Journal sans titre.

Jeudi 5 janvier

Spoiler alerte : le cours de macramé c'était vraiment naze. C'est mon amie Justine qui m'y a traîné de force.

─ Tu verras c'est vraiment bon enfant. Ça va vachement développer ta créativité. Ça te fera pas de mal.

─ Il y a des mecs ?

─T'es vraiment chiante Margaux, on dirait qu'il y a que ça qui compte dans la vie. Sérieux. Au vingt et unième siècle, une femme, ça se débrouille sans homme. Cinquante ans qu'on se bat pour les droits de la femme. Et toi tu passes ton temps à ruiner nos efforts. C'est franchement déprimant.

Elle est bien gentille Justine. Elle peut les défendre les droits de la femme indépendante. Ça va faire dix ans qu'elle est macquée à son copain. Mario, un pompier professionnel. Du genre sexy, gentil et fidèle. De ceux qu'on trouve uniquement déjà casé... Et croyez-moi, si en CE2 je n'avais pas échangé mes CD de Lorie avec Justine, ça fait bien longtemps que j'aurais foutu le feu à mon appartement.

─ Je rigole Justine, je rigole.

Tellement peu.

─ Alors tu viendras ?

─Si tu insistes...

Le cours se déroulait dans une pièce exigüe, avec une douzaine de chaises placé en cercle.

─ T'es sûre que c'est pas plutôt les alcooliques anonymes ici ?

─ Chhhhhhhut ! Tais toi, tu me fous la honte ! je t'emmènerai plus jamais à mes clubs, si tu continues! M'a soufflé Justine en me pinçant violemment le bras.

Pitié oui.

Très vite la pièce s'est remplie de dames plus proches de la fin que du début, mais qui avait l'air, je le reconnais, très sympathiques. Nous faisions tout de même dangereusement baisser la moyenne d'âge. Puis, l'une d'elles nous a distribué des cordes torsadées avant de nous montrer comment les nouer pour obtenir une tenture je cite « dont la conception aura démêlé les nœuds de votre âme ».

─ C'est qui ta jolie copine ? a gentiment demandé une femme aux cheveux argenté à Justine, en me souriant avec plus de bienveillance que si elle était la réincarnation de la sainte Marie.

─ C'est mon amie Margaux. J'essaye de la sortir, elle est un peu seule en ce moment.

─ Un peu seule ?

─ Oui, Jacqueline. Un peu seule. Elle trouve pas de mec quoi.

Merci Justine.

─ Ah bon ? Comment ça se fait ?

Voilà donc comment je me suis retrouvée coincée entre dix femmes ménopausées depuis la guerre de Corée, en train d'essayer d'expliquer comment Une-Charmante-Fille-Comme-Moi, se retrouvait à passer des nuits blanches à swipper comme une dératée sur tinder, pour tenter de trouver un mâle décent, acceptant de passer plus d'une soirée en sacompagnie. Pardon Simone. Je serai féministe demain. Bref, j'ai dit à Justine que je ne reviendrai pas.

Mais bon pas grave, très prochainement, elle m'emmène à son cours de poterie. Si je suis honnête et ambitieuse, Justine est persévérante.

_____________________________________