Prologue 1/2

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« Tu ne seras jamais à la hauteur du Cercle, tu n'y parviendras pas... tu n'as qu'un seul joker pour ne pas réussir. À la seconde, si l'excellence n'est pas atteinte ta place n'est pas entre nos murs. Oublie qui tu étais avant, car le Cercle n'accueille pas des âmes creuses. »

Six mois s'étaient écoulés. Et malgré toute attente, je passais une fois de plus les portes du Lycée pour un nouveau semestre. Les paroles du directeur résonnaient dans mon esprit — et un sourire au coin apparut sur mon visage. J'étais impatiente de le croiser une nouvelle fois, étant la meilleure de ma promotion.

Me sous-estimer signifiait la déception.

Les couloirs nombreux qui s'entrecroisaient parsemaient une surface bien trop grande pour une école qui avait décidé d'être construite sur un unique étage aux nombreuses baies vitrées. Une structure en damier d'après la pensée architecturale d'Alexandre le Grand. Il m'avait fallu plus d'une semaine pour m'y retrouver et cesser de suivre les panneaux indicateurs. Et pourtant moins que certaines personnes qui n'avaient pas de cervelle.

Je m'arrêtai face à ma nouvelle salle, vérifiant les lettres d'or sur cette aile nord du bâtiment réservée aux premières années. Nouvelle classe, nouveaux étudiants — un seul avait été exclu dès décembre à cause de résultats médiocres. Je m'appuyai contre le mur beige, entre deux rangées de casiers d'un blanc étincelant au métal doré, les bras croisés sur mon blazer noir.

Si seulement le directeur pouvait passer à cet instant, réaliser que j'étais encore dans la course. Et que ses menaces ne m'avaient que rendue plus forte, plus déterminée à rester dans ce Lycée pour les quatre années à venir. Ce serait si plaisant de voir son visage...

— Irène n'est pas encore là ? questionna une voix grave à mes côtés et je me tournai vers Adiila.

Elle remonta ses lunettes de soleil qu'elle posa sur son hijab, se fondant dans les plis gracieux et élégants d'un tissu soyeux. Ce qui était après tout exigé au sein de notre établissement.

Je ne fis que secouer la tête, observant le couloir aux nombreux adolescents qui se mêlaient entre eux, parcourant l'immense surface à la recherche de leur classe — ou des bureaux de la direction. La tension régnait sur les couloirs, accompagnée de l'angoisse.

Franchir le seuil à la rentrée ne signifiait pas y rester pour un semestre de plus.

— Tu as reçu ton rendez-vous ? questionnai-je Adiila à mes côtés qui jeta un regard sur son téléphone avant de le glisser dans sa poche.

Son visage était inquiet, et ses lèvres pincées me confirmèrent sa réponse : les zones floues dans notre monde étaient les moins désirées. Mon cœur se serra à son tour.

— Non, mais ils n'apprécient pas que j'ouvre une chaîne pour dire ce que j'ai appris du monde entrepreneurial. Bon, ma mère me l'a bien dit : Le Cercle apprécie peu les étudiants qui ne pensent pas à continuer des études, et s'accommodent de l'année préparatoire.

Un classique. L'organisation internationale académique était aussi fermée que l'île en méditerranée où j'avais passé ma secondaire. Ils devaient pourtant comprendre que la majorité n'était que de passage, et refusaient certaines écoles privées au milieu des Alpes, se rabattant sur Genève.

Ma main se posa sur ma hanche, jetant une œillade de plus au fond du couloir. La rouquine n'était toujours pas là, et je m'inquiétais. C'était normal, la connaissance, mais mauvais signe. Nous avions l'espoir qu'elle nous apparaisse plus tôt, pas que les minutes s'écoulent sans nouvelles.

— Tu as pu recevoir une réponse pour ton argumentation, Electra ? continua-t-elle, me détachant de mon inquiétude.

Pourtant, je ne répondis mot, trop nerveuse pour Irène avec qui je m'étais liée d'amitié depuis enfant, avant mon départ en Grèce. Une si longue amitié signifiait connaître par cœur les défauts — et les retards d'une convocation administrative. Elle devait changer.

Model of VendettaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant