épisode quatre

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illustration : Mark Rousseau, père d'Octavia

OCTAVIA

TW : mention d'auto-mutilation

– Alors, ta rentrée ?

Je saute de la l'avant-dernière marche des escaliers et avance vers la cuisine en haussant les épaules.

– Tes camarades de classe sont sympas ?

– Ouais.

– Ils s'appellent comment ?

– Euh... Il y a un Nathaniel et une fille du nom d'Iris je crois.

Après un silence qui aurait pu durer bien plus longtemps, mon père soupire et commente :

– T'as pas levé les yeux de tes livres, c'est ça ?

– Ouaip, je réponds en prenant la bouilloire dans l'optique de me servir un thé.

– Ton sac.

Je suspends mon geste et me tourne vers lui.

– Quoi ?

– Donne-moi ton sac.

– Sérieusement Mark ? je réplique. Tu veux fouiller mon sac maintenant ?

– Ne m'appelle pas comme ça ! s'exclame-t-il. Donne-moi ton sac, s'il-te-plait.

Je lève les yeux au ciel avant de craquer et d'aller chercher mon maudit sac. Je le jette sur le comptoir de la cuisine et ouvre le placard pour en sortir une tablette de chocolat. Il le vide devant moi, inspectant chaque objet se trouvant à l'intérieur.

Hansel et Gretel ? demande-t-il. Je doute que ce soit au programme de ton cours de latin.

N'ayant pas forcément envie de suivre certains cours, j'ai pris l'habitude d'imprimer en format PDF mes livres du moment afin de les lire discrètement en cours. J'ai visiblement oublié d'enlever ma dernière trouvaille de mon manuel.

Les contes interdits, continue-t-il en lisant le titre dans la marge. Je suppose que si je vais me renseigner, je vais découvrir une lecture totalement adaptée à une adolescente de 16 ans.

– Absolument, je confirme.

Il me lance un regard sévère en biais avant de continuer ses recherches.

– Non mais je rêve ! je m'exclame alors qu'il inspecte le contenu de ma trousse.

Mon père a toujours été considéré comme un homme séduisant (d'après mes connaissances, pour moi c'est juste une sorte de Mark Sloan bien plus ennuyant), mais l'espace d'une seconde, il semble avoir pris plusieurs années.

– C'est quoi ça ? demande-t-il en sortant un objet de ma trousse.

– Un compas, je réponds d'une voix égale. Tu sais, pour les cours de maths.

– Il me semblait qu'on était d'accord : pas d'objets tranchants à disposition.

– C'est qu'un compas et...

– Et j'ai été très clair avec la directrice : s'il y a besoin de faire ce genre d'exercices, on doit t'en prêter un en classe, me coupe-t-il. Je l'ai vu le noter dans ton dossier scolaire.

Je croise les bras, passablement énervée par sa réaction pour un simple objet de mesure.

– Relève tes manches.

– Pa' ! je proteste.

– Tout de suite !

Je lève les yeux au ciel avant d'obéir. Il me prend le poignet et inspecte mes bras sous toutes les coutures. Comme si, après mes déboires de ces derniers mois, j'étais suffisamment stupide pour faire une connerie pareille.

this is me trying || Amour SucréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant