Cher journal, ça fait longtemps que je n'ai pas écrit ! J'ai bien grandit depuis la dernière fois que je t'ai raconté mes histoires. Mais pour que tu saches qui je suis maintenant, il faut que je revienne un peu dans le passer.
J'ai quitté le lycée sans le bac... A cause d'une absence éliminatoire à l'une des épreuves... Les garçons du foyer, qui était aussi en terminal avec moi, ont décidé conjointement de bloquer la porte de ma chambre pour que j'arrive en retard à mon épreuve... Je me souviens avoir hurler pour que quelqu'un vienne m'ouvrir, mais les gardiens étaient trop occupés à roupiller après leur soirée de beuverie quotidienne. Je me souviens avoir beaucoup pleurer aussi... J'avais travaillé d'arrache-pied dans l'espoir d'obtenir une bourse pour l'université et enfin quitter cet enfer, et tous mes espoirs c'était briser ce matin-là. Quand les gardiens se sont enfin levés et ont enfin décidé de faire leur ronde pour vérifier que tout le monde était parti pour l'école, Ils sont tombés nez à nez avec la chaise qui bloquait la porte de ma chambre, mais évidemment, quand ils ont ouvert, ils n'ont pas cherché à comprendre et c'est moi qui ai dû subir la punition... La gifle que j'ai reçue, en plus de l'interdiction de quitter cette maudite chambre pendant 2 jours, a servis de déclencheur. Je devais partir. Le plus tôt possible.
Lorsque j'ai eu 18 ans révolue quelques semaines plus tard, j'ai pris mon vieux sac de cours, dans lequel j'avais enfourné les quelques vêtements que j'avais, ma trousse d'outils de tricot et de crochet, mon carnet de croquis et les 50 § que j'avais réussi à conserver, non sans peine, et j'ai quitté le foyer à une heure si matinale que personne n'était en état de m'en empêcher. Une fois le grand portail franchit, armée de mes rêves et mes espoirs retrouvés, je me souviens m'être dis que ça n'allait pas être les murs glacials de ce maudit orphelinat qui me manqueraient !
Enfin, ça, c'est ce que j'ai cru quand je suis partie... Je pensais qu'une fois à San Myshuno, ma situation allait changer avec l'ouverture des possibilités. Mais en vérité, la grande ville est le pire endroit pour une jeune fille seule et sans le sou...
Un soir, quelques semaines après mon départ, alors que je cherchais un endroit pour passer la nuit à l'abri, à défaut de la passer au chaud, un homme m'a suivi dans le parc central que j'avais entrepris de traverser. Enfin, je suppose qu'il m'y avait suivi parce que je ne me souviens pas avoir croisé quelqu'un en y entrant avant qu'il ne se jette sur moi. Il avait attrapé la poignée de mon sac si violemment que je m'étais brisée le poignet en tombant.
La douleur avait été si affreuse, que le hurlement que j'avais poussé ce soir-là, avait dû déchirer la nuit et l'avais fait fuir en même temps. Peu après, le gardien du parc était arrivé pour voir ce qu'il se passait. Quand il m'avait vu au sol, plié de douleur, il avait tout de suite appeler les urgences.
Et c'est à partir de ce soir précis que ma vie a vraiment changé. Et cette fois-ci, pour le mieux !
Je n'ai jamais su ce que cet homme avait l'intention de me faire si je n'avais pas hurlé pour mon poignet, et j'avoue que je ne préfère pas y penser.
Le gardien avait insisté pour que j'aille à l'hôpital. Je craignais d'être forcé de retourner au foyer... Mais les pompiers étaient déjà en chemin et la douleur était trop insupportable pour que je puisse m'enfuir et me débrouiller seule de toute façon. Il m'avait alors aidé à me relever et nous étions allés dans son bureau pour attendre au chaud.
Dans mon souvenir, c'était un homme d'une quarantaine d'année avec les cheveux grisonnants et une calvitie naissante. Il fut la première personne à me regarder autrement que comme un déchet ou un morceau de viande. Il y avait quelque chose de paternel dans le regard doux et triste qu'il avait posé sur moi. Et je regrette chaque jour de ne pas lui avoir demander son nom pour pouvoir le remercier, parce qu'après ce soir-là, je ne l'ai jamais revu dans le parc... Lorsque j'ai pu y retourner, c'était un autre homme qui l'avait remplacé, et celui-ci n'a jamais accepté de me communiquer la moindre informations sur son prédécesseur.
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Cher Journal... Tome 1
General FictionLe journal intime. Un support parfois moqué, mais qui peut renfermer tellement de rêves et de belles histoires de vie. Si vous avez envie de découvrir les parcours de vie de personnages parfois haut en couleur et étonnamment proche de nous, vous ête...