37- Verdict

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-Heidna, réveille toi...
La voix douce de Kays me fit revenir à moi alors que je m'étais endormie sur le tapis à côté de la jeune servante entre la vie et la mort.
J'avais retourné dans tous les sens les derniers mots de Ascian, cherchant à placer correctement cette nouvelle pièce du puzzle, mais plus j'y pensais plus je ne voyais que des problèmes arriver. Déjà que j'étais étroitement surveillée, maintenant j'allais être probablement traquée...
De plus, je ne souhaitais plus me cacher derrière Ascian, après ces derniers jours et surtout la soirée dernière, j'avais fini par avoir un déclic. Il n'avait jamais été fait pour moi, je m'étais juste faite emportée par cette obsession malsaine pour mon tortionnaire.
J'étais juste naïve, pas assez mature pour comprendre que le réel amour n'était certainement pas de faire souffrir l'autre mais plutôt de tout faire pour lui éviter de perdre son sourire.
Il ne faut pas souffrir pour être aimé ni souffrir par amour.

J'ai mis du temps avant de m'adapter à ce sentiment léger, imperceptible qui s'installait avec douceur dans mon être, qui apportait cette lumière dans mon cœur noircit. J'ai mis du temps avant de comprendre que ce sentiment léger qui prenait du terrain, n'était pas moins fort que ce que je ressentais avec Ascian.
Je dirais même que ce que je ressentais pour Kays était bien plus fort car ça ne faiblissait jamais, ce qu'il me faisait ressentir s'épanouissait lentement en moi et ne faisait que grandir.
Silencieusement, sans crier gare, il avait  fait de moi sienne et j'avais fait de lui, miens.

La douceur de son âme avait apaisé la mienne et c'est ça l'amour. La paix continuelle de notre être au contact de notre moitié.

Ses beaux yeux bleus semblaient éperdument inquiets alors qu'il me fixait agenouillé à mes côtés.

Se fut la lumière éblouissante qui me frappa en second, je compris qu'il devait être tard dans la matinée et je portais en hâte mon regard sur le canapé.
Mais seul une tâche de sang sur un coussin m'éblouit par sa présence.
Je portais de nouveau mon regard sur Kays, jusqu'à ce que ma vision se trouble et que je sente les larmes couler sur ma peau à vif par la sécheresse de cette pièce.

- oooh non, ma douce, ne pleure pas.
Murmura t'il en me prenant dans ses bras avec tant d'empathie et de force que j'en venais à redoubler l'intensité de mes pleurs.

- Elle n'est pas morte et elle est partie avec Ascian plus tôt dans la matinée. Il va s'occuper d'elle ne t'en fais pas.

Ses paroles me rassurèrent partiellement, me dire qu'elle était avec Ascian n'était pas la pensée la plus apaisante mais au moins elle était toujours parmi nous.
Cependant j'étais toujours épuisée, non pas physiquement mais psychologiquement, alors je me laissais bercer par les battements du coeur de Kays que je pouvais dorénavant entendre à la perfection comme un tempo apaisant qui rythmait mon souffle, jusqu'à ce que je sois capable de respirer sans me sentir écrasée par la pression dans ma cage thoracique.

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PDV de Ascian

- Relève toi!
Criais-je face à cette servante sur qui je devais désormais veiller.

Ses yeux bruns me fixèrent avec une telle intensité, entre ses longs cils noirs, que je me demandais comment autant de haine pouvait être contenue dans de simples prunelles.
Pendant un instant, la voir à moitié allongée devant la porte de la propriété de Kays, me rappela la façon dont j'avais délaissé la mère d'Heidna alors qu'elle était enceinte de la personne que je considérais le plus à cette époque.
La façon dont la jeune femme à mes pieds plongeait son regard dans le mien, avec cette même lueur de dégoût et d'espoir me rappella les yeux ténébreux de cet amour que j'ai jadis abandonné par rancoeur sans aucune pitié.

À la seule différence que cette jeune servante venait de se redresser à la vitesse de la lumière avant de se jeter sur moi, nous faisant valser dans les escaliers, entamant une chute qui prit fin en bas des marches de la demeure.
Nous venions à peine de tomber dans la neige immaculée, qu'elle se jetta à nouveau sur moi, posant ses cuisses de chaque côté de mon corps et plaçant ses mains autour de mon cou avec une force surprenante.
Je ne pu m'empêcher de laisser m'échapper un rire franc.

La Protégée du Vampire. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant