17. point final

961 55 118
                                    

Lando a le sommeil vraiment lourd. Ses paupières sont closes depuis qu'il s'est affalé à côté de moi la nuit dernière. Parfaitement détendu, il a à peine bougé, alors que je n'ai pas pu fermer l'œil. Mon cerveau a tourné à plein régime. Je n'arrive pas à croire que j'ai couché avec lui. Trois fois. Ce n'est pas qu'il ne me plait pas - au contraire - c'est juste que ça ne me ressemble pas de me précipiter dans les bras d'un homme pour en oublier un autre. Je me suis abaissée au niveau de Max et ça, c'est un peu difficile à accepter. C'est comme s'il m'avait corrompue. Baiser avec le meilleur ami du mec qui m'a blessée... qui fait ça?

J'aimerais que Lando se réveille pour pouvoir en parler à quelqu'un, mais il est neuf heures et il n'a pas encore émergé. Je décide donc de prendre les devants. Je le saisis par le bras et le secoue juste assez pour qu'il ouvre enfin ses yeux vers le plafond de la chambre. Ces yeux... ils me rendent folles. Ils sont si verts, si brillants et si profonds. Lando grogne et remue. Quand il se souvient de ma présence, il rampe vers moi et me serre dans ses bras. La chaleur de son corps encore endormi me réconforte. Ensevelie par le duvet, je me niche contre lui, mon visage caché contre son torse. Sa voix est rocailleuse:

- Bien dormi?

- Pas vraiment...

Le corps de Lando se raidit. Je l'entends soupirer et se frotter les yeux. Je n'ose pas le regarder, car je sais que je vais inévitablement tout gâcher. Je précise dans un souffle:

- C'est le bordel dans ma tête...

- Tu regrettes?

- Non. Je n'irais pas jusque-là.

- Mais tu te poses beaucoup de questions.

- C'est ça...

Lando resserre ses bras autour de moi. Il dépose un bisou sur mon front avant de chuchoter:

- Prends le temps qu'il te faut.

Je quitte son appartement peu après et pour mon plus grand bonheur, je ne croise personne dans le lobby de l'immeuble. Pas même Luc. J'enfourche mon vélo et décampe. Ma tête est pleine. Elle est remplie de doutes et d'interrogations. Maintenant que je suis seule, la douleur de la blessure infligée par Max remonte. C'est comme de souffrir d'une hémorragie interne. Rien ne laisse penser que je suis abîmée quand je file à travers les rues de la Principauté, mais au fond de moi, je saigne. Mon cœur est balafré. Il bat difficilement et lentement. Je m'arrête à une intersection pour mettre mes écouteurs et lancer une playlist, une tentative désespérée de me vider l'esprit.

Le monde est à nous, le monde est à toi et moi.
Mais peut-être que sans moi le monde sera à toi
et peut-être qu'avec lui le monde sera à vous,
et c'est peut-être mieux ainsi...

Vous connaissez certainement ce sentiment. On écoute de la musique et chaque parole prend tout son sens. Comme si elles avaient été écrites juste pour nous accompagner. Je pédale mollement en ravalant mes larmes.

Je suis jeune, m'en fous d'l'avenir, de c'que notre relation va devenir
Mais pour lui c'n'est pas le cas, il a déjà un taf, il fait le mec mature
Mais tu sais qu'au lit, plus que lui j'assure
Rappelle-toi quand t'avais des courbatures, j't'avais bien niqué ta race.

Max n'a certainement jamais entendu parler de Damso, mais il pourrait parfaitement tenir ces propos. Lui aussi s'en fout de l'avenir et de ce que notre relation va devenir. Pas besoin de parler de ce qu'il sait faire dans un lit. Il est inégalable dans ce domaine. C'est Gabriel qui m'a fait écouter le rappeur quand je suis arrivée à Monaco. Je le passais en boucle pour améliorer mon français et à force, je me suis mise à l'apprécier. La chanson parle d'un homme - un salaud - qui convoite la femme d'un autre, mais puisqu'il a de la peine à s'engager, elle le quitte. Il se venge en la rappelant et la laisse tomber. Ok. Ce n'est pas tout à fait ce que je vis aujourd'hui avec Max et Lando, mais ça évoque une histoire qui lie trois personnes et ça, c'est assez pour que m'y identifie.

Careful what you wish for // Max Verstappen - Lando NorrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant