Chapitre 6

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  Assise au siège passager de la voiture d'Arthur, je n'ai toujours pas décoléré depuis que nous avons quitté l'école. Il a absolument tenue à ce que je monte avec lui et sa fille, au lieu que je reprenne ma voiture.

Je n'en reviens pas de la cruauté de cette maîtresse. Je croyais qu'on prônait la bienveillance pour les enfants aujourd'hui, mais c'est une hérésie. Les gens perdent leur patience ou n'en ont aucune, ils travaillent avec les enfants en détestant les enfants et par conséquent, n'y connaissent rien. C'est aberrant. Vous viendrait-il à l'esprit de devenir scientifique sans faire des études scientifiques ? Où de devenir écrivain sans apprendre à écrire ?

Là c'est la même chose, les personnes compétentes doivent être formées pour travailler avec les enfants, il est clair que les méthodes de cette Madame Maurrin sont obsolètes, et ça n'a l'air de déranger personne.

-Mary se mue dans le silence lorsqu'elle est frustrée ou fatiguée, m'informe l'imposant père de famille à mes côtés. J'ai la nette impression que vous avez ce point en commun toutes les deux.

Je tourne ma tête vers lui depuis la première fois que nous sommes montés dans cette voiture, et le fusille du regard, même si je suis toujours happée par sa prestance naturelle et enchanteresse. Je me secoue la tête et ferme les yeux.

-Non, je réussi à lui répondre alors que je tend ma jambe gauche pour tenter de soulager un peut ma hanche.

Je n'habite qu'à cinq petites minutes des écoles, la voiture est donc une aubaine pour moi en ce moment. Mais cela fait déjà plus de dix minutes que nous roulons et les nids de poules sur la route n'ont aucun scrupule pour moi, même si je remarque qu'Arthur essaie en vain de les éviter, en jetant de tant à autre un œil furtif vers moi.

-Non ? Me demande-t-il espiègle. C'est tout ce que tu as à dire pour ta défense ?
-C'est pas juste, Mary ne devrait pas avoir à subir tant de mépris et d'incompréhensions. Elle est si petite. Les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, pourquoi vouloir à tout pris les mettre dans un moule, les modeler et imposer que ce soit à eux de s'adapter à la société. Alors que cela devrait être à la société de s'adapter aux enfants. Et c'est encore plus vrai pour les enfants HPI, TDAH ou encore avec le trouble du spectre autistique, il y a tant d'autres troubles encore. Des milliers d'enfants que le monde fait souffrir en silence et en toute impunité.

J'entend Arthur soupirer à mes côtés, et il sert si fort le volant que les jointures de ses immenses mains deviennent blanches. Je me doute bien qu'il est le premier à en avoir conscience, qu'il y a été s'y durement confronté sans y être préparé, et la mort prématuré de la mère de Mary n'a pas dû aidé. Je me demande qu'elle genre de vie ils menaient tous les trois.

-Tu as l'air de savoir de quoi tu parles, me souffle simplement Arthur, le regard concentré sur la route, alors que nous empruntons un petit chemin cahoteux. Il jette un regard dans ma direction alors que je grimace. Je me soulève légèrement pour éviter les coups de cette mauvaise route.

-Mon frère et ma sœur ont toujours été parfait, je lui avoue. Ils étaient tous les deux excellents à l'école, ils obéissaient au doigt et à l'œil, aucune incartade. Ils ont fait de grandes et longues études, les enfants prodiges de la famille. Ma soeur Agathe, est devenue avocate en droit des familles, et bien-sûr, comme elle n'était déjà pas assez parfaite, elle a combiné études supérieures et vie familiale, à vingt-cinq ans elle était déjà mariée avec trois gosses. Mon frère Adam, lui il est médecin avec cinq enfants. J'ai onze ans d'écart avec lui et treize avec ma sœur.
-Et toi tu es le parfait opposé ? Me demande-t-il avec un grand sourire. Tu étais une enfant pleine de vie, qui rentrait chez elle pleine de boue, qui faisait des bêtises, qui aimait s'amuser ?
-Ma mère s'arrachait les cheveux, je ris pour lui répondre. J'aimais tous ce que mes parents détestaient. Je voulais chanter, danser, dessiner. De tout faire et ne rien faire à la fois. Je voulais juste que ce soit moi qui décide pour moi, et non les autres. Quand je suis devenue adolescente c'est devenu encore pire. Mon frère et ma sœur me surnommaient la rebelle. Oui, ce n'est pas très original. Ma mère voulait faire de moi une personne que je n'étais pas. Je devais être polis, ne pas dire de gros mots, pas d'excès de colère, ni de tristesse, c'était que du paraître. Il fallait mentir en permanence pour ne pas nourrir les "on-dit", pour ne pas faire honte, pour être parfait aux yeux de tous. Je n'ai pas fais d'études, mes parents voulaient que je sois expert comptable alors que j'ai toujours été nul en mathématiques. J'avais cela en horreur et le fait que ma mère veuille autant contrôler ma vie était un calvaire. Mais comment lui en vouloir, elle a été parfaitement moulé par la société, elle est ce que la société veut d'elle. Moi, je ne l'accepte pas. J'ai toujours fait ce que j'ai voulu faire, au grand dame de ma famille.
-D'où l'ultimatum de ta mère pour travailler dans ce cabinet d'expert comptabilité  ?
-Exactement.

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