Cuir et Dentelle

CHAPITRE 5: Tes yeux, ils ont vieillis

Nano:

Ça faisait à peu près un quart d'heure qu'on roulait. J'avais décidé de ne pas dépasser les 60 Km/h.
Hors de question qu'un incident comme tout à l'heure se reproduise.
Ça faisait à peine trois heures que j'étais sorti de taule et il s'était déjà passé quelque chose.

Heureusement que ce n'était qu'un petit incident sans gravité. Je dois avouer que je m'en veux d'avoir perdu le controle avec cette gamine.
Je n'aurai jamais dû lui faire mal, c'était vraiment dégueulasse de ma part.

Seulement quatre ans passées dans une cage, ça laisse des traces.
Depuis que je suis assé grand pour marcher, on m'a appris que la seule chose qu'un homme ne doit jamais perdre c'est son respect.
La rue me l'a apprise très tot mais la prison en a fait mon mode de vie.
C'est pour ça que j'ai vu rouge quand elle s'est permise de m'insulter.

-Alors, ça va? Tu es calmé là? demanda Jimmy en me lançant un regard scruptateur.
-Ouais ça va. Pourquoi? Je n'en ai pas l'air? répondis-je d'un ton faussement étonné.
-Eh bien, parce que tout à l'heure j'ai vu le Nano des mauvais jours, dit-il en coupant le son de la musique.

Le Nano des mauvais jours... C'était la partie de moi qui m'avait toujours attirée des ennuis. Mon caractère irascible est sans doute mon pire défaut.

-Écoutes Nano, je vais te dire les choses sans tourner autour du pot, d'accord? me dit Jimmy sur un ton on ne peut plus sérieux.
-Je sais très bien que j'ai merdé avec cette petite, inutile de me prendre la tête avec ça, dis-je en fixant la route.
-C'est bien que tu le saches mais ce n'est pas de ça que j'allais te parler mais plutot de ce que tu comptes faire de ta vie à présent, conclua-t-il.
-Ça c'est la question à un million de dollars, répondis-je d'un ton sarcastique.

C'est vrai que sa question m'avait agacé mais pas forcément pour les raisons auquelles on pourrait penser.
Lors de ma dernière année d'incarcération, je m'étais promis de rentrer dans les rangs et me tenir loin de cette vie pourrie de tranficant.
Je l'avais même promis à Ariadna dans la dernière lettre que je lui ai écrite il y a six semaines.

Seulement comment on peut revenir sur le droit chemin quand on s'apprète à faire couler le sang?
Il est hors de question que je laisse le meurtrier de Marissa vivre sa petite vie tranquillement alors qu'il lui a arraché la sienne.

-Et donc? Tu comptes faire quoi maintenant que tu es libre? insista-t-il.
-N'oublies pas que je dois un paquet de fric à Cortez. Donc, dans un premier temps, je vais m'acquitter de cette dette, répondis-je.

Un téléphone se mit à sonner
-Ari commence à s'impatienter on dirait, dit Jimmy en me montrant l'écran de son téléphone avec le nom de ma soeur affiché en grand.
Je ne puis m'empêcher de sourire, Ariadna était une vraie sanguine, on avait ça en commun.
-Moi aussi je suis impatient de la revoir, plus que cinq minutes à tenir, dis-je en souriant.

-J'imagine déjà les retrouvaïlles! Hurlements, larmoiements et tout le tralala. D'ailleurs je te pari qu'à la seconde où elle te verra, je n'existerai plus pour elle, dit-il en me secouant l'épaule.
-Fais pas ton jaloux va!
Ma soeur et moi avons toujours fusionels et ces quatre ans éloignés l'un de l'autre avaient été une véritable torture pour moi.

Alors que nous arrivions dans la ruelle où se trouvait la maison d'Ariadna, je fis envahit d'un profond sentiment de nostalgie.
Nous étions environ à dix mètres de la maison quand je vis ma soeur, vetue d'une longue robe blanche, courrir à toute vitesse vers nous.
Instinctivement je freina, je sortis de la voiture et je me mis à courrir vers elle.
Elle bondit dans mes bras et je la souleva de toutes mes forces.