Lorsque Soren et Mezhelan se remirent en route, ils s'engouffrèrent sous le rempart de la ville pour rejoindre les faubourgs, et le bruit des sabots frappant le sol résonnait dessous : "Serait-il possible que l'on se tutoie ? On risque de passer du temps ensemble à l'avenir..." questionna Mezhelan.
Soren ouvrit de grands yeux avant de tourner rapidement la tête vers lui : "Je ne suis pas sûr que ce soit approprié... Vous avez un statut bien supérieur au mien." expliqua-t-il en fronçant les sourcils avec réticence.
"Et je suis aussi bien plus jeune que vous... La familiarité est pourtant fréquente avec nos cadets..." argumenta Mezhelan.
"Le sénéchal du roi m'a repris parce que je ne vous ai pas appelé Maître, alors vous tutoyer..." remarqua Soren, légèrement nerveux.
"Ce serait exclusivement entre nous, je comprends votre position... Mais je préfèrerais, sauf si cela vous dérange que moi je vous parle de manière plus informelle." répondit Mezhelan en le regardant pour jauger sa réaction.
"Personne ne me vouvoie jamais de toute façon, alors non... dans ce sens, ça n'a pas la moindre importance." répondit simplement Soren, avant de regarder l'expression du jeune homme pour céder : "D'accord... Mais uniquement entre nous dans ce cas."
Mezhelan inclina légèrement la tête avec reconnaissance : "Je te remercie, Soren."
De l'autre côté du rempart, les maisons étaient plus petites et plus espacées, souvent entourées de petites cours fleuries et de parterres soignés, créant une transition progressive entre l'agitation citadine et la tranquillité de la campagne.
Mezhelan demanda d'un air pensif : "Penses-tu que réparer cette aiguière a servi à quelque chose ?"
Soren leva les sourcils avec une légère surprise, avant de commencer : "Ça dépend ce que vous entendez par..."
"Ce que tu..." rectifia Mezhelan en l'interrompant.
Soren inspira avant de reformuler avec un léger sourire : "Ça dépend ce que tu entends par là... Je pense que tu es parvenu à convaincre pas mal de monde que la magie existe bel et bien, moi le premier d'ailleurs... et les gens sur place savent désormais qu'ils n'ont aucune raison valable d'avoir peur de toi."
"Alors, cela veut dire que c'était utile." déclara Mezhelan : "Mon unique but est de mettre ma magie au service d'autrui, et de prouver qu'elle est bien réelle."
"Dans ce cas, tu devrais continuer de faire ce genre de petits miracles par où tu passes, et un jour tout le monde saura." conclut Soren : "Et moi, j'ai vraiment hâte d'être témoin de ça, je me demande à quel genre de merveilles j'assisterai encore. Je ne me suis jamais senti aussi excité par un travail qu'en ce moment ! J'ai de la chance de pouvoir t'accompagner dans ta première mission."
Mezhelan lui sourit machinalement en retour : "J'ai le sentiment que l'on va bien s'entendre... et je suis rassuré que ce soit quelqu'un comme toi qui m'accompagne."
"Arrête, tu vas me faire rougir." plaisanta Soren en lui rendant le sourire. L'impression que lui faisait Mezhelan était assez complexe. Il avait incontestablement un pouvoir bien réel qui forçait le respect, tout comme il était intimement convaincu qu'il avait bon fond. Il était facile de comprendre, rien qu'à sa manière de s'exprimer, qu'il avait grandi la tête dans les livres. Mais ce visage qui ne laissait transparaître que très peu d'émotions, si ce n'est de temps à autre un sourire presque mécanique, le mettait aussi quelque peu mal à l'aise. Parmi les jeunes hommes du même âge qu'il avait côtoyés jusqu'alors, jamais aucun ne s'était comporté de cette façon. Il était différent d'eux en tout point.
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Destins croisés
FantasyUne paix fragile, cinq élus, un jeune mage face au destin. En des moments et en des lieux différents, cinq êtres se retrouvent au centre d'une prophétie qui les lie les uns aux autres. Alors qu'ils seront impactés différemment par l'invasion d'un en...