Après avoir laissé les chevaux sous la surveillance d'Ébène à l'extérieur, Soren et Mezhelan entrèrent dans la taverne à côté de la porte ouest de la capitale, pendant que ce dernier regarda autour de lui avec curiosité. Les tables en bois massif étaient éclairées par les flammes vacillantes des chandelles, projetant des ombres dansantes sur les visages des convives, et créant une atmosphère chaleureuse. L'air était empli des senteurs enivrantes des ragoûts mijotant dans les marmites des cuisines. Elles flottaient jusqu'aux narines des clients, les invitant à succomber à la tentation. Et le brouhaha joyeux des conversations formait une symphonie de sons, accompagnée des bruits réconfortants de couverts et de verres s'entrechoquant, chaque chose venant ajouter une note distinctive à ce concert de vie et d'échanges.
"Venez, asseyons-nous là-bas." proposa Soren en se dirigeant vers une table, non loin des cuisines.
"Soren !" interpella le patron des lieux, alors qu'il voyait le guide s'installer sur un tabouret : "Ça faisait un moment qu'on ne t'avait pas vu dans le coin ! Comment tu vas, gamin ?"
"Bonjour, vieillard ! Je vais bien et toi !?" répondit Soren avec effronterie.
Le quinquagénaire lui mit d'abord une claque derrière la tête pour le réprimander, avant d'enrouler son bras autour de son cou en disant : "T'oserais le redire, petit merdeux !"
Soren tapa sur le bras de l'homme en espérant l'inciter à lâcher prise, tout en disant de façon étouffée : "Arrête ça, ne tue pas tes clients, vieux fou !"
"C'est comme ça que tu parles à tes aînés !?" répondit l'homme avec autant d'amusement que de contrariété.
"Je vous prie de bien vouloir cesser d'étrangler mon guide, s'il vous plaît." demandait spontanément Mezhelan en fixant calmement la scène des yeux.
Le patron de la taverne se tourna vers le jeune homme avec étonnement, avant de lâcher un Soren qui retombait directement le cul sur son tabouret : "Je ne t'avais jamais vu par ici, toi !" s'étonna-t-il.
"Je n'étais jamais venu." répondit simplement Mezhelan en jetant un coup d'œil sur son camarade.
"C'est ton ami ou ton client, Soren ?" questionna directement l'homme vers ce dernier.
Celui-ci sembla plein d'hésitation, puis choisit finalement de répondre : "Mon client."
Le patron sembla un peu surpris et demanda : "Tu vas où, cette fois ?"
"A Millepins." répondit brièvement Soren en regardant Mezhelan en train de prendre place en face de lui.
"C'est où ça ?" demanda l'homme en levant un sourcil.
"C'est une bourgade à deux jours et demi de cheval vers l'ouest, à côté de la frontière nord." répondit Soren.
"Ah... bah, tu feras gaffe quand même. Tu connais les rumeurs sur la Forêt aux disparus, elle ne porte pas son nom par hasard..." mit en garde l'homme avec sérieux.
"T'en fais pas pour moi, vieillard. Tant qu'on respecte les règles, ça devrait aller." répondit solennellement Soren.
"Quelles sont ces règles ?" demanda Mezhelan avec curiosité. Il savait parfaitement que la Forêt aux disparus était la frontière naturelle nord du royaume. C'était une forêt qui s'étendait sur plus d'une centaine de lieues, depuis les pics de l'est jusqu'en Westanie, le royaume voisin. Et personne ne savait ce qui s'y trouvait, ni si elle prenait fin quelque part, car nul n'en revenait jamais. Il y avait de nombreuses rumeurs sur des monstres et autres créatures qui y vivraient, mais les gens avaient depuis longtemps mis leur curiosité de côté au profit de la sagesse de ne plus s'y rendre du tout, sauf pour les personnes qui souhaitaient sciemment mourir.
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Destins croisés
FantasíaUne paix fragile, cinq élus, un jeune mage face au destin. En des moments et en des lieux différents, cinq êtres se retrouvent au centre d'une prophétie qui les lie les uns aux autres. Alors qu'ils seront impactés différemment par l'invasion d'un en...