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ꨄ❤︎ꨄ
❣︎ 2006 :
— C'est bon, tu peux arrêter de dramatiser, ton grand frère est là. M'intima l'infirmière en revenant à son bureau.
Je soupire de manière à lui transférer toute ma peine en un souffle seulement. Comment pouvait-elle ne pas me prendre au sérieux ?
Je m'extirpe lentement des draps, me lève et prends mes affaires dans des gestes tout aussi lent. Je marche le dos courbé jusqu'à la sortie.
— Merci pour tout, madame.
Elle lève les yeux au ciel.
— Oui, oui. Tâche de nous revenir en pleine forme.
Je lui souris, mais elle s'est déjà détournée de moi pour taper quelque chose sur son ordinateur, sans doute l'heure à laquelle j'ai quitté l'infirmerie.
Je tousse légèrement tout en refermant la porte derrière moi. Je me redresse et me mets à marcher la tête haute dans le couloir.
Avant que l'on ne me jette la pierre, laissez-moi vous l'affirmer : non, je ne suis pas tout à fait en pleine forme. J'étais bel et bien malade. Je crois avoir vidé au moins deux paquets de mouchoir depuis ce matin, nous n'étions qu'en début d'après-midi. Évidemment, dans cet état, je me trouvais incapable de poursuivre la journée. Alors oui, comme tout le monde se permet toujours de douter de ma parole, je me suis permise de simuler, juste un peu promis. Cela faisait déjà une heure et demie que j'étais clouée sur le matelas de l'infirmerie.
Je m'arrête soudainement.
Au bout du couloir, juste en face de la salle des profs, je vois Seishu, droit comme un piquet hochant quelque fois la tête. Je ne pensais pas qu'il viendrait réellement.
Il y a quelques années encore, je me serais presque attendue à voir un garçon inconnu débarquer ici se faisant passer pour je ne sais quel membre de ma famille. L'administration pense d'ailleurs que nous avons une drôle et grande famille. S'ils savaient...
Je crois bien que c'est la première fois qu'il fait le déplacement, ou peut-être que je ne me souviens juste plus de la dernière qu'il l'a fait. Dire que quelque chose d'aussi banale est devenu un exploit.
Je me penche un peu juste pour apercevoir lequel de mes professeurs l'avait prit en otage. À peine eus-je distingué des cheveux roux, que je me fis la plus petite possible.
C'était la prof d'art appliqué. Ne pouvait-elle pas avoir cours comme tout le monde ?
— Je vois, excusez-moi de vous avoir retenu. Bonne journée.
Sur ces mots, la porte de la salle des profs se referma. Sans perdre une seconde, Inui se tourna vers moi et me lança un regard lourd de sens. Je force un sourire.
