Chapitre 25 : Nina

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Chapitre 25 : Nina

La journée qui suit ma soirée mélancolique avec Scarlett se passe plutôt rapidement et c'est tant mieux. Lorsque je sors de mon dernier cours, je soupire et me réjouis de pouvoir rentrer chez moi. Lorsque je dors chez ma meilleure amie, je ne repasse pas à mon appartement le lendemain matin avant d'aller en cours. Même quand je commence plus tard. Je fais toujours en sorte d'avoir l'essentiel de mes affaires dans mon sac comme un t-shirt de rechange ou des petits trucs à manger même si le plus souvent, ils sont fournis par mon amie.

Comme à mon habitude, je prends le bus. Je suis ravie d'échapper à vous savez qui.

Celui dont on ne doit pas prononcer le nom.

Un rire amer manque de m'échapper lorsque je me rends compte qu'il n'y a pas que les musiques qui reflètent la réalité de la vie. Même Harry Potter est facilement insérable dans mes pensées qui visent Ryan.

Je laisse mon regard dériver, imaginant des histoires grâce aux paysages qui défilent devant mes yeux et je suis littéralement bien contente de ne pas repenser à Ryan trop de fois.

Tu rigoles ? Tu y penses encore plus qu'avant !

Stupide voix qui a raison ! Je peste entre mes dents puis observe autour de moi. Ça va, personne pour assister à ma folie.

Lorsque mon arrêt se rapproche, je sonne le bouton d'arrêt et me lève. Je suis contente de rentrer mais pourtant, quelque chose me dit que je ne vais pas rester longtemps dans cette humeur. Je frissonne.

Fichu karma, même quand il ne fait rien, il m'effraie ! Je guette ses prochains coups comme je guette la peste !

Je marche quelques secondes et rejoins la résidence où se trouve notre petit appartement puis grimpe au premier étage après avoir vérifié le contenu de la boîte aux lettres pour y ramasser d'éventuelles publicités. Je me réjouis que le bus passe si près de chez moi car j'entends la pluie commencer à tomber à grosses gouttes.

L'appartement est étrangement silencieux ce soir lorsque je franchis l'entrée. D'habitude, mon père est installé devant la télé. Cette fois, le salon est vide. Le silence autour de moi me nargue et me fait comprendre que quelque chose cloche. L'atmosphère est pesante et presque étouffante. Je regarde autour de moi, tentant de desceller le moindre indice qui pourrait être à l'origine de mon malaise. Ce doit être la fatigue. Il me tarde de prendre une bonne douche chaude avant de me jeter sur mon lit et de pouvoir m'enfoncer dans mes coussins moelleux avec un soupir de contentement.

Je pose mes affaires et me déchausse brièvement, libérant mes pieds de toute contrainte. Je traverse ensuite le couloir qui mène aux chambres. Chaque pas pèse sur ma poitrine. La journée d'aujourd'hui m'a épuisée, alors j'ai hâte de me poser dans mon lit avec un livre et de ne plus sortir de ma chambre de la soirée, juste pour manger !

Lorsque je passe à côté du bureau de mon père, mon cœur me dit de m'arrêter et de rentrer dans la pièce.

Il y a vraiment quelque chose. Malgré mes efforts pour chasser cette sensation d'appréhension, une intuition sinistre persiste. J'ai beau dire à mes sens de se calmer, je ressens quelque chose.

Il y a vraiment quelque chose. QUELQUE CHOSE.

D'abord, je ne fais rien. Immobile contre le mur, je tends l'oreille pour essayer de capter le moindre son, la moindre respiration. Pourtant, je n'entends rien. Rien d'autre que le silence lui-même. Ce soir, ce silence semble me dire « Attention, Nina » et je me revois, petite, ayant ce même sentiment étrange lorsque ma mère est partie chercher mon gâteau d'anniversaire, un soir d'hiver.

L'appartement est souvent silencieux le soir. Rien d'anormal mais actuellement, mon cœur n'est vraiment pas du même avis. Des fois, il m'arrive de voir mon père errer, de faire les cent pas dans son bureau mais là, rien. Nada. Que du vide, que du silence.

Alors je passe l'encadrement de la porte et fais craquer le parquet lorsque mes pieds se posent sur le sol. J'avance encore un peu. Chaque craquement résonne comme un avertissement silencieux. Mon père a laissé les stores légèrement ouverts alors chaque ombre venant de la rue qui passe dans la chambre semble plus sombre. Malgré ces quelques rayons qui dansent sur les murs, la pièce reste enveloppée dans un voile de mystère, ses contours flous et indistincts.

D'abord, je n'ose pas allumer la lumière. J'essaie d'habituer mon regard à l'obscurité mais ne parvient pas à discerner le moindre détail.

J'avance encore prudemment dans la chambre, les mains tendues devant moi à la recherche de l'interrupteur de la lumière. Mes doigts frôlent le mur, glissant sur la surface lisse alors que j'avance à tâtons dans l'obscurité. Chaque seconde semble s'étirer à l'infini, mon cœur battant la chamade dans sa poitrine alors qu'elle lutte contre l'angoisse qui l'étreint.

Lorsque mes doigts rencontrent l'interrupteur, j'hésite un instant. Puis j'appuie avec précaution comme si c'était une chose si délicate et je retiens mon souffle alors que la lumière jaillit dans la pièce avec un éclat éblouissant. Mes paupières se plissent brusquement avant de laisser mes yeux s'habituer à la lumière. La pièce a toujours été la plus lumineuse dans la maison, agressant les yeux presque à chaque fois que l'on pénètre dedans.

Quand mes yeux se sont accoutumés à la clarté vive du bureau, l'horreur glacée me saisit de plein fouet.

D'abord, je ne réagis pas, puis tous mes sens sont en alerte. Ma respiration est saccadée, mon coeur semble vouloir s'arrêter de battre ou bien dépasser le record du monde de rapidité et mes jambes semblent vouloir me faire tomber, comme si j'étais devenue si lourdes pour elles.

Après une sensation étrange et amère, il y a un flashback. Un souvenir acide. Une pensée douloureuse.

Le destin avait frappé fort.

Je n'eus pas le temps de réfléchir à la situation. Pas le temps de réagir. Pas le temps de comprendre. Seulement le temps de le voir, devant moi, debout, paralysé par je ne sais quoi, mon père.

Il me regardait. Ou plutôt son regard allait dans ma direction. Par terre gisait son téléphone, dont l'écran s'était brisé en mille petits morceaux. J'ignorais à ce moment là que son cœur s'était brisé de la même façon dans sa poitrine.

J'ai regardé à nouveau papa. Ses yeux m'ont foudroyée. Ses pupilles d'habitude brillantes ne montraient plus aucun signe de malice. Elles me montraient un désespoir qui allait grandir avec le temps qui passerait. Le sourire qui dorénavant illuminait son visage avait disparu dans le néant, ne laissant que la tristesse dominer ses traits.

Papa s'est laissé tomber à terre tandis que je comprenais la sinistre vérité. Cette chose qu'aucun être humain et encore moins un enfant, ne veut entendre. Ces paroles qui vous marqueront au fer rouge à jamais. Ces mots qui vous feront perdre une partie de vous. Ce moment auquel malheureusement, personne n'échappera.

Maman était partie.

Partie pour toujours.

Morte.

Elle était morte et le serait toujours.

Elle était morte et je ne la reverrai jamais.

Désormais, c'est mon propre téléphone qui est tombé par terre avec le choc. Ce sont mes yeux qui sont désormais vides. Ce sont mes pupilles qui sont désormais ternes.

Mon père est par terre et son cœur ne bat plus.

Et le mien ? Il ne va pas tarder à lâcher aussi.

— PAPA !

Je me précipite sur lui en hurlant de douleur, espérant alerter le voisinage.

Espérant qu'il ne rejoigne pas maman.

— Reste avec moi !

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Does Love Need Forgiveness ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant