se créés d'autres se défont puis refont enfin la vie est une succession de rencontres plus ou moins bonne mais seuls les personnes qui t'aiment pour ce que tu es vraiment resteront jusqu'au bout avec toi, méfient toi des profiteurs, manipulateurs ils sont partout, mais profite de la vie quand même ne devient pas parano et ne rejette pas les gens qui viennent à toi et si tu as besoin de parler tu peux venir me voir, saches que je ferai mon possible pour t'aider et faire en sorte que tu sois heureuse. Je t'aime ma petite Mary.

Les larmes aux yeux tu la prends dans tes bras avec moi entre vous deux.

— Merci ma grande sœur, je t'aime aussi et oui je veux bien avoir doudou de temps en temps.

Elle nous sert tous les deux fort dans ses bras.

Recueil d'histoires courtesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant