Chapitre 1 Un nouveau monde

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Dans la petite ville de Greenhaven, ma vie était une toile monotone, peinte avec les nuances ternes de la routine quotidienne. Chaque jour se levait avec la promesse d'une répétition inévitable, un cycle de normalité que je connaissais par cœur. Je me réveillais chaque matin dans mon lit, un sanctuaire de solitude dans mon appartement modeste, meublé avec une simplicité fonctionnelle qui reflétait mon existence sans éclat. Les murs étaient ornés de cadres contenant des images de paysages lointains et de villes fantastiques, des fenêtres vers des mondes que je ne pouvais qu'imaginer. Ces images étaient mes échappatoires, des portes vers des aventures que je rêvais de vivre, loin de la banalité de ma réalité.

En me préparant pour la journée, chaque geste semblait chorégraphié par la répétition de tant d'années similaires. Je choisissais des vêtements simples, sans couleur ni caractère, comme pour souligner le peu d'importance que je donnais à l'apparence dans un monde où tout semblait prédestiné. En partant pour le travail, je traversais les rues de Greenhaven, une ville où chaque coin de rue, chaque boutique, chaque visage m'était familier. Les gens se ressemblaient tous, avec leurs regards vides et leurs sourires automatiques, des âmes errant dans un labyrinthe de normalité.

Le trajet vers mon travail était un parcours que je pouvais faire les yeux fermés, connaissant chaque virage, chaque feu de signalisation, chaque fissure sur le trottoir. Le bureau où je travaillais était une mer de cubiques gris, un océan de monotonie où les vagues de conversations banales et de clics de souris se fondaient dans un bruit de fond constant. Chaque jour, j'y entrais avec une résignation tranquille, m'installant à mon bureau pour accomplir les mêmes tâches répétitives, un rituel qui semblait dépourvu de sens ou de but.

À midi, je mangeais mon déjeuner seul, généralement un sandwich préemballé accompagné d'une pomme, dans la petite salle de repos impersonnelle. Je m'asseyais souvent à la fenêtre, regardant les passants, imaginant leurs vies, leurs histoires, leurs rêves cachés. Parfois, je me perdais dans ces pensées, m'échappant de la réalité pour quelques instants précieux, avant que la sonnerie de mon téléphone ne me ramène à la dure réalité de mon environnement austère.

Le soir, je rentrais chez moi, fatiguée non pas par le travail, mais par l'épuisement de vivre une vie sans passion. Mes seuls moments de répit étaient les heures que je passais plongée dans les pages de mes romans préférés, des histoires de mondes fantastiques, de héros courageux, et d'aventures épiques. Ces livres étaient mes trésors, des portails vers des univers où l'ordinaire laissait place à l'extraordinaire, où chaque moment était une aventure, chaque décision une question de vie ou de mort. Dans ces mondes, j'étais plus que juste Léa de Greenhaven; j'étais une exploratrice, une guerrière, une héroïne. Mais à chaque fois que je refermais un livre, la réalité de mon existence me frappait de plein fouet, un rappel cruel que ma vie était tout sauf l'aventure que je désirais tant.

Ce sentiment de manque, ce désir ardent d'échapper à la monotonie, était ce qui me poussait à chercher, même inconsciemment, une porte de sortie. Je ne savais pas encore que cette porte allait bientôt s'ouvrir, m'entraînant dans un tourbillon d'événements qui allaient changer ma vie à jamais.

Ce samedi matin, j'avais décidé de rompre avec la routine et de me perdre dans les bois entourant Greenhaven. Ce n'était pas une forêt particulièrement remarquable, mais pour moi, elle représentait un refuge, un lieu où je pouvais échapper, ne serait-ce que pour un instant, à la monotonie de ma vie. Alors que je m'enfonçais sous le couvert des arbres, une sensation étrange commença à m'envahir. L'air semblait plus vif, chargé d'une énergie que je ne pouvais ni voir ni toucher, mais que je ressentais profondément. C'était comme si la forêt elle-même respirait, vivante, et que chaque respiration m'attirait plus profondément dans son étreinte.

Capturée par les ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant