Chapitre IX

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Le son de la plume qui grattait le papier, était sûrement mon préféré. Le silence qui accompagnait nos révisions dans un coin reclus de la bibliothèque était bienfaiteur et calmait mon angoisse. Ce poid invisible qui écrasait pourtant mon estomac le reste de la journée, semblait s'être atténuer pendant que mon regard parcourait les lignes de mots sur mon manuel d'histoire de la magie. Les cours du professeur Binns étaient assommants, mais l'histoire était une matière passionnante.

À l'aide de ce manuel, je tentais de retracer toutes les épreuves du tournoi des trois sorciers qui avaient déjà eues lieu, afin de me préparer à celle qui aurait lieu demain. Un mois entier s'était écoulé depuis mon escapade nocturne. Un mois entier, durant lequel j'essayais de réparer mon cœur, qui se brisait inlassablement lorsque mon regard tombait sur le large sourire que Sebastian adressait à Adélaïde.

Concentre toi Tasha. Le tournoi.Je me flagellait mentalement pour me recentrer sur ses immondes épreuves : Des combats contre des Dragons, une descente aux enfers dans les mines infesté d'accromentulas, course contre des fangieux, arène de combat, etc. Ce qui m'effrayait le plus, c'était l'armée de détraqueur. J'étais toujours incapable de produire un patronus. Pas même un simple filet argenté. Si je devais en affronter, je serais fichue, détruite par le baiser du détraqueur. Il n'était pas mortel, pourtant, se faire aspirer l'âme était irréversible, condamnant l'incapable à des années d'errance dans la folie et la souffrance de l'ombre.

Poppy soupira en face de moi. Elle dessinait un petit Occamy sur son parchemin avec différentes perspectives. La petite brune travaillait sur son devoir de soins aux créatures magiques, mordant sa lèvre inférieure, signe qu'elle était concentrée, et son petit nez retroussé semblait se mouvoir en même temps que le crayon dès qu'elle changeait de position.

Mon regard se dirigeait maintenant vers ma droite, Ominis dormait paisiblement la tête posée entre ses bras. Il n'avait rien à réviser, mais avait tenu à nous accompagner. Il appréciait la compagnie de Poppy, lorsqu'elle était silencieuse. Ça il me l'avait dit. Mais je savais qu'il faisait tout pour rester près de moi depuis que je me suis écroulée en salle sur demande. Je n'avais que très peu de souvenirs de cette nuit-là. Pourtant, la quiétude ressentie le lendemain matin près d'Ominis, avait été salvatrice.

Depuis, nos gestes étaient empreints d'une nouvelle connexion, plus fluide et secrète. Même s'il ne pouvait me voir, son regard cherchait toujours à s'accrocher au mien. Il restait près de moi, plus attentif à ce que je faisais ou disais, tel un grand frère que je n'avais jamais eu, sans vraiment l'être. Un ange gardien, un protecteur, qui apaisait mes moindres états d'âme.

Une mèche blonde et rebelle tombait sur ses yeux. Lui qui mettait un point d'honneur à plaquer correctement ses cheveux en arrière tous les matins, avait oublié celle-ci. D'un doux geste, mes doigts avaient lentement effleuré son visage avant d'attraper la boucle blonde, et de la replacer délicatement derrière son oreille.

Je lachait un long soupir que je ne savais pas retenir, soulagée que son sommeil ne soit pas perturbé.
"Tasha ?" Le murmure de Poppy captait mon regard sur le sien interrogateur. Un fin sourire étira alors ses lèvres. "Tu es prise d'affection pour le Prince de Serpentard ?" Sans que je ne comprenne pourquoi, mes joues piquaient un fard. Madame Scribe, la sévère bibliothécaire passait près de notre table, m'empêchant de répliquer. Lorsqu'enfin la vieille femme fut passé, et que je m'apprêtais à répondre à mon ami, Poppy me coupait dans un joyeux chuchottement. "J'ai déjà ma réponse. Ne te fatigue pas."

Je soupirait, incapable de me défendre. Mais si je l'avais pu, j'aurais aimé dire à Poppy, que je voulais être capable de rendre à Ominis, la moindre attention qu'il avait envers moi. Pas plus tard que la veille, mon encrier s'était retrouvé vide pendant le cours de divination. Je n'avais pas eu besoin de lui dire, d'un simple geste, il avait mis le sien entre nous deux.
Ominis était attentif à mes besoins, et je tentais de lui rendre au mieux. Il ne méritait pas moins, à mon humble avis.

Imperfect LegacyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant