(Pour commencer, ce texte est issu d'une rédaction de français faite à partir du livre La Nuit d'Elie Wiesel. Le livre est une autobiographie où l'auteur raconte son témoignage en temps qu'ancien déporté à Auschwitz-Birkenau (il avait 15 ans). L'objectif était d'imaginer une page de son journal intime.
Maintenant que vous avez le contexte, on peut y aller :) )
Cher journal,
Non, cela ne va pas. Je ne peux commencer cette page d'une manière aussi classique, banale, voire même gaie alors que je sais pertinemment que les prochaines lignes que je vais écrire seront dépourvues de toute joie et que même un journal, un objet inanimé, ne souhaitera en aucun cas accueillir de telles atrocités. Mais je n'ai plus personne, je suis désespéré, alors je dois me confier en libérant mes mots et mes maux sur le papier. Sur ce papier que personne d'autre que moi ne connaît, à part peut-être ma sœur, qui a subi à plusieurs reprises mes relectures à voix haute, sans savoir réellement de quoi je parlais. Elle était d'ailleurs plutôt respectueuse vis-à-vis de cela. Elle savait que je tenais un journal intime, mais elle n'a jamais cherché à découvrir plus précisément ce que je terrais à l'intérieur. C'est pourquoi elle se souvient peut-être de certaines page de ce livret que j'entretiens. Enfin, si elle se souvient encore de moi. Car nous ne sommes plus ensembles, à l'heure actuelle. Nous avons été séparés à l'entrée de ce camp, Auschwitz-Birkenau, que j'aime appeler « l'enfer déguisé » de par sa capacité à nous faire croire que « le travail libère » mais qu'en réalité, toute personne venant en ce lieu, tôt ou tard, sera consumée dans les flammes de cet enfer. Je parle beaucoup de choses insignifiantes, sans réellement m'attarder sur moi, finalement.
De mon côté, je suis terriblement dévoré par la tristesse et le manque de ma sœur et de ma mère, à qui j'ai aussi été séparé. Si je pouvais revenir en arrière, pour retrouver ma joie passée, mon insouciance et pour que mes proches me reviennent, je le ferais. Si j'avais été en mesure de les protéger, de nous protéger, nous n'en serions pas là. Au fond de moi, je prie de tout mon cœur pour que ma sœur et ma mère soient saines et sauves, qu'elles supportent le travail, qu'elles ne soient pas déjà parties, que leur vie n'a pas encore été dérobée par ces monstres qui se disent supérieurs. A leur égard, je ne ressens qu'une chose : de la haine. Une haine aveuglante, qui me fait perdre la raison. Si j'avais un officier S.S devant moi, si... Je pourrais refaire le monde avec des si. Seulement, il est ainsi. Je dois aller de l'avant. Mais comment aller de l'avant lorsque tout semble perdu ? Comment aller de l'avant alors que je n'ai que mon pauvre papier humidifié par mes larmes pour me soutenir ? Comment aller de l'avant alors que la seule chose qui me fait me lever le matin, c'est l'obligation ? Tous les jours, j'aimerais continuer à dormir. Oublier cette affreuse réalité. Mais je ne peux pas. Alors, chaque matin, je remets mon cerveau à zéro, oublie la veille pour me faire croire que la journée est nouvelle, alors que je me retrouve face à la même rengaine, tout le temps.
Le lever est toujours très dur, j'ouvre à peine mes paupières qu'elles se referment déjà, comme si elles ne voulaient plus voir le monde qui m'entoure. Je sors de ce qui me sert de lit, à contrecoeur et me dirige vers « la salle de bain » commune. C'est une salle presque primitive, avec pour seul moyen de se laver, un robinet et un évier. Pour couronner le tout, nous avons le droit à un miroir au-dessus de ce même évier, comme pour nous rappeler à quel point le travail nous rend hideux et nous éloigne un peu plus chaque jour de nous-même. Après avoir constaté que je ne me ressemble plus, je pince mes joues pour les rendre plus roses. Qui sait ce qu'il m'arrivera si je n'ai plus l'air d'un jeune homme solide ? Je prétends l'ignorer, mais au fond, c'est évident, chaque jour, certains de mes « camarades » sont sollicités pour un « entretien » mais ne reviennent plus jamais. Comme diraient nos tortionnaires, ils ont été « épouillés » et « ont pris une douche ». On sait tous ce que ce sont : des balivernes. On sait tous où ils ont été amenés et, j'y reviens, qu'ils ont brûlé dans les flammes de cet enfer que l'on appelle plus communément : Auschwitz-Birkenau. Enfin, après m'avoir « remis en forme » je me dirige vers la place de l'appel, la destination finale de certains. Après que ce moment, toujours crispant pour chacun d'entre nous, s'achève, je m'attèle à mon travail, qui se voit être très souvent le même : creuser des fosses. Les fosses où sont entérrés ceux qui « ont pris une douche ». Ce travail pénible et la source de l'anéantissement du moral de tous dure jusqu'à la fin de la journée, quand cette magnifique étoile, le soleil, semble toucher la frontière entre la terre et le ciel. Comme beaucoup de détenus, je me demande si mes proches voient aussi ce spectacle qui est capable de nous redonner le baume au cœur l'espace de quelques instants. Au moins, le soleil, lui, n'a pas à subir cette souffrance que nous endurons. Il est au-dessus de tout, de notre point de vue. C'est la seule chose qui me fait presque apprécier la soirée, car les repas ne sont pas du tout agréables, ni à regarder, ni en bouche. Je ne saurais même pas décrire ce que je mange chaque jour, à part le sentiment que je ressens à chaque bouchée : le dégoût. Enfin, après tout ce dur labeur, je reviens dans cette prison qui me sers de chambre, me couche aussitôt, ferme les yeux et mon esprit sème ma dernière pensée de la journée, un rêve, où je prie pour un avenir meilleur.
(Je suis extrêmement fan de ce texte- )
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De simples mots
Historia CortaIci, vous trouverez des One Shot en tous genre, plus ou moins longs selon mon inspiration et ce que je veux transmettre. Je ne sais pas quoi ajouter de plus, j'espère qu'au moins un texte plaira à quelqu'un-