03. Meurt, silencieusement.

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Amra.






Cargo.
7h30.





— Comment tu vas depuis la dernière fois ?

— Mmmmh... je sais pas, une côte cassée ça fait mal quand même. Tu trouves pas, lui demandé-je sarcastiquement.

Il a murmuré un « je m'en doute... » avant de se terrer dans un silence. S'il est venu me déranger dans mes réflexions, va bien falloir qu'il parle. Sinon j'allais vraiment lui donner cette tape au cul.

La dernière fois que j'ai vu Adrian, c'était pour mon retour pour les États-Unis. Après avoir passé une semaine en Russie.

Cette fois-là, je m'étais attiré quelques problèmes sur le port avant d'embarquer. Je me suis battue avec un marin mais ma fierté a plus souffert que ma côte. Et j'ai la nette impression qu'il m'aurait tuée si Adrian ne m'avait pas sortie de là.

J'ai omis le fait que sur le chemin vers la Russie, moi et Adrian avions couché ensemble ?

— Je deviens demeuré ou t'étais en train de m'éviter ?

Il a pris place à côté moi, en prenant appui sur ses coudes. Mes pieds bougent de gauche à droite au-dessus de l'eau.

— Tu t'es mise à l'aise.

Encore heureux ?

— Encore heureux, déjà que je reste dehors sans vous embêter c'est déjà un très gros effort, riais-je doucement.

Il rit face à mon honnêteté.

Les yeux bleus d'Adrian se plantent dans les miens. Je revois un peu toute la scène de ce qu'il y a eu entre nous, et malgré le manque absolu de sentiment, je clame sa légitimité face à son comportement. Il m'a ignoré, il avait raison.

Toujours vêtue de son uniforme bleu de second. Toujours avec ses cheveux parfaitement coiffés. Toujours ce corps très bien conçu.

Bon aller Amra, concentre-toi.

Pendant un temps qui a été tellement court qu'il n'a presque pas existé, je me suis dit « Ait, garde ta langue dans ta poche, il est gêné facilement... ».

Je dois écouter cette voix.

— J'ai envie de te croquer Adrian, lui souriais-je.

J'ai sincèrement envie de rire en constatant ses joues s'enflammer timidement. Mais je me suis contentée d'un sourire en coin, j'ai souris si fort que je sens ma seule fossette, gauche, se creuser.

— On peut pas recommencer ça.

Il a détournés les yeux.

Je n'allais pas nier le fait que Adrian me plaisait fortement, physiquement parlant. Je lui avais tourné autour pendant près d'une semaine lors d'un de mes voyages vers l'Europe. Ce qui change énormément de mon attitude hostile et prétentieuse envers la plupart des hommes.

— Tu sais que je vais rester ici plusieurs jours, je prononce en me redressant.

En quelques jours, j'avais pris le temps d'analyser Adrian.

Quand il me fait ce regard-là, je savais que ça voulait dire qu'il n'allait pas prendre la peine de se contrôler.

J'ai raison.

À peine ma pensé actée, qu'Adrian fonce sur mes lèvres. Contre ses lèvres, j'ai souris. C'est satisfaisant d'avoir toujours raison. J'ai pris appuie sur mon genou.

Ses mains sont venues emprisonner mes joues alors que les miennes ont saisi son cou.

Un lourd son emplis de désir brûlant s'est fait entendre de son côté lorsque ma main froide est venue longer ses abdos.

— Tu m'adores trop pour me résister, soufflé-je.
















9h00.






Mais Allongé dans le lit qu'Adrian occupe à ses heures de repos, je fais bouger le bâtonnet blanc dans ma bouche.

Il dort, totalement nu.

Des flashs me reviennent, ça me fait presque rougir. Après l'acte, c'est toujours un peu malaisant, même pour moi. Ses cheveux sont maintenant décoiffés et légèrement long. Il ne les a peut-être pas coupées.

Un drap blanc couvre son intimité pendant que son bras gauche est sous sa nuque.

Il a l'air âgée, je ne lui ai jamais demandé.

Je lui donne la trentaine honnêtement.

Quant à moi, j'ai pris la peine de me rhabiller, mettre ses vêtements m'aurait trop dégoûté, j'ai remis les miens. En me redressant pour m'appuyer contre la tête du lit, mes yeux sont tombés inévitablement sur mes cuisses. J'ai eu un frisson de dégoût.

Je n'ai jamais commencé à détester mes cuisses.

Ça a toujours été le cas.

J'ai vite détourné les yeux, ne supportant pas cette vision d'horreur.

— Il est quelle heure... entendais-je une voix à ma gauche.

Adrian vient de se réveiller.

— Je sais pas, vers 9h je crois.

Il s'est instantanément redressé. Il m'a fait comprendre à plusieurs reprises que le poste de second été un travail à temps pleins.

Il s'est dirigé vers la salle de bain de sa cabine et quelques secondes plus tard, j'ai entendu le bruit de l'eau ruisseler. Vingt minutes plus tard, il est ressorti. Habillé, parfaitement coiffé et tout propre comme un petit garçon avant sa rentrée scolaire.

— Je suis en retard, désolé, souffle-t-il avant de définitivement claquer la porte de sa cabine.

Je n'ai même pas eu le temps de répliquer.

— Petit con va, crachais-je agacé.

Son comportement m'étonne même pas. C'est courant et encore pire quand il s'agit d'Adrian. Cette enflure était certes affreusement beau, mais c'est aussi un petit con. Comme je le dis si bien. Il se barre vite après l'acte, et il remet ça sur sa timidité qui s'envole aussitôt que nous entrons dans sa cabine.

Ça j'en suis parfaitement consciente, et je suis aussi consciente que c'est mauvais et destructeur pour moi.

Mais soyons clairs, qu'est qui m'empêcherai de le faire ? Je ne ressentais pas la douleur dans l'immédiat, ça m'importe peu.

Je suis restée sur cette conclusion.

En me disant que le voyage allait être extrêmement long...










AMRA ; Alkhayin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant