Chapitre 21

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   J'ai rarement vu Cass aussi énervée qu'en cet instant. Elle se trouve à deux doigts de sauter sur la pauvre Sara qui n'est pourtant pas responsable de la décision de ma mère. C'est clair qu'elle est aussi enchantée que moi à l'idée de passer nos repas ensemble. Mon amie, elle, s'apprête à commettre un meurtre.

   Pas parce qu'elle va se retrouver avec Thomas (et Dylan le jeudi) sans moi mais parce qu'elle sait pertinemment à quel point ça m'affecte. Le cours de danse est donc plus que tendu, ce qui nous vaut pas mal de remarques du prof.

   Désolé mais je n'ai pas la tête à ça. D'ailleurs, je danse comme un manchot tant mon humeur ne fait que décliner depuis mon réveil.

– Désolée mec, je lance à Dylan après lui avoir encore marché sur le pied.

   Celui-ci pose ses mains délicates sur mes épaules pour m'aider à retrouver l'équilibre.

– Pas de ça avec moi, chouquette.

   Oui je sais, il m'appelle comme ça de temps en temps, en référence à une situation plus que honteuse (dont je ne parlerai pas) dans laquelle je me suis retrouvée au collège. Mais bon, c'est devenu affectueux entre nous. Bon à savoir : en échange il a hérité de Choupi. Je ne trahirai pas le pourquoi.

   Par conséquent, je passe le reste du cours malgré mes efforts à créer de nouveaux bleus à mon ami. Au passage, j'essaie de calmer Cass du mieux que je peux ; une vraie multitâches.

   C'est le pas traînant qu'on arrive en anglais. Le visage de Bernaud est le dernier que j'ai besoin de voir aujourd'hui. Je suis à deux doigts de sauter par la fenêtre mais n'en fais rien. Thomas vient d'entrer. Il porte de la couleur. Suis-je en train de rêver ?

   Je le regarde avec de grands yeux. Son bas de jogging vert sage lui va affreusement bien. Il fait ressortir le peu de vert présent dans ses yeux noisette. Avec ça, il a opté pour des baskets et un sweat à capuche noir tout simples, qui s'accordent plutôt bien. Je lance un regard à Cass qui, elle aussi, a la bouche grande ouverte et cligne plusieurs fois des yeux.

   Les joues de Thomas prennent une teinte rosé, je parie que ce n'est pas dû au froid mais à notre expression. Ça me donne envie de rire, or j'en suis incapable parce que je fonds.

   La pièce s'est réchauffée d'au moins dix degrés. Il est beaucoup trop mignon comme ça, parfois c'est horriblement agaçant. Mais depuis hier, je ne suis capable de ressentir un tel sentiment envers lui.

   Ça me fait penser, Cass ne m'a pas refait d'interrogatoire après ses cent mille messages d'hier soir. Avec le coup bas que de ma mère, elle a dû oublier. J'hésite à la relancer sur le sujet pour la divertir.

   Pour le moment, Thomas constitut un assez bon centre d'attention. Comme toujours, il reprend sa place derrière nous (cette fois débarrassé de la blonde). Je cherche le meilleur commentaire sur son changement à lui lancer, sans parvenir à trouver les mots. Je déteste quand il me fait ça.

   Je meurs d'envie de me retourner, je suppose que mon amie aussi. Mais la menace que représente Bernaud est bien trop grande. Cette fois, ça me dérangerait vraiment d'être privée de mon temps libre afin de passer une heure en tête à tête avec elle pour une durée indéterminée.

   Avant, ce n'était pas si terrible, ne pas traîner avec la bande ne me déplaisait pas tant que ça ; mais désormais, ça serait un calvaire.

   On passe donc toute l'heure terriblement silencieux. Ce qui est affreusement compliqué avec Thomas qui passe sans arrêt son stylo dans mes boucles (qui en ce moment sont potables) pour m'embêter. Il joue avec le feu. Je ne sais pas comment il a fait, s'il a usé de son charme ravageur sur la prof, mais il s'en est sorti indemne. Respect.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant