Chapitre ∞ : ...

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 ⚠ NOTES : Chapitres de transition entre la première partie et la deuxième. J'y conte des moments étranges, hors du temps, presque chimérique. Ils sont tous tirés de ma vie réelle, de mon vécu à moi en tant qu'auteur, et permet de mieux comprendre l'état d'esprit ainsi que la psychologie de mon personnage principal. Ils ne sont pas accrochés directement au scénario principal, je ne fais pas forcément d'accroche temporelle par rapport aux autres chapitres. Il y a un petit preview du futur à la fin...bonne lecture! 


Il était 18 heures 30. Il faisait froid dehors. L'hiver n'était pas prêt de se finir, mais la mélancolie avait déjà atteint son paroxysme. Assis sur une place près de la vitre, je ne pouvais cependant entrevoir quoi que ce soit. Une tenace buée couvrait toute la surface transparente. Elle était glacée. 

Le retour des cours était à la fois un soulagement et une souffrance importante. Physiquement et mentalement épuisé, je crevais  de hâte de pouvoir me réfugier dans mon  lit, bien au chaud. Mais c'était aussi devoir affronter mes parents. Ils étaient sur mon dos, à toujours me parler de la prépa. Ils voulaient que j'y aille pour m'assurer un "bon avenir". Sauf que je ne me sentais pas du tout bosser comme un malade jusqu'à me tuer le mental pendant 2 ans, même une année serait trop. 

Je voulais profiter de ma jeunesse, vivre à fond une vie d'étudiant, profiter de tous les moments possibles avec mes amis, sortir faire la fête, rencontrer des gens, me balader, découvrir et explorer de nouveaux endroits, voyager et faire le tour du monde. 

Les fards des voitures mêlés aux gouttes d'eau qui passaient de l'état liquide à gazeux formaient un étrange ballet, un spectacle unique dans la pénombre de la nuit. On aurait dit des mini soleils, des espèces de ronds jaunes, rouges et blancs qui brillaient à travers le prisme de l'eau. Tout était flou, ça filait à toute vitesse, comme une course à la lumière la plus rapide. C'était comme dans un rêve, j'étais déconnecté de mon corps, de ce qui m'entourait, comme hypnotisé par ce spectacle ridiculement simple et insignifiant. 

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Je ne sais pas vraiment par quoi commencer. J'ai tellement de choses à dire, tellement de sentiments à extérioriser, tellement de souvenirs, de rêves, de cauchemars, de visions passées, présentes et futures ; que ma bouche est comme figée. Elle ne veut pas s'ouvrir, elle reste fermée. Seuls mes yeux me trahissent. Ils regardent le monde. Ils observent mon espace. Ils laissent filer le temps, vite, toujours plus vite.

Je me souviens maintenant. Je me souviens de ces moments. On me les a rappelés. Pour une raison obscure, ma mémoire les avait occultés. Puis tous mes revenus. L'île, mon chez moi, ma maison.

Je me vois allongé, somnolent, les yeux à demi ouverts. La tête tournée vers la fenêtre du salon de mes grands parents. Elle est ouverte. Les rideaux, en dentelle, fins. Ils bougent. Ils dansent. Leur amante, la brise, les fait se mouvoir au gré du vent.

Puis un rayon, presque flou, presque irréel. Mes yeux s'ouvrent brusquement, mes sens sont de nouveau en alerte.

Enfin, la réalisation. L'observation. Un ballet, un gala, une soirée dansante. Les branches des arbres dansent. Les palmiers se penchent à droite, à gauche, presque humainement. Les feuilles gigotent dans un concert presque enthousiaste. J'admire, fasciné, ce spectacle vivant. Pendant des heures et des heures, je regarde les arbres. Ils me bercent et ils me racontent une histoire, une mémoire.

Où est passée cette fascination ? Regarder le monde, s'émerveiller devant un objet, une plante, un être vivant.

On me demande souvent si je vais bien, on se demande souvent à quoi je pense, si je suis triste, en colère ou épuisé. Toutes ces questions jusque là sans réponse. Mais je sais à présent. J'ai des absences oui. Je suis peut être parfois fatigué aussi. Ou en colère, et même triste. Mais je suis surtout lunatique. J'aime me déconnecter de la réalité directe. J'aime flouter, occulter tout ce qui est autour de mon espace vital. Tout ça pour être en phase avec ce qui ne nécessite pas ma concentration, mon attention, mon énergie sociale.

La goutte d'eau qui coule le long de la vitre du bus. Les reflets rouges des phares des voitures à travers la buée. La volée d'oiseaux qui forment des cercles dans le ciel. Les arbres.

Mes géniteurs me reprochent souvent d'être tout le temps sur la Lune. C'est vrai, je le suis souvent. J'aime me perdre dans mes pensées, sortir dehors et lever la tête, voir le ciel. J'aime le ciel. Il est grand. On a l'impression de ne plus avoir de limites, de pouvoir échapper à tous nos problèmes, voler, se libérer.

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On marche tous ensemble dans le champ. Il est grand, presque infini. On y voit pas le bout. Ils sont tous là, ses amis sont là, mes amis  sont présents aussi. Il ne manque que nos parents. On est enfin arrivé. Nous sommes enfin en sécurité. On a failli y rester, la mort a failli nous emporter, mais on a tenu bon, tous ensemble. 

Au loin, des cumulonimbus forment une énorme tour de vapeur au milieu du bleu de l'atmosphère. On aurait dit un château dans le ciel, une citadelle infranchissable, où nous pourrions nous réfugier et être en sécurité à jamais. 

Mais nous étions sur terre, dans cet endroit au beau milieu du monde, et il fallait déjà s'en contenter, s'en réjouir. 

Un garçon aux cheveux blonds se tenait debout devant moi et observait la mer à droite. Ses yeux larmoyaient, mais il était soulagé, heureux. 

Il se retourna vers moi, et me sourit. Un sourire qui restera à jamais gravé dans ma tête. 


Le garçon aux cheveux dorésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant