Chapitre 1.2 - Ciara

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Mes doigts effleurent ma joue à l'endroit où il a passé son pouce. Je frissonne au souvenir de la décharge que sa caresse a provoquée dans mon corps. Quant à sa façon de me regarder... J'augmente la vitesse pour tenter de chasser ses yeux bleus électriques de ma tête. Les kilomètres défilent. Encore neuf heures de route avant d'être chez moi, la journée de demain s'annonce difficile.

La nuit tombe, je ne pourrai bientôt plus profiter du splendide paysage écossais pour passer le temps. Sa nature brute, ses landes parsemées de fougères et d'énormes rochers, ses collines, les Glens des montagnes, ses lochs étincelants, ses vaches Highlands si particulières avec leur frange...

L'Écosse me manque. Seanmhair* aussi. C'est pour ma grand-mère adorée que j'ai roulé de Londres jusqu'à Fort Augustus, au pied du loch Ness. Je n'avais pas remis les pieds ici depuis longtemps. Elle était si heureuse de me recevoir chez elle, dans la maison Graham près de la forêt, celle où j'ai passé tant de bons moments quand j'étais enfant. Celle où grand-père m'a donné goût à la mécanique.

Ces vingt heures de route en trois jours valaient le coup, cette escapade m'a fait un bien fou. J'avais besoin de pousser mon bolide sur ces routes pittoresques, de rouler pour oublier, accompagnée de musique K-pop à fond. La bicoque de seanmhair, une ancienne black house* modernisée il y a quelques années, reste le lieu idéal pour se changer les idées. Surtout avec la fougue de sa propriétaire.

Ce qui n'était pas prévu, c'était cette rencontre inopinée. Me voilà avec de quoi alimenter mes fantasmes quelques nuits. Son image s'immisce dans ma tête : sa grande silhouette, son allure musclée, un brin négligée, son regard pénétrant... Sa manière de me contempler m'a enflammée. En quelques minutes, cet énigmatique beau brun aux cheveux longs a attisé les braises que je tente d'éteindre depuis un moment.

Un sourire béat se niche sur mon visage. Je ne vais rien en tirer de bon. Penser à lui de cette façon risque de m'attirer des problèmes, voire de me faire replonger. Cependant, ses iris topaze qui me transpercent et me sondent, ses lèvres appétissantes qui s'entrouvrent... Un très beau spécimen d'ours a percuté mon corps.

Arrête, ne va pas sur ce terrain-là. Concentre-toi.

Je ne sais même pas comment il s'appelle... C'est sans doute mieux ainsi. Sans nom, il restera un inconnu croisé par hasard sur une petite route près de la A82.

— Non mais franchement, je pouvais pas tracer tout du long sur le grand axe ? Y a pas d'ours sur le grand axe...

Un long soupir s'échappe de ma bouche. Je me suis aventurée sur ce chemin de campagne pour admirer une dernière fois le panorama avant de retrouver mon quotidien londonien, pesant de temps à autre. Il a fallu qu'il soit en panne à ce moment-là. Comme par hasard. Et je n'ai pas pu m'empêcher de m'arrêter pour l'aider. Évidemment.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai fait mon petit effet. Sa façon de poursuivre la discussion avant que je m'en aille, comme s'il voulait prolonger cet instant hors du temps... Son regard était brûlant, le mien devait l'être tout autant.

Ça suffit ! Oublie-le, tu ne le reverras jamais.

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*Seanmhair : grand-mère

*Black house : ancien type d'habitation dans les Highlands à pièce unique, aux murs en pierres sèches et à toit de chaume, où cohabitaient les hommes et les animaux, séparés par une cloison.

ღ ℬ𝓸𝓷𝓷𝓲𝒆 ℋ𝓲𝓰𝓱𝓵𝓪𝓷𝓭𝓼 ღOù les histoires vivent. Découvrez maintenant