Faith
Nous sommes peu nombreux à avoir choisi d'aider au début de la décoration. Même Monsieur Johnson est parti avec les autres élèves.
Demain sera notre dernier jour à Paris, nous devrons préparer nos bagages et ranger tout en ordre. Les professeurs ont donc décidé d'organiser une "soirée" ce soir. La plupart des élèves ont accompagné Monsieur Johnson et Madame Miller pour acheter de la nourriture. Pour ma part, avec Monsieur Hudson et quelques autres élèves, nous sommes restés ici pour participer à la décoration. Nous n'avons qu'à accrocher des ballons et à dresser la table à l'intérieur et à l'extérieur de la maison. Je ne sais pas en quoi cette soirée va consister, sans alcool ni même autre chose.
Les autres doivent être impatients, mais personnellement, ça ne m'enthousiasme pas du tout. Ma soirée se passera sans doute dans ma chambre, c'est ce que je pressens.
Nous n'attendons que quelques minutes avant que les autres n'arrivent. J'apporte mon aide à la préparation avant de remonter à l'étage pour regagner ma chambre.
Il est déjà dix-sept heures, et le ciel commence à s'obscurcir. Molly, Evelyn et Ezra font leur entrée dans la chambre pour se vêtir de leur robe. Sachant qu'une soirée était prévue, toutes les filles ont choisi de jolies tenues, même moi, au cas où. Mais bon, je n'ai pas l'intention de l'enfiler.
— Tu ne viens pas, Faith ? me demande Molly en s'apprêtant à quitter la chambre.
Evelyn et Ezra lui lancent un regard qui signifie : qu'est-ce que tu fous à lui parler ?
— Non, réponds-je.
— Tant pis.
Elles claquent la porte derrière elles, et je saisis mon carnet. Il m'est difficile de dire si tous les êtres humains partagent ce sentiment, mais malgré le poids que représentait l'idée que Monsieur Johnson feuillette ces pages, je ressens un soulagement, je suis même contente qu'il les ait lues. Peut-être suis-je simplement étrange, enfin, oui, forcément. À force d'entendre répéter les mêmes choses, on finit par y croire, c'est normal, je suppose.
La musique se fait déjà entendre en bas, et je parcours à nouveau les pages de mon carnet, analysant chaque mot. Certains me gênent, d'autres me rendent nostalgique. Ça fait quatre ans que ce carnet m'a été offert, et ça m'étonne qu'il ne soit toujours pas finit. Mille pages, c'est quand même énorme. C'était un cadeau de mon père à mes treize ans. La seule chose que j'arrive à apprécier chez lui c'est que je sais que si nous avions l'occasion de parler, il me comprendrait. Rêver c'est bien, mais il y a des limite. Je n'aurai jamais l'occasion de parler à mon père comme d'une adolescente à son papa.
Des coups à ma porte interrompent mes pensées.
— Entre, articulé-je en essayant d'hausser le ton de ma voix.
La poignée s'abaisse, dévoilant la silhouette de Monsieur Johnson.
— Pardon, entrez, m'excuse-je.
Rares sont les fois où je le vois sans ses costumes et sa cravate. Ça peut sembler rare pour moi, mais probablement une première pour les autres élèves. Normalement, je suis la seule à le voir vêtu autrement que de ses habits quotidiens au lycée. Aujourd'hui, il porte un jean bleu foncé assez ample, un t-shirt blanc, et une veste en cuir noir. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais cette idée ne me plaît pas du tout: l'idée que les autres élèves voient "Alban" et pas "Monsieur Johnson".
— Un problème ? me questionne-t-il, désolé de venir comme ça, sans prévenir.
— Non, aucun problème, tenté-je de le rassurer en souriant.
VOUS LISEZ
Forgotten Memory
RomanceDans le quotidien de Faith Davis, la solitude est une compagne constante, une ombre qui la suit où qu'elle aille. Elle serait prête à tout pour être aimée par les autres, mais semble toujours échapper à leur affection. Pour Alban Johnson, ce sont le...