L'éclipse

Chapitre 1 : Eden

🎵Dead man - David Kushner🎵 

Il était une fois, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui se levait chaque matin aux aurores pour... Attendez, on arrête tout ! Il était une fois ? Sérieusement ? Il était une fois, c'est pour les contes de fées et malheureusement ma vie est loin d'en être un. Reprenons si vous le voulez bien, un peu plus tard dans la soirée. Reprenons à un moment où les lumières de la maison s'éteignent et où le silence règne. C'est à ce moment là où commence réellement ma journée, quand le soleil se couche. Comme à mon habitude, il m'est assez rapide de quitter ma chambre où j'ai l'impression d'étouffer. Pourtant il est loin de faire chaud dans cette dernière. C'est même plutôt le contraire comme en témoigne le petit courant d'air frais qui traverse la fenêtre. Cela fait presque plus d'un an qu'elle ne se ferme plus mais c'est le dernier souci de cette maison.

Quand, nous avons emménagé ici, dans cette maison, mon petit frère s'était empressé de demander la chambre qui se trouve à l'étage et c'est avec aucune surprise qu'il l'a obtenue. Dois-je faire un commentaire sur qui est le préféré dans la famille ? Malgré tout même si plus petit cela m'avait coûté quelques larmes, disons que maintenant cela est plutôt arrangeant. Je n'ai pas à faire le ninja pour partir ou rentrer de chez moi, juste pousser une fenêtre et me voilà sorti.

Vêtu de noir comme à mon habitude, je me mêlais dans la pénombre des rues de Seattle. Cela fait des années que je fais ça, marcher, ou du moins errer sans faire marche arrière, sans faire demi-tour. Où j'allais me diriez vous ? Je ne sais pas, je laisse mes pas me guider d'une rue à une autre sans vraiment avoir d'objectifs. Il est clair qu'après toutes ces années, je peux dessiner les rues de Seattle les yeux fermés sur une carte. Je connais chaque maison par cœur, chaque coin de rue, chaque boutique...

J'errais comme un chat errant. D'ailleurs, pour la petite histoire, j'en avais adopté un quand j'avais douze ans. Je me rappelle, la nuit venait de tomber depuis déjà quelques heures et à peine étais je sorti depuis dix minutes qu'un bruit venait de briser le silence. Comme il s'agissait de mes premières sorties et que je suis une personne raisonnable disons que j'ai fait la chose la plus adaptée à la situation, j'ai pris mes jambes à mon cou. Une semaine après, j'étais retourné dans cette même rue sans même m'en rendre compte. Quand j'ai vu la même poubelle, le même coin de rue, j'ai hésité quelques secondes avant de passer à cet endroit. Mais lorsque je vis un chaton roux sortir de là, j'ai vite compris que  la dernière fois cela devait être lui aussi.

Je m'étais approché de l'animal aux poils roux et ce dernier, après avoir hésité un bon moment avait fait de même face à mon calme. Je lui avais offert quelques caresses, tandis que lui m'offrait le peu d'amour que je pouvais recevoir à cette époque de ma vie. Je m'étais donc mis assis, là au beau milieu de cette ruelle tandis qu'il me tournait autour en ronronnant. Je souriais pour la première fois depuis des lustres, un sourire sincère et même un petit rire discret mais mélodieux. Mon frère aurait aimé voir ça, me voir heureux, mais hors de question qu'il vienne dans les rues avec moi, c'est beaucoup trop dangereux pour son âge. J'étais reparti lorsque les premiers rayons du soleil pointaient le bout de son nez mais le soir même j'étais de nouveau à la même place et lui aussi. Je l'avais appelé Garfield, en l'honneur à ce dessin animé que j'aimais tant regarder quand j'étais plus petit. Je suis venu chaque soir le voir et j'avais rassemblé toutes mes économies pour lui acheter un paquet de croquettes. J'avais mis le paquet sous mon lit et le soir, je remplissais les poches de mon sweat de ces dernières pour lui donner. J'aimais entendre son ronronnement et je ne pouvais plus me passer de cette compagnie jusqu'à ce jour où Garfield n'est plus revenu. Pendant une semaine, je l'ai appelé, j'ai cherché dans les rues voisines mais il n'est jamais revenu me voir. J'ai mis un mois avant de me faire à l'idée que je ne le reverrai plus et deux avant de jeter le reste du paquet de croquettes. Il m'avait abandonné, il était parti comme avait fait mon père quelques années plus tôt. Moi qui pensais que les animaux étaient fidèles eux ...