Chapitre 5 : Avenirs

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Mars 2023

L'année passait extrêmement vite. Trop vite. Les terminales étaient complètement sous l'eau. Entre les épreuves de spé dans 1 semaine, les vœux parcoursup et la préparation du grand oral, le stress rongeait tout le monde. La philo était clairement anecdotique, personne ne la bossait. De mon côté, la première était quand même assez stressante, le bac de français arrivait à grand pas et l'ambiance générale était assez morose.

Heureusement, le soleil était de retour et la température se fit de plus en plus douce. Le printemps arrivait, et on put commencer à réviser en plein air.

Je marchais dans la cour avec mes amies lorsqu'on croisa Simon et son groupe d'amis assis sur les bancs en pierres blanches en train de réviser. Et...ELLE était là.

Cette fille...elle était tellement énervante purée. A chaque fois que je la croisais avec son mec, elle se débrouillait pour se coller encore plus à lui, quitte à le pousser comme une conne. Mais cette fois-ci, elle fit quelque chose de bien plus horrible.

On était qu'à 2 mètres d'eux, elle m'avait vu. Elle se pencha lentement sur lui, et l'embrassa de force sans prévenir. Cette connasse lui aspirait la bouche sans son consentement. Il était complètement sous le choc, n'osait pas faire quoi que ce soit.

Pdv Simon

Elle était en train de m'embrasser. Alix, cette fille qui me servait de petite copine pour essayer de l'oublier. On n'avait jamais vraiment officialisé. On ne s'était jamais embrassés, juste quelques smack.

Le contact de sa bouche avec la mienne me dégoutait. Son haleine puait le chewing-gum à la menthe, elle l'avait d'ailleurs toujours en bouche. Je voyais David nous regarder, les larmes aux yeux. Je me rendis compte qu'il tenait à moi lui aussi.

On ne s'était pratiquement jamais parlé. Je ne suis parti le revoir qu'une seule fois pendant les dernières vacances d'été pour voir s'il allait mieux après...sa tentative de suicide. On avait rapidement sympathisé, mais j'avais déjà compris à l'époque que ses souvenirs de cet événement s'estompaient rapidement. Je croyais au début qu'il faisait semblant de faire comme si rien ne s'était passé, mais j'ai vite réalisé que son cerveau lui jouait des tours.

J'ai donc décidé d'arrêter d'aller le voir, croyant que c'était la meilleure chose à faire pour le guérir de son traumatisme. Mais j'avais tort. Ce soir-là, lorsque je l'ai sauvé, lorsqu'on s'est regardé dans les yeux, quelque chose s'est allumé en moi, une étincelle que je ne connaissais pas encore, une émotion que je ne comprenais pas.

Mais il a fallu que je merde...encore. Je faisais du basket, j'étais dans le milieu sportif depuis tout petit. Et qui dit sport dit homophobie la plupart du temps...en tout cas chez les garçons. J'ai jamais compris cette nécessité de prouver sa virilité en dénigrant les filles et les "tapettes" dans les vestiaires, mais je savais que ce n'était pas normal.

J'ai grandi en ayant la chance d'être entouré de personnes ouvertes d'esprit qui m'ont bien éduqué. Alors que David...j'ai vite compris qu'il n'avait pas eu cette chance d'être entouré d'amour et d'affection.

Malgré tout ça, je n'arrivais toujours pas à concevoir la possibilité de sortir avec un garçon. C'était impossible! Je ne pouvais pas!

Mais lui...il faisait battre mon cœur plus vite que la normale, dès notre première rencontre. Je me surpris à m'imaginer l'embrasser lui au lieu d'Alix. Il était magnifique. 1 mètre 74, fin, les cheveux noir de jais, les yeux marrons clairs...Lorsque nous étions dans ce champ, quand le soleil s'est couché, ses rayons orangés s'étaient reflétés dans ses pupilles, leur donnant des reflets dorés, presque irréels. J'avais réussi à me renseigner sur lui, je connaissais tout de lui. Il avait des origines chinoises, métissé à des origines créoles (Afrique ou Madagascar) qui lui donnaient un charme incroyable. Le mélange s'harmonisait parfaitement bien, avec sa peau allant de mate à basanée. Il avait de légères cicatrices marrons claires sur les extrémités des joues, comme des tâches de rousseurs, qui le rendait encore plus beau.

Et ses lèvres...elles étaient juste...hypnotisantes. Celles inférieures étaient plus larges que celles d'en haut. Elles étaient uniques, rares. Je voulais y goûter, y plonger les miennes. Déposer ma marque, les appartenir.

C'est là que la réalité me frappa, j'étais en train d'en embrasser d'autres. Alix était là, collée à moi, en train de littéralement violer l'entrée de ma bouche. Je la repoussai violemment, manquant de la faire tomber du banc, à la surprise générale.

- Mais qu'est ce qui te prend putain ?! C'était parfait et t'as tout gâché bordel !!

Ce qu'elle venait de dire me mit dans une colère noire. Non pas contre elle, mais contre moi-même. Elle avait raison, j'avais tout fait foiré. J'ai agi comme un con, me posant des barrières et des limites invisibles complètement stupides.

Je ne répondis pas à sa question et me retournai vers lui.

Il avait disparu. Il était parti, sans dire un mot. Je venais de briser son cœur.

Pdv David

Il l'avait fait. Ils s'étaient embrassés devant moi. Le message était on ne peut plus clair : il ne voulait pas de moi.

Je savais qu'il ne fallait pas me faire de faux espoirs, que je surinterprétais les choses à chaque fois qu'un gars daignait m'accorder un peu d'attention. Malgré ça, je m'étais attaché, sans le vouloir. Qu'est ce que j'allais faire maintenant ? Comment j'allais pouvoir passer à autre chose ? C'était juste inconcevable pour moi de me dire que rien ne pourrait se produire entre lui et moi. Je rêvais de lui. Je pensais à lui tous les jours. Je le voyais tous les weekend, s'entraîner au city de ma ville, à jouer au basket avec son meilleur ami Laurent.

Mais maintenant qu'il était en couple, il fallait que j'arrête de le voir, que je me débarrasse de toutes mes pensées sur lui. Il fallait que j'oublie.

C'est là que j'aurais bien aimé subir à nouveau une amnésie provisoire. Mais bien évidemment, mon cerveau n'en faisait qu'à sa tête et refusait de cacher les souvenirs que j'avais de Simon...

Après avoir couru pendant de longues minutes pour fuir le plus loin possible ce que je venais de voir, je m'arrêtais devant la "School of business", située près de mon lycée. C'était une école de commerce prestigieuse qui avait une réputation importante dans le milieu des études supérieures. Le plus difficile c'était d'y entrer, en allant faire une prépa pour préparer le concours. Mais une fois qu'on y était, c'était la belle vie, et la plupart des personnes que je connaissais qui y étaient disaient qu'on y apprenait pas grand chose, et qu'on payait juste pour le prestige du diplôme à la fin.

Deux femmes parlaient derrière la haie qui nous séparait. Cette dernière n'était pas très haute et je pouvais voir au-dessus le parking des professeurs et du personnel. L'une des deux femmes avait ouvert la porte de sa voiture : une Mercedes.

J'allais partir vers mon arrêt de bus pour rentrer chez moi, ne me sentant pas capable d'aller aux cours de l'après-midi, lorsque leur conversation piqua ma curiosité.

- Mon mari a été clair, on va devoir commencer à investir dans des abris souterrains, voir anti atomique.

- Mon dieu! Tu y penses vraiment ? Ca me parait un peu exagéré non ?

- Claire, tu ne rends pas compte de ce qui se passe. Tous les signes sont là. On a des contacts au sein de toutes les hautes sphères. Monsieur le directeur en a parlé, et je te rappelle qu'il est ami avec plusieurs ministres. Ce qui se passe là-bas est en train de s'enliser. Poutine va bientôt péter un câble, il n'a plus beaucoup de temps devant lui, il veut absolument atteindre son rêve avant de mourir.

- Il faut que je m'y mette aussi alors...les médias en parlent moins cette année, tout est devenu "normal", mais c'est vrai que j'avais entendu que ça bougeait au niveau de l'état major français.

- Exactement, ils ont été clairs jusqu'à maintenant : l'utilisation de l'arme nucléaire était un non sujet. Aujourd'hui, ils y réfléchissent, ce qui veut dire que les tensions actuelles sont pires que durant la guerre froide. Il faut s'attendre au pire.

Ce que je venais d'entendre me faisait froid dans le dos. Les pièces du puzzle commençaient à s'emboîter. D'abord ces hommes en Allemagne, maintenant elles.

Je finis par prendre le bus, rentrant chez moi, ne sachant pas quelle excuse j'allais sortir à mes parents pour justifier le fait que je séchais les cours. 

Le garçon aux cheveux dorésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant