Forgotten Memory

XXI

Alban

Aujourd'hui, je n'avais absolument pas envie de m'aventurer dehors. C'est donc au bon moment que Faith a succombé à la maladie. Ma tâche se résume à veiller sur elle, une corvée qui, je dois l'admettre, me convient parfaitement. Cependant, son état m'inquiète. Ses joues sont empourprées, elle dort depuis des heures. Les autres se sont éclipsés, et je me suis porté volontaire pour veiller sur Faith.

Installé sur le bord de l'autre lit, je la contemple alors qu'elle dort profondément. L'idée de m'abandonner au sommeil me traverse l'esprit, mais j'y résiste. La regarder, c'est vraiment apaisant.

Mais une tentation grandissante émerge en moi, celle de saisir son carnet à portée de main. Je me connais trop bien pour savoir que je ne vais pas résister à la curiosité qui m'envahit. Elle dort, totalement inconsciente de ce que je pourrais faire, c'est le moment idéal.

Ma main glisse délicatement vers la table de chevet, saisissant le carnet avec précaution. À l'ouverture, une appréhension me traverse, une crainte de trahir sa confiance. Cependant, mon désir de la comprendre l'emporte.

Cher journal,

Aujourd'hui, j'ai fêté mes 13 ans, mais cette journée n'a pas du tout été comme je l'espérais. Mon père a été en colère et m'a tapée pour une raison que je ne comprends même pas. Depuis que ma mère et mon frère sont partis, la vie avec mon père est devenue très difficile. Les rires et la chaleur qui existaient avant dans notre maison semblent avoir disparus avec leur départ.

Je me sens souvent seule et perdue, j'essaye de comprendre comment tout a pu changer si rapidement. Les disputes entre mon père et moi se multiplient, tout est tendu et ça fait une atmosphère pesante qui rend chaque journée encore plus pénible. Je rêve du temps où nous étions une famille heureuse, avant que la tragédie ne vienne.

À bientôt, cher journal.

Faith a probablement reçu ce carnet le jour de son anniversaire. Je tourne la page.

Cher journal,

Aujourd'hui, je ressens le besoin de déposer mes pensées ici, car les choses deviennent de plus en plus difficiles. Je pensais que l'adolescence allait être une période de découvertes et d'amitiés, mais malheureusement, ça ressemble plus à un cauchemar.

L'harcèlement est devenu une ombre constante qui assombrit mes journées. Les moqueries et les regards me poursuivent comme des fantômes, me faisant me sentir insignifiante et seule. Parfois, je me demande pourquoi je suis devenue la cible de tant de cruauté.

Les couloirs de l'école sont devenus un terrain de chasse où chaque pas est un défi, chaque regard une épreuve. J'aimerais pouvoir m'échapper de cette réalité, trouver un refuge où je ne me sentirais pas jugée en permanence.

C'est difficile d'en parler à quelqu'un, car la peur du jugement me retient. Cher journal, tu es mon confident silencieux, celui qui ne me jugera jamais. Je garde l'espoir que les choses s'amélioreront, que la lumière percera cette obscurité qui semble m'envelopper.

À bientôt, cher journal.

Il paraît qu'elle a subi un harcèlement avant le lycée. Je tourne les pages, découvrant des dessins, des poèmes et des pages de plus en plus poétiques.

Mais ce qui attire véritablement mon attention est la Faith d'aujourd'hui. Je parcours les pages jusqu'à ce que je tombe sur une me mentionnant.

Mon père a tué les parents de Monsieur Johnson.

Ces quelques mots trônent au milieu de la page, presque immaculée. La révélation de mon identité semble avoir été une véritable secousse pour elle, bien que le moment précis de cette prise de conscience demeure inconnu.